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Le populisme selon Laclau

Fiche de lecture : Le populisme selon Laclau. Recherche parmi 298 000+ dissertations

Par   •  2 Avril 2016  •  Fiche de lecture  •  1 747 Mots (7 Pages)  •  1 213 Vues

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La raison populiste, Ernesto Laclau

Ernesto Laclau est un théoricien politique argentin.

Dans La raison Populiste, paru en 2005, il cherche à prendre position contre les critiques étant adressées au populisme, un phénomène considéré comme dangereux et irrationnel.

Selon lui, il ne s'agit que d'une des multiples formes que peut prendre le politique moderne dans une démocratie. En d’autres termes, le populisme serait non pas une aberration, mais un mode d'expression moderne du politique, avec des fondements cohérents et une logique unificatrice propre à la politique en générale.

Le rejet du populisme serait en fait un ''rejet de la politique tout court'', et c'est cette thèse provocatrice qu'il cherche à consolider au fil de son argumentation.

Non seulement cette prise de position marque une rupture, mais la qualité de sa démonstration permet d'appréhender le populisme avec un regard neuf.

Laclau parvient sûrement à expliciter en quoi la logique du populisme est comparable avec celle de la politique moderne, mais il conviendra tout de même de nuancer sa thèse du point de vue moral.

Le populisme dans l'imaginaire collectif

Un terme émotif : le populisme est un terme omniprésent dans le débat politique et chacun semble identifier au moins son caractère péjoratif lorsqu'il en est question. Et pourtant, il n'en demeure pas moins que le populisme reste un terme vague, et indéfinissable, autrement dit un contenant plutôt qu'un contenu.

Un terme vague : Ernesto Laclau observe que le populisme ''résiste à toute définition générale'' tant ses attributs demeurent disparates : il refuse souvent le statu quo, rejette l'opposition droite/gauche, s'appuie sur un leadership charismatique, se pose en opposant des grands groupes d'influence... Mais il demeure impossible d'en donner une définition universelle.

 Un terme contradictoire : il est utilisé pour qualifier toutes sortes de mouvances politiques. Le populisme est de droite comme de gauche, il concerne aujourd'hui les démocraties tandis qu'il a longtemps concerné le fascisme... Bref il n'aurait aucun fondement idéologique clair et manipulerait les individus au sein d'un groupe qui ne partagerait en fait rien en commun. Le populisme est contradiction, en cela il serait irrationnel et dangereux.

Pourquoi craint-on le populisme ?

-La peur de l'irrationnel : on peut le désigner sans jamais le définir, c'est quelque chose qui se ressent sans pouvoir réellement l'expliciter. Le populisme est justement craint de par son caractère insaisissable et indéfini. Ce manque de clarté en fait quelque chose d'absurde, de déraisonnable aux yeux de l'imaginaire collectif.

« La peur des foules » : Nous avons tous en tête l'image des grands mouvements de foule devant des figures populistes (les plus célèbres) telles que Mussolini ou Hitler. Plus généralement on sait à quel point un leader charismatique peut exercer une influence irrésistible sur un public. Cette peur des masses est telle que les sciences sociales du XIX siècle ont longtemps expliqué ces phénomènes comme ''pathologiques''.

                Une rupture : Laclau cherche à apporter un regard neuf sur tout ce qui a été dit précédemment. Son analyser socio-politique décrit l’émergence du populisme en trois étapes et en déduit son caractère rationnel, et même nécessaire à la société.

Le populisme en trois phases

 De l'hétérogénéité sociale au rassemblement : au commencement une société avec des identités en constant renouvellement. Les institutions ont pour charge de satisfaire aux revendications démocratiques de ces divers groupes. Mais lorsqu'elles n'y parviennent pas, les groupes d'intérêts jusqu'alors différents vont avoir un trait commun : celui d'avoir été insatisfaits par une même instance. ''La logique de différence est alors susceptible de se transformer en logique d'équivalence'' par l'intermédiaire du leader populiste, c'est à dire que les insatisfaits de tout bord vont dépasser leurs revendications propres et s'unir dans une logique de contestation. Il en résulte la formation de ce que Laclau appelle ''le peuple'', c'est à dire d'un groupe mené par un leader charismatique contre un commun adversaire.

 La création de symboles : le populisme doit alors s'articuler autour de ''signifiants vides'', c'est à dire des symboles qui par leur caractère vague et indéfini vont déposséder les requêtes individuelles de leurs revendications propres et les noyer au sein d'un grand tout abstrait. En effet, des termes tels que ''liberté'' ou ''démocratie'' vont progressivement prendre un caractère abstrait qui par la largesse de leur interprétation permettent de réunir la diversité sociale autour d'un même objet. La notion même de ''peuple'' renvoie à cette idée d'une structure souple qui par son caractère flou peut accueillir une vaste diversité en son sein. C'est cette création « d'équivalence » qui permet la ''construction d'une identité globale à partir de l'équivalence d'une pluralité de demandes sociales'', si bien que les demandes particulières initiales sont peu à peu remplacées par une cause commune. (Ce qu'il appelle équivalence, c'est quelque chose dépourvu de substance, de sens objectif -un symbole donc- qui par son indétermination même va permettre de réunir ceux qui semblaient jusqu'alors irréconciliables).

La volonté hégémonique :  la frange populiste de la société ''aspire à être conçue comme la seule totalité légitime''. Cela signifie que le mouvement populiste se veut le défenseur d'une lutte qui dépasse ses propres intérêts, qui concerne l'ensemble de la société.  Puisque le leader populiste défend une contestation globalisée et non une somme de revendications individuelles, il en découle logiquement qu'il cherchera à se présenter défenseur d'une cause toujours plus globale.

Il est à ce propos intéressant de lire sur le site du Front National que « Le Front National est un mouvement et non un parti : il n’a pas vocation à regrouper une partie des Français pour s’opposer à une autre ». Et justement, il y a cette revendications d’une réunion dépassant des clivages politiques habituels.

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