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L’Aube, Sido, Colette

Commentaire de texte : L’Aube, Sido, Colette. Recherche parmi 298 000+ dissertations

Par   •  10 Juin 2023  •  Commentaire de texte  •  1 647 Mots (7 Pages)  •  709 Vues

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Français

Roman L.L n° 16 : L’Aube, Sido, Colette

Introduction:

Colette (1873-1954) est une grande figure de la littérature du XXème siècle. Elle a mené de multiples carrières (comédienne, journaliste...) et une vie aussi riche que libre. Elle a écrit une trentaine d'œuvres, dès 1900, mais ne les a signées de son seul nom qu'à partir de 1923, avec Le blé en herbe. Sa mère Sidonie meurt en 1912, mais c'est en relisant ses nombreuses lettres en 1926 qu'elle décide de lui rendre hommage. Une première parution de Sido ou Les points Cardinaux a lieu en 1929 avant la version définitive de 1930, en trois volets, Sido, le Capitaine et Les Sauvages, unissant à l'hommage maternel celui au père et aux frères Dans les premières pages, l'auteur campe une mère hors du commun fascinant autrefois les siens comme elle la fascine encore, tout en ressuscitant le passé idéalisé de son enfance, dans la maison natale de Saint Sauveur, en Puisaye, en Bourgogne. Dans cet extrait de la page 49, à la première personne et à l'imparfait, elle évoque en un récit itératif les promenades à l'aube que sa mère l'autorisait à faire seule, alors qu'elle n'avait qu'une dizaine d'années. Comment Colette célèbre-t-elle ici le monde grâce à l'écriture du souvenir d'enfance?

Mouvements

Nous suivrons les mouvements du texte correspondant aux paragraphes; le don de l'aube, la naissance du jour, les regards mêlés sur l'enfant)

LECTURE DU TEXTE

Lecture Linéaire:

Mouvement 1 : jusqu'à « groseilles barbues ». Le don de l'aube.

• La célébration commence par celle de la saison des « étés » de l'enfance à l'intensité inégalée (fil directeur du chapitre depuis la p. 46 « il y avait dans ce temps-là de grands hivers et de brûlants étés») Le pluriel est le signe du récit itératif, à la temporalité floue et globalisante. Éloge lyrique passe par le rythme ternaire de la phrase nominale, scandé par la triple anaphore, et par l'allitération en R, accompagné souvent d'une autre consonne (gravier, traversant, tressé, presque)

• Les étés en question appréhendés par les sensations, jeux de lumière (cf le participe passé réverbéré) et chaleur. Sensations que l'écriture attribue à celles de l'enfant personnage « étés traversant le jonc tressé de [ses] grands chapeaux ». La matière du jonc prolonge le blond, associant dans la même lumière le gravier, le chapeau ou la blondeur implicite de l'enfant elle-même tressée.

La troisième mesure « étés presque sans nuits... » peut aussi bien s'interpréter comme allusion à la durée courte des nuits estivales que comme transition aux promenades à l'aube, thème central de l'extrait ainsi amené.

• La célébration se centre alors sur l'aube ou sur la naissance du jour, assez essentielle à Colette pour qu'elle en ait fait le titre d'une de ses œuvres. Il s'agit ici du goût affirmé de l'enfant qu'elle était (Car j'aimais tant l'aube... ») mais l'adverbe déjà marque la continuité entre l'enfant et l'adulte qu'elle est devenue. . L'adverbe d'intensité « tant » entraînant par corrélation une consécutive « que ma mère me l'accordait en récompense » réunit la célébration de l'aube avec celle de la mère, apte à donner le monde à son enfant, comme si elle le possédait, en une transmission qui dépasse largement la simple question de l'éducation. Symboliquement, tout se passe comme si le don de la vie se rejouait dans le don de l'aube…

• La troisième phrase est plus factuelle, précisant l'heure « trois heures et demie », les accessoires, «un panier à chaque bras », le but de la promenade, mais sans renoncer au lyrisme d'une prose poétique: anaphore de la préposition « vers », personnification des « terres maraîchères » par le verbe de la relative « se réfugiaient » ou encore énumération gourmande des fruits « les fraises, les cassis et les groseilles barbues »

Donc dans ce premier mouvement la célébration, selon un registre lyrique, passe de la saison et l'aube, tout en la subordonnant à la figure maternelle.

Mouvement 2 : la naissance du jour

• Ce § décrit poétiquement l'atmosphère magique du moment. « Trois heures et demie » répété, est mis en valeur à l'attaque de la phrase, et le lexique de l'indistinct domine d'abord: pronom indéfini « tout », groupe nominal introduit par le déterminant indéfini « un bleu», adjectif « confus». l’adjectif substantivé « bleu » complété par l'épithète « originel » évoque le caractère enchanté de l'aube qui sort de la banalité pour devenir symbole d'une sorte de (re) création du monde.

• Création du monde à laquelle l'enfant participe de tout son corps tout neuf, appréhendé par ses différentes parties « mes jambes » « mon petit torse » « mes lèvres, mes oreilles et mes narines ». « Le brouillard » état intermédiaire entre nuit et jour semble l'absorber progressivement comme elle l'absorbe par tous ses sens, vue, toucher, et sens olfactif privilégié via le superlatif « mes narines plus sensibles que tout le reste de mon corps ». La description, légère, parvient à mimer le caractère volatile du brouillard de façon à entourer d'une aura de mystère sa communion avec l'enfant.

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