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L'euroscepticisme et le populisme

Dissertation : L'euroscepticisme et le populisme. Recherche parmi 298 000+ dissertations

Par   •  26 Avril 2017  •  Dissertation  •  1 906 Mots (8 Pages)  •  1 264 Vues

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Le populisme et l’euroscepticisme sont-ils des notions qui permettent de mieux comprendre et analyser les partis et la vie politique nationale et européenne ?

Introduction :

La crise économique, marquée par la crise monétaire de 2008 ; les scandales de corruption, qui nourrissent quotidiennement l’actualité dénonçant les détournements de fonds de F. Fillon ou du Front National ; la recrudescence des inégalités, de la précarité et de la peur face à l’immigration et l’insécurité sont tous autant de facteurs qui démontrent l’instabilité politique croissante. Cela permet à certains partis politiques et leur leader (pensons à Marine Le Pen et Jean-Luc Mélenchon) de saisir certaines revendications du peuple et de proposer une offre politique qui s’ajuste à ces mêmes revendications. En s’adressant directement au peuple, ils suggèrent des remèdes et se proposent comme seul interlocuteur privilégié. Voilà les prémisses de ce que l’on pourrait nommer « populisme ». L’Union Européenne est d’ailleurs une cible de ces revendications, faisant donc émerger la nation d’euroscepticisme qu’on pourrait caractériser comme un mouvement d’opposition à la construction européenne.

Les chercheurs en sociologie politique s’accordent sur l’incapacité de donner une définition « pure », globale du populisme. Guy Hermet précise notamment que la « diversité des expressions et des contextes historiques ou géographiques du populisme interdit de lui affecter un contenu idéologique spécifique ». Le terme d’euroscepticisme souffre de la même incapacité, puisqu’il se retrouve à être employé pour des raisons et par des acteurs très différents.

Il est alors intéressant de se demander si le populisme et l’euroscepticisme sont des notions heuristiques pour étudier la vie politique nationale et européenne ?

Pour répondre à cette question, nous verrons dans un premier temps que ces deux notions sont fécondes pour une approche scientifique et qu’elles peuvent s’avérer utiles. D’une part, lorsque le populisme est analysé comme style politique. D’autre part, lorsque l’Euroscepticisme peut être associé à la crise des identités. Dans un deuxième temps, nous verrons ensuite que ces deux notions sont pourtant accaparées pour un usage politico-médiatique qui rend confuse leur utilisation. Nous démontrerons alors que l’usage du terme populisme se retrouve dans une stigmatisation et une illusion. Puis enfin, que la notion d’euroscepticisme peut se contredire entre le discours et la réalité.

Développement :

  1. Le populisme et l’euroscepticisme, des notions fécondes pour une approche scientifique.

  1. Le populisme comme « style politique ».

Le populisme peut faire l’objet de plusieurs définitions mais également représenter plusieurs réalités. De cette complexité à saisir une idéologie propre au populisme, Taguieff analyse le populisme comme un « style politique ». Il décline à partir de ce « style » plusieurs caractéristiques pour établir une typologie du populisme qui permettrait de rendre tangible l’étude comparative « des populismes » (au pluriel). Il énumère les caractéristiques suivantes pour le populisme : l’appel au peuple, la relation directe entre le leader et le peuple, la construction d’un « nous » authentique par rapport à un « eux » (anti-élites, anti-immigration), un appel à une rupture pacificatrice (antisystème), le rapport à la démocratie directe. Taguieff annonce notamment que « c’est parce qu’il est une coquille vide, remplie à sa manière par chaque leader, que le populisme peut être mis au service d’objectifs anti-démocratiques et non moins que d’une volonté de démocratisation ». D’une façon plus claire, Taguieff estime que le populisme est un style adopté par un parti et son leader pouvant répondre à des objectifs qui peuvent être pourtant très variés. Cela explique la démarche stratégique initiée par les acteurs politiques dans le sens d’un système de « l’offre et de la demande » politique. Le « style populiste » n’étant qu’un outil pour répondre à des fins politiques et électorales. L’approche descriptive qui consiste à donner des caractéristiques pour englober les différents populismes s’avère être des grilles de lecture intéressantes pour l’étude comparée. Cela permet d’identifier le degré de populisme dans la dimension discursive, active, polémique et contestataire des partis et de leur leader. C’est avec cette approche scientifique dite comparative que la notion de populisme peut se montrer utile pour analyser la vie politique contemporaine.

  1. L’euroscepticisme ou la crise des identités.

La démocratie se retrouve aujourd’hui dans des eaux troubles. Elle souffre de ce qu’on pourrait plus communément appeler la crise de la représentativité. Véritable paradoxe pour le régime politique du peuple (« démos » = peuple ; « kratos » = pouvoir) Ce dernier se retrouve à élire des représentants politiques qu’il finit par critiquer et les caractériser d’élites et de technocrates en marge de la réalité et des préoccupations du peuple. De ce contexte politique particulièrement ignominieux pour le peuple né la volonté de réclamer plus de démocratie. C’est parce que le peuple réclame déjà plus de représentativité à l’échelle nationale que l’Europe est fustigé de critiques. La crise de la représentativité s’étend en fait à l’Europe et la critique du manque de démocratie tente de se faire entendre également à l’échelle de l’UE. Hirschmann, quant à lui, considère l’euroscepticisme comme une notion permettant l’analyse comparée des discours réactionnaires qui s’opposent aux changements. On peut ajouter à cela la question de la confiance, interrogation développée notamment par Franklin dans les années 90. Il considère qu’il est difficile pour un citoyen de s’identifier à des institutions supranationales s’il ne fait d’abord pas ou peu confiance au gouvernement national. De plus, la crise économique des citoyens rend leur projection vers l’avenir difficile et ils se montrent peu confiant vis-à-vis de celui-ci, notamment pour notre jeune génération. 73% des français disent ne pas avoir confiance à l’avenir (source l’Express). Cette atmosphère généralisée de « pessimisme relatif » entraîne une critique de la gestion budgétaire et sociale, qui fait écho avec la critique du libéralisme économique. Ces facteurs économiques instables renforcent l’euroscepticisme. Certains partis politiques se saisissent de ces préoccupations populaires pour fortifier leur position souverainiste et s’opposer à la délégation de souveraineté. On peut parler de la montée des protectionnismes défendues par exemple par le Front National ou le Front de Gauche. De ce point de vue, l’analyse sociologique de l’euroscepticisme converge avec celle du populisme. Cela confirme que cette notion peut aussi s’avérer utile lorsqu’elle est employée dans un usage scientifique.

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