Introduction au droit et à l’organisation judiciaire
Cours : Introduction au droit et à l’organisation judiciaire. Recherche parmi 302 000+ dissertationsPar mwaff • 14 Septembre 2025 • Cours • 2 932 Mots (12 Pages) • 15 Vues
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📚 Introduction au droit et à l’organisation judiciaire
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1. Qu’est-ce que le droit ?
Le droit peut être défini comme l’ensemble des règles qui organisent la vie en société. Ces règles ne sont pas seulement des prescriptions abstraites : elles sont indispensables au bon fonctionnement d’un groupe humain, car sans elles, il n’existerait ni sécurité ni stabilité. Dans une société dépourvue de règles de droit, chacun serait tenté de faire sa justice soi-même, d’imposer sa volonté par la force, ce qui conduirait rapidement au chaos. Le droit apparaît donc comme une condition fondamentale de la vie en commun. En ce sens, on peut dire qu’il est à la fois un instrument d’ordre, puisqu’il permet d’éviter les conflits ou de les résoudre pacifiquement ; un outil de protection, car il défend les individus contre les abus des autres mais aussi de l’État ; et un moyen de justice, puisque son objectif ultime est de garantir une certaine équité entre les membres de la collectivité.
Dès l’Antiquité, les penseurs avaient déjà saisi cette dimension : Aristote disait que « l’homme est un animal politique », ce qui signifie qu’il ne peut vivre qu’en société, et qu’il faut donc des règles communes pour réguler cette vie. Ces règles sont aujourd’hui incarnées par le droit.
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A. Droit objectif et droits subjectifs
1. Le droit objectif
Le droit objectif désigne l’ensemble des règles juridiques applicables dans une société donnée, à un moment donné. Ces règles s’imposent à tous les individus, qu’ils soient riches ou pauvres, puissants ou modestes. Elles sont impersonnelles, ce qui signifie qu’elles ne visent pas un individu en particulier, mais une catégorie de situations.
Un exemple particulièrement symbolique est l’article 6 de la Déclaration des droits de l’homme et du citoyen de 1789, rédigée au début de la Révolution française : « La loi doit être la même pour tous, soit qu’elle protège, soit qu’elle punisse. » Cette disposition marque la fin des privilèges de l’Ancien Régime, où la noblesse et le clergé bénéficiaient de droits particuliers. En 1789, les révolutionnaires affirment que la loi est la même pour tous les citoyens : c’est la naissance d’un droit égalitaire, qui constitue la base de notre système juridique moderne.
Autre illustration : l’article 1er du Code civil, qui dispose que la loi n’entre en vigueur qu’après sa publication au Journal officiel. Cela peut sembler technique, mais c’est essentiel : une loi ne peut pas être appliquée tant que les citoyens ne sont pas censés en avoir connaissance. Ce principe empêche l’État d’appliquer secrètement des règles que personne ne connaît.
Ainsi, le droit objectif apparaît comme une charte commune : il fixe les règles générales de la vie collective, au-dessus des intérêts particuliers.
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2. Les droits subjectifs
Les droits subjectifs, quant à eux, représentent les prérogatives reconnues aux individus par le droit objectif. Ce sont les droits que chaque personne peut invoquer et utiliser dans sa vie quotidienne.
Par exemple, l’article 544 du Code civil, rédigé en 1804 dans le fameux « Code Napoléon », définit le droit de propriété comme « le droit de jouir et de disposer des choses de la manière la plus absolue, pourvu qu’on n’en fasse pas un usage prohibé par les lois ou par les règlements ». Ici, Napoléon Bonaparte et ses juristes voulaient assurer aux citoyens, après les bouleversements de la Révolution, la garantie que leurs biens ne pourraient pas être arbitrairement confisqués par l’État ou par un seigneur, comme c’était le cas sous l’Ancien Régime. La propriété devient ainsi un droit subjectif fondamental.
Un autre exemple, beaucoup plus récent, se trouve dans l’article 16-1 du Code civil, introduit par la loi de bioéthique de 1994 : « Chacun a droit au respect de son corps. » Ce texte est né dans un contexte très particulier : les progrès scientifiques en matière de médecine et de génétique (notamment les greffes, les dons d’organes et la possibilité du clonage) posaient de nouvelles questions éthiques. Le législateur a donc voulu affirmer que, même face aux avancées scientifiques, la dignité humaine doit rester une limite absolue : on ne peut pas vendre son corps ou en disposer comme d’un simple objet.
En résumé, on peut dire que le droit objectif produit des règles générales, tandis que les droits subjectifs en sont la traduction concrète pour les individus, en leur permettant de revendiquer des droits dans leur vie de tous les jours.
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B. Caractéristiques de la règle de droit
1. Elle est générale et impersonnelle
Une règle de droit n’est jamais écrite pour une seule personne. Elle s’applique à tous, de manière uniforme. Cela garantit l’égalité devant la loi. Ainsi, l’article L1110-1 du Code de la santé publique proclame : « Toute personne a droit à la protection de sa santé. » On ne dit pas « Jean Dupont a droit à la santé », mais « toute personne », ce qui inclut chaque individu, sans distinction de sexe, d’origine ou de richesse.
2. Elle est obligatoire et sanctionnée
Contrairement à la morale ou à la religion, le droit est assorti de sanctions organisées par l’État. Celui qui ne respecte pas la règle s’expose à une punition. Par exemple, l’article 311-1 du Code pénal définit le vol et prévoit des peines d’amende et de prison pour l’auteur. De même, l’article 1103 du Code civil dispose que « les contrats légalement formés tiennent lieu de loi à ceux qui les ont faits » : si une personne ne respecte pas les termes d’un contrat, elle peut être condamnée par un tribunal à payer des dommages-intérêts.
Cette sanction distingue le droit de la morale ou de la religion. Mentir à un ami est immoral, mais ce n’est pas puni par la loi. Manger de la viande un vendredi peut être interdit par la religion catholique, mais ce n’est pas sanctionné par un juge. En revanche, voler est à la fois immoral et illégal, et entraîne une sanction pénale.
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