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Analyse, page 36, Germinie Lacerteux

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Par   •  6 Décembre 2025  •  Analyse sectorielle  •  2 837 Mots (12 Pages)  •  29 Vues

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Germinie Lacerteux, chapitre 36

Le chapitre 36 du roman *Germinie Lacerteux* des frères Goncourt, publié en 1865, nous est ici présenté. Ce roman, issu du genre réaliste, s’intéresse à la vie de Germinie, une jeune domestique qui cache de nombreux secrets derrière son apparente tranquillité. On y découvre la double vie qu’elle mène, entre ses troubles, ses malaises et ses erreurs. Cet extrait se situe peu après la trahison de Jupillon et la fausse couche de Germinie, avant le retour de Mlle de Varandeuil. La maîtresse retrouve donc sa domestique dans un état pitoyable et en grande dépression.

Dans l'extrait qui nous intéresse, Mlle de Varandeuil est prise de doutes et de méfiance face à l'étrangeté du comportement de Germinie. Alors qu’elle s’interroge sur les mystères de la vie de sa bonne, ce passage révèle la tension entre l'ignorance volontaire et l’angoisse de découvrir une vérité honteuse. Ce passage illustre l’omniprésence du secret, de la souffrance refoulée et de la difficulté d'appréhender la réalité d’autrui, thèmes omniprésents dans le texte. Mais ce qui est réellement mis en exergue, c’est une sorte de double portrait de Germinie : un, vu à travers les yeux de Mlle de Varandeuil, et l’autre, dévoilé par le narrateur, donc par Germinie elle-même. On découvre également un portrait de Mlle de Varandeuil.

Cet extrait de texte débute avec l’exposition du doute de Mlle de Varandeuil, sa méfiance envers les secrets que cache Germinie, et la manière dont elle la perçoit (lignes 1 à 19 : « Où son argent passait-il ? »). Le second mouvement se concentre sur les conclusions rationnelles que peut tirer Mlle de Varandeuil, ce qui nous permet de mieux cerner son personnage tout en découvrant sa perception de Germinie (lignes 19 à 49). Dans le troisième mouvement, Germinie n’est plus observée à travers les yeux de Mlle de Varandeuil, mais telle qu’elle est réellement. Le lecteur a accès à tous ses secrets et à toutes ses souffrances, à la seconde vie que Germinie dissimule à Mlle de Varandeuil (lignes 50 à 79). Enfin, le dernier mouvement révèle comment Germinie devient maîtresse de sa double existence : d’un côté, une vie honnête et rangée auprès de Mlle de Varandeuil, et de l’autre, une existence clandestine marquée par l’alcoolisme et des relations secrètes.

Nous avons ici l’un des rares passages où la focalisation se fait à travers Mlle de Varandeuil, offrant ainsi une nouvelle perception de Germinie. Cette focalisation permet au lecteur, qui bénéficie d’une place privilégiée, d’observer ce que tous perçoivent de Germinie, sauf lui-même. Nous allons donc étudier de quelle manière cet extrait entreprend de faire le véritable portrait de la double vie de Germinie, à travers deux focalisations différentes, dont l’une nous montre l’apparence qu’elle projette. Le premier paragraphe se concentre sur ce que voit Mlle de Varandeuil, sur ses doutes à l’égard de Germinie. Cela se manifeste à travers un champ lexical du secret, du mystère et du doute : « secret », « obscurité », « doute », « confuse », « sombre », « mystère », « caché ». Ces termes renvoient à ce qui est dissimulé, inaccessible ou incompréhensible. Ils soulignent l’aspect énigmatique de la vie de Germinie, créant une ambiance de doute et de méfiance ressentie par Mlle de Varandeuil. Ce premier paragraphe place ainsi le lecteur dans la position de cette dernière, grâce à une focalisation interne. Mlle de Varandeuil ne sait rien des causes réelles de l’état de Germinie, mais elle pressent qu’il y a quelque chose. Le terme « obscurité » nous laisse entendre que Mlle de Varandeuil perçoit cette chose comme mauvaise, contraire à ses valeurs. Elle se méfie de Germinie et s’inquiète. L’expression « une inquiétude instinctive » montre qu’elle craint à la fois d’être trahie et s’inquiète également pour Germinie. Bien qu’elle cherche à comprendre, elle n’y parviendra jamais seule, les secrets restant bien gardés. La répétition de l’expression « par moments » souligne les perceptions intermittentes de Mlle de Varandeuil. Elle ne comprend que ce que Germinie lui laisse entrevoir. Les yeux, souvent considérés comme le miroir de l’âme, trahissent Germinie. Dans la phrase « il lui avait semblé que les yeux de sa bonne ne disaient pas ce que disait sa bouche », on comprend que Germinie ne peut contrôler ce que ses yeux révèlent. Ceux-ci reflètent la honte et la culpabilité qui la rongent, instillant chez Mlle de Varandeuil un doute tenace. La maxime au présent de vérité générale, « Péché caché, péché à moitié pardonné », inspirée de « faute avouée à moitié pardonnée », souligne cette tension. Mlle de Varandeuil la retient « sans le vouloir », illustrant sa peur de découvrir une vérité dérangeante. Elle préfère, en quelque sorte, le déni, trouvant dans cette maxime un réconfort lié à ses valeurs religieuses. Toutefois, Mlle de Varandeuil ne peut ignorer la toilette de Germinie, qui semble trop soignée pour son salaire modeste. À travers la question indirecte libre « Où son argent passait-il ? », les frères Goncourt traduisent l’étonnement et l’incompréhension de Mlle de Varandeuil. Dans ce premier mouvement, la focalisation sur Mlle de Varandeuil nous offre un premier aperçu de Germinie sous un jour énigmatique, fébrile, appauvrie et étrange. Cette perspective nous dévoile aussi certains traits de caractère de Mlle de Varandeuil, approfondis dans les mouvements suivants.

Dans ce second mouvement, Mlle de Varandeuil semble perturbée par l’illogisme des biens matériels de Germinie. L’emploi du plus-que-parfait dans la phrase « Elle lui avait presque avoué avoir retiré ses dix-huit cents francs » met en évidence l’attachement de Mlle de Varandeuil envers sa domestique, à qui elle confie une part importante de ses économies. Elle prend soin de Germinie, veillant à ce qu’elle ait une bonne toilette, et sacrifie ainsi une partie de son épargne. Cela met en lumière la relation inhabituelle qui existe entre une domestique et sa maîtresse. Pourtant, elle ne lui avoue pas totalement ce geste, cherchant à ne pas dévoiler pleinement ses sentiments envers Germinie. Malgré cet attachement, le lecteur perçoit que tout cela trouble profondément Mlle de Varandeuil. Fidèle à son caractère droit et rationnel, elle évite cependant de trop s’en inquiéter et cherche des explications logiques à un comportement qui ne peut être ignoré. Le narrateur, en se focalisant sur elle, nous offre un point de vue subjectif sur la vie de sa domestique, tout en permettant une meilleure compréhension du personnage de Mlle de Varandeuil elle-même.

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