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La montée des populismes en Europe

Mémoire : La montée des populismes en Europe. Recherche parmi 298 000+ dissertations

Par   •  31 Mai 2019  •  Mémoire  •  9 485 Mots (38 Pages)  •  561 Vues

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LA MONTÉE

DU POPULISME

EN EUROPE

[pic 1]

Manifestation anti-européenne à Rome en marge du sommet pour les 60 ans des traités fondateurs.

Photo Archives  Alberto Pizzoli / AFP

Mariana HOLUBOVA

Koyanté TAKAMBE

ANNÉE UNIVERSITAIRE 2018-2019

INTRODUCTION

Lors de son discours de proposition de création d’une Communauté européenne du 9 mai 1950, Robert Schuman déclarait : « Pour que la paix puisse vraiment courir sa chance, il faut, d'abord, qu'il y ait une Europe…, une Europe solidement unie et fortement charpentée[1]». En effet, la création de la CECA, devenue aujourd’hui l’Union européenne, était justifiée entre autres par le souhait de l’Europe de vivre en harmonie et en paix avec elle-même et de contribuer à faire rayonner ses valeurs à travers le monde. Telles étaient les aspirations de la déclaration de Robert Schuman (1886-1963). Si ce dernier pouvait rêver d’une Europe solidement unie, il y a de cela soixante-neuf ans, ce rêve semble être retourné à l’état d’utopie, sauf à croire la renaissance européenne que l’actuel Président français Emmanuel Macron appelle de ses vœux.

D’une Europe solidement unie à une Europe profondément divisée, celle-ci vit en effet l’un des pires moments de son histoire depuis sa création. De plus, avec les élections européennes qui s’annoncent sur fond de Brexit, on se pose légitimement la question de savoir à quelle Union européenne s’attendre après mai 2019. De fait, la montée de populismes soutenus par certains peuples et incarnés par des dirigeants politiques via leur positionnement sur l'échiquier politique européen.

Le Président de la Commission européenne, Jean-Claude Juncker, à l’occasion de l’ouverture  de la Semaine européenne des régions et des villes[2], a insisté sur la nécessité de faire la distinction entre « les eurosceptiques qui questionnent et ont des opinions à formuler, et les populistes stupides ».  Dans son discours, il a souligné la nécessité d’un dialogue avec les eurosceptiques nationaux et régionaux. Le président Juncker a, par la même occasion, reconnu que l’Union européenne ne peut pas être construite contre les nations et les régions. Il a rappelé que nombre de problématiques européennes ne peuvent pas être résolues par les Etats tous seuls, sans coopération, cohésion ni solidarité.

La montée des populismes est une réalité à laquelle l’Union doit faire face si l'Europe veut entamer un nouveau chapitre, comme le souligne le Livre blanc[3] de la Commission sur l'avenir de l'Europe à 27 d'ici 2025, publié à l'occasion des 60 ans de la signature du traité de Rome.

En cette année d’élections européennes, dont le mode de scrutin est la proportionnelle depuis 1999, la menace d’une vague populiste sans précédent historique dans cette assemblée se fait de plus en plus concrète. Selon le sondage publié lundi 18 février 2019 par l'Assemblée de l'Union européenne, les résultats suggèrent que les partis populistes augmenteraient de moitié leur nombre de sièges dans ces pays. Une formation politique comme le parti italien anti-migrant et eurosceptique de la Ligue, dirigé par le ministre de l'Intérieur Matteo Salvini, devrait ainsi devenir le deuxième plus grand parti au Parlement européen. Ce parti pourrait obtenir 27 sièges du prochain parlement, juste derrière l'Union démocratique chrétienne d'Allemagne, qui compterait 29 députés. Selon les politologues, on peut envisager pour la première fois un Parlement de Strasbourg où siégeaient majoritairement - ou de façon significative – une majorité d’eurodéputés antieuropéens. Quand bien même ils siègeront dans des groupes différents, ils pourront tout à fait se coaliser pour bloquer une décision, ou voter une mesure pour tenter de contrer l’avancement de l’Union européenne.[4]

L’année 2016 était jusqu’alors considérée comme un « annus horribilis » pour l’Europe. De la crise des migrants à au vote au Royaume-Uni pour la sortie de l’Union européenne, de nombreux événements ont eu pour cause et conséquence cette montée des populismes qui n’a depuis guère été jugulée. Depuis quelques années, les explications abondent pour comprendre les causes d’un tel phénomène sans pour autant convaincre. La corrélation souvent faite entre crise économique et montée du populisme ne résiste pas à l’examen empirique : il existe des cas où le populisme a prospéré alors que les agrégats macroéconomiques étaient au beau fixe comme dans les pays scandinaves, aux Pays-Bas ou encore dans certains pays de l’Europe de l’est. Symétriquement, on observe des pays où la crise économique ne s’est pas accompagné d’une montée flagrante du populisme. C’est le cas de l’Irlande ou le Portugal.La Grèce a vu un parti populiste se développer sous la pression de la dégradation de la situation économique, sans que la crise migratoire qui perdure n’ait causé une réaction populiste xénophobe, mis à part quelques épisodes. Ici aussi, la corrélation très répandue entre populisme et immigration n’est pas rigoureusement corroborée par les faits.

Quel populisme ?

Comprendre le phénomène de populismes en Europe, c’est déjà commencer par donner une définition du populisme. Ces dernières années, ce terme est devenu, nous semble-t-il, sans faire de jeu de mots, le plus populaire en Europe. La définition faisant consensus présente le populisme comme « une idéologie qui considère la société comme étant en fin de compte divisée en deux groupes homogènes et antagonistes - le « peuple pur » opposé à l’élite corrompue.»[5]

Cette doctrine soutient que la politique doit être l’expression de la volonté générale du peuple.

Parallèlement, la notion de national-populisme a été pensée par Pierre-André Taguieff dans son livre L’Illusion Populiste pour désigner ce qu’il appelle le « populisme identitaire », c’est-à-dire un populisme où l’appel au peuple se fixe sur la nation, où le rejet des élites va de pair avec un rejet des « étrangers » et où l’attitude « exclusionnaire » mobilise la figure de très nombreux « boucs émissaires ».[6]

Historiquement, il est important de préciser que le populisme est apparu avec les démocraties modernes mais il semble avoir connu selon certains historiens une première existence sous la République romaine. En ce sens, Daniele Albertazzi et Duncan McDonnell définissent le populisme comme une idéologie « qui oppose un peuple vertueux et homogène à un ensemble d'élites et autres groupes d'intérêts particuliers de la société, accusés de priver le peuple souverain de ses droits, de ses biens, de son identité, et de sa liberté d'expression.»[7]

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