Le mariage de Figaro, Beaumarchais
Dissertation : Le mariage de Figaro, Beaumarchais. Recherche parmi 302 000+ dissertationsPar Antoine Cor • 7 Mai 2021 • Dissertation • 1 795 Mots (8 Pages) • 828 Vues
LE MARIAGE DE FIGARO
Le mariage de Figaro, est une pièce écrite par Beaumarchais, considéré comme l’un des écrivains les plus importants du siècle des Lumières. Cette pièce se veut novatrice dans le genre de la comédie. Quand elle fut enfin jouée après plusieurs censures -le roi ne voulait pas de cette pièce- ce fut un triomphe. Elle a cependant déclenché plusieurs polémiques quant aux libertés prises par son auteur. Nous nous demanderons dans quelle mesure le Mariage de Figaro bouleverse la comédie classique, ses règles et propose ainsi une pièce d’un nouveau genre. Premièrement nous démontrerons que cette pièce s’inscrit dans le genre classique. Dans un second temps nous verrons que les libertés prises par l’auteur font d’elle une comédie d’un nouveau genre. Enfin nous observerons ce qui fait de cette pièce un texte subversif.
Le Mariage de Figaro est en premier lieu une comédie classique en bien des points. Elle se passe en cinq actes ; son intrigue est simple comme son auteur l’a résumé dans sa préface mais elle est aussi courante : c’est un mariage voulant être empêché par un homme qui convoite la femme du futur marié. Cette intrigue est très utilisée à l’époque et témoigne du classicisme de la pièce qui est fréquemment utilisé dans les pièces contemporaines. De plus les personnages aussi sont très typique/traditionnels de la comédie classique, un valet et son maitre, ici Figaro et le comte d’Almavida qui rappelle des modèles comme Scapin et Sganarelle un siècle plus tôt. Beaumarchais respecte aussi les règles qui régissent le théâtre classique. En effet il suit la règle des 3 unités. Celle de Lieu, l’action se passe au château d’Almaviva, presque toute son étendue est utilisée durant la pièce. Celle de Temps, l’action se déroule sur une journée, « la folle journée » durant laquelle Beaumarchais fait se passer l’action principale, la « joute » pour savoir qui épousera Suzanne, intrigue autour de laquelle gravitent les actions de second plan comme l’histoire de Chérubin, Marceline ou Basile qui servent à alimenter le récit principal ; c’est la règle d’action. De plus Beaumarchais respecte aussi la règle de bienséance, durant toute la pièce aucun combat, aucun meurtre, ni ébat sexuel n’est représenté. Beaumarchais sous-entend les relations entre Chérubin et Fanchette, et évite qu’un combat n’éclate entre Figaro et le comte en leur donnant parfois un caractère quelque peu niais pour rappeler que l’on se trouve dans une comédie. Ainsi Beaumarchais fait de sa pièce une pièce classique vraisemblable en accord avec les règles classiques.
Le Mariage est aussi et surtout une comédie destinée à plaire au plus grand nombre. En effet Beaumarchais use de tous les types de comique. Le comique de geste, la scène durant laquelle le Comte reçoit le baiser qui était destiné à la Comtesse (déguisée en Suzanne) par Chérubin (V, 6). Le comique de mot, est celui qui prime durant toute la pièce : on peut citer par exemple la scène où Antonio considère que sa réputation de jardinier « est effleurée » parce que ses fleurs ont été piétinées (III, 21). Le comique de situation est également présent, toutes les scènes où un personnage se cache à cause de l’arrivé d’un autre - notamment Chérubin qui ne cesse de se cacher des yeux du comte durant toute la pièce. Beaumarchais insiste aussi sur les caractères grotesques, comiques des personnages comme Brid'oison, juge ridicule qui de par son bégayement et sa stupidité témoigne de son incompétence.
Cependant Beaumarchais semble se détacher, se libérer des contraintes de la comédie classique et s’orienter vers une comédie d’un nouveau genre. Dans un premier temps bien qu’en respectant la règle des trois unités, il réussit à densifier les actions et les intrigues. Tout d’abord grâce à une multitude de liens entre les innombrables personnages comme Bartholo et Marceline qui sont en fait les parents de Figaro, ou encore Chérubin et la Comtesse qui sans jamais « concrétiser » éprouvent un désir naissant l’un pour l’autre. Mais aussi en introduisant un nombre incroyable de péripéties et d’intrigues parallèles qui sont néanmoins toutes reliées à la trame principale et qui servent toutes à son bon déroulement. Par ailleurs on peut noter, outre la multitude de personnages, une multitude de péripéties, de décors disséminée dans une multitude de scènes.
Sans rester dans le comique pur l’auteur crée une dimension très sentimentale dans sa pièce, il creuse les sentiments de ses personnages, qui se battent pour leur amour durant toute la pièce. Ainsi la comtesse souhaite que son mari la désire à nouveau ou Figaro ne veut laisser Suzanne au comte. Les personnages ont une vraie réflexion sur l’amour mais aussi sur leurs ressentiments face au monde qui les entoure. Finalement Beaumarchais n’utilise pas seulement des personnages type de théâtre, il créé pour ses personnages un vrai passé, un vécu une vraie personnalité propre à chacun.
De plus l’auteur utilise nombre de procédés qui n’appartiennent pas strictement au genre de la comédie. Tout d’abord c’est une comédie aux frontières du drame, en effet beaucoup de scènes s’y apparentent : par exemple, le compte règne comme un truand sur son territoire. Ainsi à plusieurs reprises de joyeux moments se transforment en scènes remplies de tensions où une fin heureuse est difficilement perceptible. On peut par exemple citer le moment où le comte fou de rage hurle et crie de jalousie car la comtesse lui avoue que Chérubin est dans son cabinet. On peut aussi penser au monologue de Figaro durant lequel il fait face à son destin et l’on pourrait s’apitoyer sur sa situation, cela peut rappeler le registre pathétique. Beaumarchais écrit donc une pièce qui emprunte à tous les genres, ce qui permet une plus grande richesse d’actions, d’intrigues, et surtout de liberté dans l’écriture du récit et dans la façon qu’il aura de « dissimuler » les innombrables critiques de la société qu’il se permet de faire.
...