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La comédie sociale dans “Les caractères” de La Bruyère

Dissertation : La comédie sociale dans “Les caractères” de La Bruyère. Recherche parmi 298 000+ dissertations

Par   •  10 Mars 2024  •  Dissertation  •  2 504 Mots (11 Pages)  •  39 Vues

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La comédie sociale dans “Les caractères” de La Bruyère

Au XVIIè siècle, La Bruyère, à travers ses “Caractères”, se voit associer le titre de moraliste, dressant, sous la présentation d’une suite de maximes, et par le biais d’une série de portraits, une analyse des vices et travers de la société de son époque, dans l’espoir que les hommes s’en débarrassent et se tournent vers la vertu. En effet, précepteur du petit-fils du grand Condé, La Bruyère vit au contact de la Cour et bénéficie donc d’un lieu idéal d’observation. Dans sa préface l’auteur se présente subtilement comme un observateur et prévient son public de ce qui l’attend : “Je rends au public ce qu’il m’a prêté; j’ai emprunté de lui la matière de cet ouvrage.”

“Les Caractères,” ouvrage publié pour la première fois en 1688 et appartenant au classicisme, est donc une exploration profonde et satirique des comportements humains au XVIIè siècle. La Bruyère y dénonce la comédie sociale : sur le théâtre du monde, chacun essaie de passer pour ce qu’il n’est pas. Les hommes vivent dans l’hypocrisie permanente et s'éloignent de l’idéal de l’honnête homme : celui-ci incarne le modèle social idéal, étant homme du monde et de la Cour, il respecte les usages et se comporte avec bienséance. Il s'intéresse aux arts et aux sciences et se conduit selon la raison, il a de nombreuses vertus morales.

En visant à procurer du plaisir au lecteur, La Bruyère cherche à instruire par le rire. Nous nous interrogerons donc sur la question suivante : comment La Bruyère dresse-t-il un portrait critique de la société de son temps en mettant en évidence la comédie sociale dont il est le témoin à Paris? La première partie traitera de l’hypocrisie, la seconde de la notion d’être et de paraître, et il s’agira dans un troisième temps d’étudier l’absurdité des comportements dont La Bruyère est témoin.

La première dimension de cette comédie sociale réside dans la dénonciation de l'hypocrisie qui gangrène la société de l'époque. « Hypocrite » du grec hupokritês veut dire acteur cela nous rapporte au sujet traité par le moraliste. Observateur averti, il dépeint des figures marquées par la fausseté et la duplicité.

Dans "Les Caractères" de La Bruyère, plusieurs portraits satiriques et figures hypocrites sont présentés à travers une observation minutieuse de la société de son époque. Il joue sur l'onomastique des noms de ses personnages. Les Pamphiles notamment, sont des personnages incarnant la fausse grandeur et s'opposent sur le plan moral aux critères de l’honnête homme. « Les Pamphiles […] gens nourris dans le faux, et qui ne haïssent rien tant que d’être naturels. » L’antithèse qui oppose « faux » et « naturels » marque l’hypocrisie de ses personnages.

Le personnage de l’hypocrite, une figure qui simule la vertu et la piété tout en dissimulant des intentions égoïstes et trompeuses, utilise des discours moralisateurs pour masquer sa véritable nature. On voit par exemple dans la remarque 57 du livre De la Société et de la Conversation que “La moquerie est souvent indigence d’esprit,” ce qui montre que dans le but de cacher sa profonde nature, dans ce cas la pauvreté d’esprit, des individus se tournent vers la critique d’autres individus, espérant ainsi qu’on ne verra pas leur propre ignorance et qu’ils ne se feront eux-même pas critiquer.

La figure de l’hypocrite peut prendre différentes formes, peut être reconnaissable en de nombreux profils, notamment, pour commencer, celui du flatteur, mis en avant par La Bruyère. Cet individu cherche à obtenir des faveurs en louant exagérément les qualités de son interlocuteur. Derrière des paroles flatteuses, se cache souvent une stratégie calculée pour parvenir à ses propres fins. Cette idée est très claire dans la remarque 12 du livre De la Cour, notamment par les expressions “Les cours seraient désertes, et les rois presque seuls, si l’on était guéris de la vanité et de l’intérêt” ainsi que “Les hommes veulent être esclaves quelque part, et puiser là de quoi dominer ailleurs”. Autrement dit, la Cour n’est guidée que par l’objectif d’obtenir telle ou telle contrepartie à leurs actions, chaque acte est motivé par l’intérêt.

Une autre figure de l’hypocrisie est celle du courtisan qui, tel que décrit par La Bruyère, adopte des comportements artificiels dans le seul but de plaire à la cour, mettant en avant des valeurs superficielles plutôt que des convictions profondes. On le voit dans la citation “La cour [...] est composé d’hommes fort durs, mais fort polis” (De La cour, remarque 10) ; les courtisans seraient bien apprêtés et respectables d’un point de vue extérieur, mais cette apparence ne servirait qu’à cacher un esprit dépourvu de toute intelligence ou autres vertues.

L’hypocrite a deux visages, d’après La Bruyère : celui qu’il dévoile dans l’intimité et celui qu’il montre en public. Seules les personnes respectables, confiantes, et correspondant au modèle de l’honnête homme, osent affirmer leurs relations. La remarque 30 du livre De la Cour illustre cette idée de double-face, grâce à la citation suivante : “Combien de gens vous étouffent de caresses dans le particulier, vous aiment et vous estiment, qui sont embarrassés de vous dans le public”. En effet, l’hypocrite ne veut pas risquer de subir un jugement susceptible de le mettre en difficulté dans sa recherche de popularité, de mettre en péril sa réputation, en étant vu avec quiconque n’étant pas Grand.

Ces portraits démontrent la diversité des figures hypocrites que La Bruyère a choisi de présenter dans "Les Caractères". Chacun de ces personnages contribue à la satire sociale proposée par l'auteur en soulignant les différentes facettes de l'hypocrisie qui étaient présentes dans la société du XVIIe siècle.

Ce qui nous amène à notre seconde partie, traitant de la notion d’être et de paraître. En effet, au 17éme siècle, cette hypocrisie sociale ne se faisait jamais mieux ressentir qu'en contact direct avec les grands de la société. Le moraliste représente ces comportements comme opposés à celui de l’honnête homme pour en montrer les défauts. Chacun cherchait à renvoyer aux autres une image de lui-même pouvant parfois être trompeuse de la réalité, comme on le voit dans la remarque 26 du livre Des grands, par laquelle La Bruyère décrit les “Grands de la Cour” comme ayant une “part [...] pour paraître ce qu’ils ne sont pas, et pour ne point paraître ce qu’ils sont”. De même,

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