Courrier international

Courrier international est une publication du pôle Magazine du groupe La Vie-Le Monde. Conçu à l'automne 1987 par quatre Parisiens, Jean-Michel Boissier, Hervé Lavergne, Maurice Ronai et Jacques Rosselin, il finit par voir le jour le 8 novembre 1990, un an après la chute du mur de Berlin, grâce à deux investisseurs, Pierre Bergé et Guy de Wouters, de la Société générale de Belgique, qui investissent chacun 5 millions de francs (10 en tout) laissant aux fondateurs et leurs premiers soutiens 33% de la société. Entre temps, deux numéros zéro ont été imprimés. Le premier, de très grand format, en novembre 1997, photocopié en quelques exemplaires, va servir de base à une présentation à 300 personnes, famille et amis, début 1998 à la Maison de l'Amérique latine. Elle permet de recueillir un premier financement grâce à la méthode dite de « l'agenda multiplicateur », racontent Maurice Ronai et Jacques Rosselin, une sorte de crowdfunding avant l'heure. Parmi les premiers contributeurs les plus généreux, citons Christian Marchandise (100 000 francs), fondateur et dirigeant de Télémarket et Jean-François Lemoine, patron du quotidien Sud Ouest. L'argent collecté (environ 300 000 francs) est utilisé pour réaliser un second numéro zéro, tiré à quelques centaines d'exemplaires le 22 juin 1988, réaliser une étude de marché avec Ipsos et réaliser des dossiers de prospection. Plusieurs des membres de l'équipe du journal participeront à la réalisation du numéro zéro, dans les locaux de la société Intellexis, rue Bréguet à Paris. Près d'une centaine d'investisseurs potentiels sont rencontrés entre septembre 1988 et décembre 1990, sans succès, parmi eux, l'ensemble des groupes de presse français. Les deux premiers actionnaires de Courrier International sont contactés pour la première fois en septembre 1989, grâce à Eric Ghebali, proche de Maurice Ronai et de Jacques Rosselin. Il est alors secrétaire général de SOS Racisme et proche de Pierre Bergé. C'est par le truchement de Tony Dreyfus, avec qui il est également en contact, que les fondateurs entrent en contact avec Hervé de Carmoy, président de la Société générale de Belgique, qui les met aussitôt en contact avec Guy de Wouters.

L'hebdomadaire se vend à 30 000 exemplaires à son premier numéro, mais chute rapidement à quelques milliers d'exemplaires début 1991. C'est donc surtout grâce à un plan ambitieux et précis mis au point par Hervé Lavergne qu'il va connaître un succès progressif et croissant, surfant sur une actualité internationale très dense, notamment la première guerre du Golfe qui éclate le 17 janvier 1991 et les événements en Russie. Ainsi, les numéros publiés pendant la guerre du Golfe, qui démarre en janvier 1991, et qui traduisent des journaux arabes interdits en France1, connaissent un grand succès médiatique. Ce sont ces grands événements internationaux qui mettront en évidence l'intérêt du concept : le putsch en Russie décrit par les journalistes russes, les élections en Algérie vues par la presse arabe, le référendum de Maastricht vu par la presse européenne, etc. Courrier International est par exemple le premier journal français à faire sa couverture sur Clinton en 1991, alors qu'il est inconnu en France, anticipant sur sa victoire aux primaires, grâce à un article du New

...