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Analyse linéaire du chapitre 33 de Gargantua de Rabelais

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Par   •  9 Novembre 2025  •  Commentaire de texte  •  1 993 Mots (8 Pages)  •  11 Vues

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ANALYSE LINEAIRE DU CHAPITRE 33 DE GARGANTUA DE RABELAIS

Gargantua est une œuvre de  Rabelais publié sous le pseudonyme Alcofribas Nasier en 1534-1535. Né à la fin du XVème siècle, d’abord moine puis médecin, pour finir écrivain humaniste, Rabelais est un érudit passionné de culture antique. Dans ses œuvres, il critique notamment les théologiens de la Sorbonne qui le censurent à plusieurs reprises. Gargantua s’inscrit dans le courant de l’humanisme qui est un mouvement littéraire artistique et philosophique du XVIème siècle qui a pour but de relire les textes de l’antiquité à l’aide de nouvelles traductions sans erreurs, grâce à l’apprentissage des langues essentiels, l’objectif final étant de se rapprocher de Dieu et de pacifier l’Europe. Gargantua est un conte satirique, philosophique et merveilleux dans lequel Rabelais expose une conception humaniste de l’éducation, de la politique et de la religion. L’œuvre relate les aventures d’un géant, Gargantua, en commençant par sa naissance bien étrange, son éducation, en passant par ses batailles épiques contre Picrochole le tyran, et pour finir avec  la construction de l’abbaye bien étrange de son ami moine. Dans le chapitre 33 de Gargantua, situé vers le milieu de l’œuvre, les conseillers de Picrochole (qui est un nom formé à partir de Picro qui veut dire cruel et chole signifiant bile en latin), roi de Lerné et seigneur des fouaciers, le bercent d’illusions en le flattant et en faisant l’hypotypose d’une conquête militaire sans limites. Picrochole est l'exemple type du mauvais roi, impulsif et cruel, que Rabelais cherche à dénoncer, par opposition au bon roi, sage et chrétien, représenté par Grandgousier, père de Gargantua. On peut d’ailleurs penser que Picrochole fait référence au roi d’Espagne du 16e siècle Charles Quint et Grandgousier à François Ier roi de France. On peut alors se demander de quelle manière se construit, dans ce discours, la satire de l’impérialisme de Picrochole. On peut alors dégager trois mouvements dans le chapitre : on parlera d’abord des gouverneurs flatteurs, mouvement allant de la première ligne a la quatrième ligne du texte. On parlera ensuite de la stratégie militaire, mouvement allant de la cinquième à 9eme ligne. Pour finir, on parlera de la conquête imaginaire de Picrochole, mouvement se déployant de la ligne 10 jusqu’à la fin du texte suivant :

On va ici montrer comment les conseillers flattent le roi en lui faisant son éloge. On peut voir que le chapitre commence avec la cause de toutes les aventures qui suivent ce chapitre : c’est l’élément déclencheur qui est le pillage des fouaces énoncé par « les fouaces ainsi pillées » à la ligne une. L’énumération des 3 conseillers de Picrochole mentionnent leur rang hiérarchique élevé et cette énumération commence par le plus haut jusqu’au moins haut rang : duc comte et capitaine. On peut également voir que l’étude de leur nom suscite déjà le rire du lecteur. En effet, dans Menuail le lecteur peut associer l'adjectif menu qui signifie faible, spadassin fait référence à un amateur de duel et merdaille est suffisamment explicite. Ainsi avant même de les faire parler, Rabelais décrédibilise les conseillers par leurs appellations. Dans les lignes 3 à 4, on peut voir que la première phrase des gouverneurs de Picrochole est déjà dans l’éloge et la flatterie : en effet, elle est exprimée au futur proche et elle est construite sur des effets hyperboliques comme l'illustre les 2 superlatifs « le plus heureux et le plus chevaleresque qui ait jamais existé » ou encore la référence à la mort du conquérant Alexandre de Macédoine, ce qui montre que les gouverneurs sont certains que ce qu’ils vont dire va plaire à leur roi. L’expression « voici comment » ouvre la voie à la présentation d'une stratégie aux accents comiques et élogieuse. Durant toute la première partie de leur discours, les gouverneurs flattent leur roi pour qu’il puisse être ouvert à l’idée qu’ils vont lui présenter par la  suite.

On va maintenant aborder la stratégie militaire proposée par les gouverneurs. On peut alors voir que toute la stratégie ainsi que la conquête imaginaire est déployée au futur simple à valeur de certitude : vous laisserez vous la séparerez, une partie se précipitera… Cela montre l'énergie  que donne les conseiller à faire la guerre. Le premier conseil, à la ligne 5, et donc la première étape de la guerre, invite à garder la place ce qui se veut rassurant pour le roi en l’assurant que tout est sous protection comme le suggère «  qui nous semble assez forte » à la ligne 6. Les conseillers profitent de ce rappel pour adresser des louanges à Picrochole en lui parlant des travaux de fortifications qu’il a instaurés, à la ligne 6, avec « les remparts faits selon vos plans ». La 2e étape consiste à répartir l'armée en 2 parties avec 2 missions distinctes. On peut voir à la ligne 7 que le tout premier objectif à atteindre est d'éliminer « ce Grandgousier et ses gens » en se précipitant sur eux. La violence du verbe se précipiter suggère une attaque violente, sauvage, désordonnée et brutale. L'utilisation du démonstratif « ce » souligne la prise de distance et la connotation péjorative de la phrase. Les conseillers prédisent une victoire très aisée ce que montre la phrase  « il en sera facilement déconfit au premier assaut » alors qu’en réalité, ils sous-estiment réellement leur adversaire. La référence de « l’argent à foison » montre que les gouverneurs et leur roi ont une soif inextinguible d’argent. Par la suite la 2nde partie de l'armée s’occupera d’une conquête à la géographie précise et bien réelle c'est ce que montre l'énumération des 7 régions françaises ce qui accélère le rythme du discours. On peut aussi remarquer que dans ce mouvement, l’usage du champ lexical de l’armée et de la guerre est omniprésent : quelques capitaines, garnisons, première assaut… Cette énonciation de stratégie montre que les gouverneurs sont trop ambitieux, qu’ils prennent de haut leurs adversaires et qu’ils ne parviendront surement pas à leurs fins.

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