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La fonction du rire dans Gargantua de Rabelais

Dissertation : La fonction du rire dans Gargantua de Rabelais. Recherche parmi 302 000+ dissertations

Par   •  26 Mai 2025  •  Dissertation  •  3 129 Mots (13 Pages)  •  35 Vues

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Sujet de dissertation sur Gargantua :

Rire et savoir sont deux concepts paraissant pourtant opposés. Cependant, François Rabelais parvient à lier ces deux termes. Ce grand auteur, faisant partie du mouvement humaniste du XVIème siècle, fut connu grâce à ses livres remplis d’un mélange de critique, provenant de l’utilisation minutieuse du savoir, et de comique, provenant d’absurdes scènes, mais, n’étaient pas forcément bien vu par tout le monde. Bien que ses ouvrages semblent, à première vue, n’être qu’une simple moquerie de la société, ces derniers ont marqué et inspiré bien des générations après lui. Ces écrits humanistes ne suivent pas vraiment un ordre chronologique. Entre autres, Pantagruel, publié en 1532, s’avère être la suite de Gargantua, publié en 1534. Soit le récit du père deux ans plus tard que celui du fils. Mais pour cette fois, nous nous aventurerons dans le récit passionnant qu’est Gargantua. Le protagoniste de ce roman est du même nom que le titre et est le fils de deux géants nommés Grandgousier, son père, et Gargamelle, sa mère. Il appartient à la très haute aristocratie. Dès sa plus jeune enfance, ce dernier fera preuve d’une intelligence extraordinaire et d’une soif de savoir aussi grande que son corps. Selon la volonté de son père, on lui garantira des études à la hauteur de ses compétences et une éducation qui lui amènera sagesse et bienveillance, bien que ses premiers professeurs ne soient rien de plus que des sophistes, aux discours creux et aux milles et unes tromperies.

Dans Gargantua, le rire ne sert-il qu’à créer une distance critique envers le savoir ?

Le comique de Gargantua n’est-il présent que pour apporter un avis objectif sur l’éducation et la religion, ou détient-il une fonction encore plus propre à lui-même ? Quelles sont les utilisations du rire et ont-elles un autre but comme amuser et simplement faire rire le lecteur ?

Voyons ensemble, dans un premier temps, comment rire permet de créer une distance ainsi que de critiquer le savoir, la satire, du XVIème siècle. Puis dans un deuxième temps, réfléchissons ensemble sur la vraie signification du rire : un danger ou une prise de liberté ? Enfin, démontrons, dans un troisième temps, comment le rire et le savoir fusionnent pour nous apporter des connaissances dans tous les domaines.

Pour commencer, Gargantua n’est pas qu’un simple divertissement : dès le prologue, l’auteur incite le lecteur à trouver la « substantifique moelle » qui se cache dans son texte. Rabelais se sert alors de géants pour parler des sujets très sérieux de sa société avec un regard humaniste : religion, éducation, guerre et place de l’homme dans l’univers. Dans un monde où règnent plus que jamais l’intolérance, les faux savants, le fanatisme religieux et les fourbes imposteurs, Gargantua, écrit il y a de cela plus de cinq cent ans, semble pourtant bien être d’actualité, une réalité du monde d’aujourd’hui.

        Ainsi, Rabelais n’hésite pas à critiquer tous les mœurs et les défauts de l’Église et de la religion dans tous les sens, dès qu’il le peut. Le chapitre 19 en est un exemple parfait. Jonatus de Bragmardo est un moine chargé de récupérer les cloches volées par Gargantua. Cependant, tout porte à l’attrait du rire et de la moquerie. Ponocrates, maître humaniste de Gargantua, prend peur quand ce dernier croise les moines qui sont alors perçus en carnavaliers, qui, ridiculisés, apportent le comique de la satire. Aussi, le discours du moine est d’autant plus drôle car ce dernier est criblé d’un latin incompréhensible, ainsi que, selon son nom, est « bien membré ». Tout cela accompagné d’onomatopées ainsi que de parodie des discours scolastiques des théologiens fondés sur les superstitions, pour faire peur mais rendues complètement absurdes et donc drôles. Ce qui décrédibilise totalement cet orateur et amène au rire d’Eudémon et Ponocrates. Le chapitre 40 critique parfaitement bien l’inutilité des moines, qui sont décrits comme des « mâche-merdes » et sont ridiculement comparés à des singes du fait qu’ils soient écartés du monde humain. On leur reproche d’être bien moins productif qu’un paysan et de ne pas apporter de nécessiter dans leur société, mise à part de sonner des cloches tout au long de la journée. Ce qui déconsidère entièrement leur existence dans ce monde et fait donc rire. Gargantua va aussi, au chapitre 52, proposer la création d’une utopie au sein de son royaume, soit l’abbaye de Thélème, pour récompenser Frère Jean pour son courage et son héroïsme (par le bonnet rouge fait à l’un de ses deux gardiens, qui devient le bonnet doctoral). Cette dernière avait pour but de pointer du doigt les abbayes traditionnelles jugées trop strictes et peu instructives du XVIème siècle, tout en garantissant le savoir, l’éducation et l’apprentissage nécessaires pour atteindre la sagesse morale.

Enfin, on finit par voir que, chez Rabelais, les hommes d’églises sont ridicules et ridiculisés.

        Mais cet humaniste déterminé n’en arrête pas sa satire ici, car l’éducation est, selon son mouvement, la clé pour devenir « quelqu’un de bon ». Gargantua est un symbole de l’apprentissage dès sa naissance avec sa gigantesque soif de vin mais aussi de connaissances. Pourtant, le début de son éducation ne fut pas celle que son père aurait voulu qu’il ait.

        Tout d’abords, dans le chapitre 14, le premier maître de Gargantua est un sophiste nommé Holoferne. Tout comme les sophistes de la Sorbonne de l’époque, son apprentissage est désastreux. Il se déroulera selon un principe totalement démesuré qui durera « treize ans, six mois et deux semaines » et qui n’aura que pour but la répétition rébarbative de connaissances peu importantes comme l’alphabet qu’il « récitait par cœur à l’envers » page 99. Ce qui crée une puissante ironie de cette démesure ainsi que grâce à la précision de la durée. Au chapitre 21, on y moque même l’ « éducation selon la règle des sophistes » qui consiste à totalement négliger son hygiène et les besoins de son corps. Gargantua se peigne avec les doigts de sa main, « soit au moyen de ses quatre doigts et de son pouce », et « doit se vautrer six à sept fois » pour pouvoir se lever. C’est cependant très comique car on insiste sur les fonctions animales de l’homme « diseur d’heures », dont les prières sont vues comme ennuyantes et ridicules. C’est pourquoi on confie alors à ce jeune garçon un maître nommé Ponocrates, « le bourreau du travail ». Son emploi du temps, très strict en termes d’horaire, repose entre l’alternance des activités manuelles et intellectuelles. On s’éloigne donc de la religion pour se concentrer sur les sciences, au chapitre 23, puis au chapitre 24, où on retrouve toutes les valeurs des activités manuelles humanistes et de jeux grecs en temps de pluie (sculpture, peinture, etc…).

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