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L'humanisme de Rabelais

Dissertation : L'humanisme de Rabelais. Recherche parmi 298 000+ dissertations

Par   •  25 Avril 2024  •  Dissertation  •  1 942 Mots (8 Pages)  •  32 Vues

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Le XVI e siècle est le siècle de l'humanisme. La société  française sort du Moyen-Age et se   dirige vers la Renaissance. L'homme est placé au cœur des raisonnements littéraire et philosophique. De nombreux auteurs comme Rabelais, né à la fin du XVe siècle, moine puis médecin réputer, a effectué de nombreux déplacements et plusieurs séjours en Italie. C'est aussi un érudit passionné de culture antique. Il rédige Gargantua qui est une œuvre comique, inclassable, qui marque une rupture avec le Moven-Age et peut être considérée comme un manifeste humaniste ayant pour le but principal d’instruir le lecteur. Dans un monde ou les méthodes médiévales d'apprentissage règnent encore en maitresse au sein des universités, Rabelais propose un ouvrage d'une richesse extraordinaire dans lequel il expose une conception nouvelle de l'éducation, de la politique et de la religion. Il s’agit donc de se demander, comment Rabelais parvient-il à faire rire son lecteur tout en le rendant plus cultivé ? Dans un premier temps, nous allons voir de quelle maniere l’auteur instruit par le rire, dans un second temps, comment Rabelais fait la joie du lecteur par l’instruction et finalement, la notion du lecteur ideal chez lui.

Rabelais instruit dans son roman mais il ne tient pas le discours moralisateur et plein d’affirmations péremptoires de ses ennemis de la Sorbonne.   Au contraire, s'il enrichit la culture de ses lecteurs, c'est par le biais du rire.

Tout d’abord, le rire a une dimension satirique. Il permet de se moquer de l’erreur et du mensonge, de dénoncer la vacuité des discours tout faits et plein de préjugés. Il est donc nécessaire pour établir les bases d’une véritable instruction. Rabelais en effet s’en prend à tout ce qui empêche son lecteur de réfléchir par lui-même. Premierement, il  est convaincu que l'éducation des théologiens de la Sorbonne est responsable des vices de pensée des esprits de son temps. L ‘auteur se livre donc à la satire de ces anciennes méthodes éducatives. Dans le roman, Grandousier décide d'éduquer son fils car il est admiratif du génie de Gargantua qui invinte divers « torche-culs ». Son pere confie donc son éducation à Thubal Holopherme, « un grand docteur sophiste ». A la mort de celui-ci, « un vieux tousseux » prend le relai, Jobelin Bridé. L'onomastique est au service de la critique des sophistes. La recommandation que l'on fait à Grandousier est si mauvaise qu'elle est formulée avec un pronom indéfini : « On lui recommanda un docteur sophiste ». L'éducation sophiste reçut par Gargantua présente de nombreux défaut, c'est pourquoi Rabelais en fait la satire. Par exemple, avec les enseignants, Gargantua étudie des auteurs dont l'onomastique prête à rire, comme Heurtebrise, qui signifie agite du vent. Aucun grand auteur n'est donc au lipogramme. De plus la lenteur de l'apprentissage est spectaculaire : il apprend son alphabet en 5 ans et 3 mois, il lit des ouvrages de grammaire et de vocabulaire pendant 13 ans , 6 mois et 2 semaines... De plus, Gargantua apprend à réciter son abécédaire par cœur à l'endroit et à l'envers, il apprend aussi les lettres gothiques, critiquées par les humanistes. La méthode qu'il reçoit consiste essentiellement à apprendre par cœur des grands passages des ouvrages proposés et le commentaire qu'on en fait. Ainsi, cette longue éducation est basée sur un enseignement entièrement livresque et fait appel à la mémoire mécanique. Ces methodes sophistes ont des conséquences sur Gargantua, qui ne devient finalement qu'un corps sans esprit, comme le montre les accumulations décrivant les fonctions naturelles (« Il fientait, pissait, se raclait la gorge »). Il devient fou, niais, tout rêveur et radoteur. Dans Gargantua, il y a aussi l'idée humaniste de religion, Rabelais fait la satire de l'Église de la fin du Moyen-Age et s'attaque aux théologiens de la Sorbonne, qui garantissaient l'orthodoxie de la foi et des pratiques, en témoigne les théologiens. On peut énoncer l'exemple des théologiens Thubal Holopherme et Jobelin Bridé. Il y a aussi l'exemple de Janotus de Bragmardo. En effet, le clergé est en crise, en proie à l'ignorance et à la médiocrité intellectuelle. Aux instituions religieuses et aux croyances. Il y a le caractère machinal des récitations et des prières, battologie des moines de Seuillé qui chantent en grégorien pour chasser l'ennemi. Je cite : Gargantua qui psalmodie dans sa jeunesse et assiste à « vingt-six ou trente messes » La prière récitée n'en ai pas une aux yeux de Rabelais. Au culte des saints et des pèlerinages avec l'exemple de Grandousier qui réprimande vertement les pèlerins que Gargantua a failli avaler. Aux moines à qui il reproche leur paresse, leur ignorance, leur saleté et leur inutilité. - ex : Frère Jean des Entommeures a conservé certains de ces défauts :Gymnaste lui fait remarquer qu'il devrait se moucher, il aime la bonne chair et la boisson. Un tel réquisitoire pourrait nous inciter à conclure à l'incrovance de Rabelais mais ce serait omettre tous les conseils religieux qu'il confie à la voix des géants. En effet, quand la satire détruit, les princes, voir Frère Jean s'empressent de reconstruire autrement. C'est ainsi que Grandousier ne se contente pas d'interdire aux pèlerins leurs voyages inutiles, il leur confie une tâche, celle de nourrir leur famille, d'élever leurs enfants et de lire Saint Paul. Aux théologiens rétrogrades de la Sorbonne, Rabelais oppose Ponocrates qui fait son élève des lectures quotidiennes des Écritures, les commente et l'invite à prier Dieu.

