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Le Mariage de Figaro, Beaumarchais, Acte II, scènes 6 à 9

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Par   •  14 Mars 2017  •  Discours  •  2 817 Mots (12 Pages)  •  7 083 Vues

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Le théâtre texte et représentation du XVIIème à nos jours

Le Mariage de Figaro, Beaumarchais

Lecture analytique n°2 : Acte II scènes 6 à 9

INTRODUCTION :

a) Chérubin

Dans la foule des personnages de la pièce du Mariage, 16 personnages, Chérubin semble occuper une place à part : chassé du château dès l’acte I, scène 7, il restera pourtant présent jusqu’à son dénouement, quelque 80 scènes plus tard Par ailleurs, dans l’économie générale de la pièce, l’acte I et II sont bien les siens : les formes de sa présence y sont multiples : caché, sur scène, absent, muet, témoin, acteur, chanteur. (Acte I, scène 7, scènes 8 et 9, scène 10 et scène 11) Il y est omniprésent

Par ailleurs, il est important de souligner que dans la pièce, Chérubin n’est jamais désigné que par son surnom, celui d’un ange, dont l’iconographie religieuse nous donne l’image d’un enfant tendre et joufflu, forme innocente et aimable dans la catégorie des esprits célestes. Nous apprendrons son nom dans le troisième volet de la trilogie : Léon d’Astorga. Il est apparenté à la comtesse, il est son filleul et son page. Ce statut dit sa classe sociale, le page est en effet un garçon de noble naissance qui sert dans les grandes maisons, y entre à l’âge de sept ans et demeure au service d’une famille jusqu’à l’âge de 14 ans. (Pour devenir souvent ensuite écuyer.) Ce rôle permet à l’enfant, en fréquentant de grandes familles d’apprendre les usages de la noblesse, de se familiariser avec le monde adulte. Chérubin est dans la pièce presque au terme de cette éducation, (indice de son âge) d’ailleurs quand le comte le renvoie, c’est pour l’envoyer dans l’armée prendre un commandement « Je lui donne une compagnie dans ma légion » déclare le comte (acte I scène 10) Enfin, ce statut de page lui permet de fréquenter librement « le quartier des dames » (acte I scène 10)

b) Situation du passage : La lecture des deux premiers actes nous a fait découvrir un garçon amoureux de l’amour, troublé d’un désir inquiet : « exalté », dont le cœur « palpite au seul aspect d’une femme » qui éprouve « le besoin de dire à quelqu’un je vous aime » (acte I scène 7) et qui courtise sur le mode du badinage, successivement Fanchette, Suzanne, Marceline et surtout sa marraine, la comtesse dont il a dérobé le « ruban de nuit » à l’acte I.

Le passage étudié est formé de quatre scènes déterminées par les entrées et sorties des personnages, mais constituant un ensemble homogène consacré aux préparatifs de la ruse échafaudée par Figaro avec l’accord de la comtesse et de Suzanne : il s’agit de déguiser Chérubin pour l’habiller en Suzanne (acte II scène 3 : « je fais endosser un habit de Suzanne » à « Chérubin ») qui se rendra au rendez-vous du comte et sera surpris pas son épouse.

Cet épisode est intégré à l’action principale certes, mais se distingue du reste de la fable par son atmosphère secrète et par la clôture symbolique notée dans la didascalie interne (Suzanne II scène 4 « je vais fermer la porte » Il s’agit à priori d’un épisode à part, d’une miniature de théâtre.

c) Problématique : Nous verrons que cette scène de jeu, de théâtre dans le théâtre est aussi une scène qui autorise l’expression des sentiments de la comtesse à l’égard de celui qu’elle appelle à l’acte I « petit page »

Plan d’étude : ce passage est d’abord une scène de badinage, troublée par la découverte du ruban et qui trahit les sentiments de Chérubin en dévoilant la sensibilité de la comtesse.

I Une scène de badinage

II Le rôle du ruban : un accessoire aussi important qu’un personnage

III La posture de la comtesse

Lecture analytique rédigée

I Cet épisode constitue une scène de badinage

Définition du mot badinage. Le badinage consiste en une plaisanterie légère, un divertissement puéril, jeu où se mêlent la fantaisie et la gaieté :

[Citation « Il était à mille lieues de supposer qu'il avait été mis dans cette malle par simple jeu et par badinage. » A. FRANCE, Riquet,1904, p. 82.]

Introduction : Il convient de rappeler que les lieux sont intimes : « une chambre à coucher superbe » annonce le texte au début de l’acte II, dont Suzanne a fermé la porte à la scène 4. Ce qui va se jouer aux yeux des spectateurs est donc un jeu secret. Cette dimension lui donne une atmosphère d’intrigue subversive. Ce qui se joue ici est interdit par les usages, par la bienséance. La triche relève du jeu enfantin (on va déguiser Chérubin) sur le ton de la plaisanterie légère, à savoir du badinage, mais se troublera bientôt, à partir de la scène 7 d’un moment d’émotion entre Chérubin et la comtesse.

a) Ce jeu est signifié par les paroles autant que par les didascalies. Par leur nombre, elles révèlent le rôle de Beaumarchais, dramaturge. 27 didascalies pour 4 scènes assez courtes C’est pourquoi notre compréhension de l’extrait ne peut faire l’économie des indices de sa représentation. Elles sont une seconde écriture, l’écriture de la mise en scène : Elles donnent à cet épisode son caractère animé en montrant les coulisses de la machination et offrent d’une certaine manière une mise en abyme de la mise en scène car elles mettent en scène et préparent le nouveau rôle de Chérubin, celui d’un enfant qui va jouer le rôle d’une jeune femme dans un rendez-vous galant. Les gestes indiqués dévoilent le jeu et la gaieté de Suzanne : « Suzanne lui pousse la tête en riant. » scène 6. Et « Elle chante avec des épingles dans sa bouche ». Ses paroles aussi : « tournez-vous donc envers ici, Jean de Lycra mon bel ami », ou bien encore « Madame il est charmant ! » Les propos de Suzanne, brefs et exprimés sur le mode exclamatif disent son engouement pour déguiser Chérubin. C’est pourquoi l’on peut dire que le ton est badin

b) On constate aussi, dans cette phase vouée aux préparatifs du déguisement (du début jusqu’à « qu’est-ce qu’il a donc au bras ? » scène 6) l’instrumentalisation du personnage de Chérubin qui devient un jouet consentant entre les mains des femmes. D’ailleurs l’essentiel de la discussion dans cette partie, a lieu entre Suzanne et la comtesse. Chérubin, muet et « à genoux » demeure objet du discours. On parle de lui comme s’il n’était pas en mesure

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