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"Les allemands" (1884) du Père Didon

Commentaire de texte : "Les allemands" (1884) du Père Didon. Recherche parmi 298 000+ dissertations

Par   •  26 Juin 2020  •  Commentaire de texte  •  2 166 Mots (9 Pages)  •  756 Vues

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De nos jours, l'Allemagne et la France se dressent comme les piliers de l'Union Européenne, et ce depuis l'entrée de l'Allemagne réunifiée au sein de celle-ci.

L'historique entre ces deux nations actuelles, et toutes les nations ayant occupé leurs territoires marque toutefois de grandes périodes de conflits. La fin du XIXe siècle est effectivement marquée par la guerre de 1870 entre la France et la Prusse. Celle-ci marque la fin du second empire et l'abdication de Louis-Napoléon Bonaparte, ainsi que la création de l'Allemagne.

Nous disposons ici d'un texte du Père Didon, éminent homme d'Eglise de la deuxième moitié du XIXe siècle. L'auteur est par ailleurs directement concerné par le conflit, puisqu'il était aumonier militaire côté français durant le conflit et qu'il s'est retrouvé pris au piège par les Prussiens, accompagné d'escadrons français à Metz.

Le Père Didon publie « Les Allemands » en 1884, 4 ans après s'être exilé en Corse suite à une annonce publique, où il déclarait refuser obéir à sa hiérarchie cléricale et gouvernementale. Farouchement opposé à l'abandon de l'Alsace-Moselle au profit de la néo-Allemagne, Henri Didon dresse à travers son ouvrage de 434 pages un portrait de ce qu'il pense être la société allemande à l'attention du peuple français.

La narration s'articule principalement autour de l'organisation de la société allemande, et l'importance accordée à leur armée ainsi qu'à l'éducation de leur peuple. On souligne ici l'imposant budget consacré aux édifices militaires et le « culte de la force » allemand. La peur de l'Allemagne du vieux voisin français est au cœur du texte et semble parfois présentée de manière démesurée.

On en arrive alors à se demander en quoi le Père Didon présente ici un portrait bicéphale de la société allemande.

Nous verrons tout d'abord la manière déguisée dont l'auteur dresse un portrait faussement élogieux de l'Allemagne à travers son « culte de la force » et son peuple savant puis dans un second temps la critique à l'égard des Allemands de leur fonctionnement par leur peur presque maladive de l'ogre français et de leurs stratégies militaires définies comme douteuses.

Voyons tout d'abord le portrait au premier regard mélioratif de la société allemande qui nous est proposé. L'idée de « culte de la force » et d'utilisation massive de l'armée est exercée dès la première ligne : « La caserne […] frappe tout d'abord le regard ». L'extrait commence immédiatement avec une idée d'Allemagne fortement militarisée. Le superlatif « Il n'est pas de pays où le militarisme soit plus fortement organisé » (l4) vient renforcer cette idée. L'Allemagne vient alors de naître dans les années précédentes suite au triomphe prussien sur les français en 1870, et s'est donc créée sur un succès militaire. Les « constructions récentes » de casernes (l6) viennent souligner un investissement allemand important sur l'armée pour l'avenir, mais également un important investissement financier et un fort budget alloué à des fins militaires. L'Allemagne serait même présentée comme fière de ces établissements militaires dont « rien n'est épargné pour donner […] l'ampleur, l'élégance et la force » (l7-8), l'Allemagne s'étant bâtie sur une victoire militaire, il apparaît logique que l'armée soit au cœur des valeurs du pays. Nous retrouvons le superlatif puisque cette « organisation militaire n'a d'égal dans aucun pays » (l9-10), voire même n'a jamais été égalée par une quelconque civilisation à aucun moment de l'histoire. Si ce portrait est jusque là élogieux, il cherche principalement à glorifier l'armée allemande afin de légitimer la campagne victorieuse contre la France. Ce « culte de la force » alors décrit donne une idée de l'auteur quant à ses positions : si les Allemands ont su triompher des Français c'est par une monopolisation de toute leur attention et finances sur leur milice et non par un plus grand génie militaire. Le ton ironique employé pour décrire l'infrastructure allemande vient renforcer cette remise en question de la politique allemande. L'Allemagne n'obéit alors plus au « culte de la force » (l13), mais y devient contraint. En effet, suite à de tels investissements, il apparaît nécessaire pour le pays par la suite d'utiliser son armée, afin de chercher à « rentabiliser » un tel engouement. Le contraste explicité entre la « pauvreté » mentionnée du pays et son budget militaire renforce l'idée d'un pays aux ambitions militaires démesurées. La deuxième moitié du texte vient donner un sens à cette militarisation extrême allemande. En effet, interrogé par Adolphe Thiers, supposément durant son voyage diplomatique dans les cours européennes des années 1870, Leopold De Ranke, éminent historien allemand, qualifiait l'ambition allemande comme voulant « détruire l'oeuvre de Louis XIV » (l20/21). L'exemple d'une figure savante et qualifiée sur le passé des nations allemandes vient légitimer les propos davantage. La qualification de Guillaume Ier, l'empereur d'Allemagne, de « vieux guerrier octogénaire » en toute fin de texte, montre même un caractère militaire allemand dans la continuité de son passé, et non comme une nouvelle poussée d'élan suite au conflit de 1870.

Intéressons nous maintenant davantage aux qualités savantes énoncées par le Père Didon. Une nouvelle fois, la première phrase du texte vient immédiatement évoquer une forte éducation allemande. Le superlatif utilisé pour qualifier le militarisme est employé de la même sorte avec « la science la plus universellement cultivée » (l4). Cette description élogieuse renforce les qualités du peuple allemand. Les récentes constructions militaires qualifiées « d'amples, élégantes et fortes » (l8) démontrent également un certain génie architectural. Le deuxième superlatif gratifiant l'organisation militaire allemande vient d'une part congratuler l'armée germanique mais également les cerveaux à l'origine d'une telle hiérarchie, et donne au pays à les fois les « muscles » par la force et l'armée et le « cerveau » par l'organisation de l'Etat fédéral et ses accomplissements civils. Ouvertement exagérée, les évocations successives de la peur excessive des allemands pour le peuple français vient démontrer toutefois une

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