Enfin, le rire libère le lecteur de ses préjugés et l’invite à reconsidérer le monde. Le lecteur en riant oublie sa manière de penser habituelle, il s’étonne et regarde le monde différemment. En effet, le rire a un pouvoir d’étonnement. Rabelais propose, dans Gargantua, un rire facile, gaulois, populaire. Rabelais ne se prive pas et ne prive pas le lecteur de références grivoises et scatologiques, dérangeant la bienséance et les usages; il conclut le chap. 7 par l'expression « barytonnant du cul » et passe une bonne partie à détailler dans le vêtement du jeune Gargantua la vigueur sexuelle prometteuse de ce dernier en consacrant une bonne part du chapitre 8 à la fameuse « braguette » pour y revenir au chapitre 11 avec la liste des surnoms du sexe de Gargantua (« branche de corail », « épingle », « petite andouille vermeille» etc.). II va même jusqu'à consacrer tout un chapitre (le 13) à « l'invention d'un torchecul ». Il propose des situations invraisemblables où le registre merveilleux prend souvent le dessus ; la taille de Gargantua ne saurait être représentée et les activités du héros sont conformes à ses dimensions hors de portée, comme le confirme le chapitre 38 « comment Gargantua mangea en salade six pèlerins ». Ce sont aussi des situations risibles qui servent une tonalité burlesque prenant appui sur la démesure et l'extravagance : la dérive belliqueuse de Picrochole, qui engage la moitié des cinquante-huit chapitres du roman tout de même, ne vient-elle pas de simples fouaces, c'est-à-dire de pain ? Gargantua avait déjà été à deux doigts de la guerre avec les Parisiens pour un simple larcin de jeunesse, à savoir le vol des cloches (chap. 17).  Le romancier joue sur les mots, ce qui peut faire sourire le lecteur heureux d'apprécier la correspondance entre le nom et la chose (Gargantua, Grandgousier renvoyant à la voracité des géants), mais également content de débusquer les incohérences, ainsi Janotus de Bragmardo (chapitre 19), le sophiste pédant et hypocrite, a-t-il un nom mixte, assemblage maladroit de latin et d'argot renvoyant au sexe masculin désigné avec vulgarité (« braquemard » ayant donné « Bragmardo »). Cet humour-là suppose une connaissance des étymologies mais aussi de la culture autorisée. Les passages comiques du roman reposent pour bonne part sur le détournement parodique des genres et passages obligés du roman épique : naissance et généalogie avantageuse du héros (chapitre premier qui débute avec la mention de la « grande chronique pantagruéline » et en fin de phrase, « la généalogie et antiquité dont nous est venu Gargantua »), puis les exploits militaires (picrocholine à partir du chapitre 25 jusqu'à la fin du chapitre 48,), avec enfin harangue du chef militaire (Gargantua aux vaincus, au chapitre 50, sur le modèle des discours d'avant ou après bataille qui abondent dans les récits d'historiens antiques comme Tite-Live, Polybe ou Quinte-Curce). La guerre picrocholine peut s'autoriser des moments de pur délire comme les chapitres où Gymnaste multiplie les prouesses acrobatiques pour terrasser l'ennemi (moments de bravoure des chapitres 34-35) ou bien lorsque Gargantua fait tomber des boulets d'artillerie de ses cheveux (chapitre 37) précisément parce que par ailleurs, elle suit les modèles épiques antiques de sorte que la parodie a besoin de la norme pour la détourner, tout comme le rire a besoin de sa base sérieuse pour apparaître subversif.

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