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Un hémisphère dans une chevelure

Commentaire de texte : Un hémisphère dans une chevelure. Recherche parmi 298 000+ dissertations

Par   •  13 Octobre 2020  •  Commentaire de texte  •  1 567 Mots (7 Pages)  •  742 Vues

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  1. Comment le poète exprime-t-il son désir fou pour cette chevelure ?
  2. Montrez que la chevelure décrite est propice au voyage de l’esprit
  3. Dans la strophe 6 Baudelaire rapporte l’ivresse de ses sensations nourries par la chevelure. Quel sont les sens convoqués ? Quel vers plus hait dans le poème évoquait déjà cette synesthésie (association et mélange des sens) ?
  1. Comment le poète exprime-t-il son désir fou pour cette chevelure ?

L’analyse du désir fou du poète pour cette chevelure nécessite une approche minutieuse des champs lexicaux principaux qui nous guident par la sublimation de la chevelure de la femme aimée qui n’est autre que sa maîtresse, métisse, Jeanne Duval. L’inspiration exotique est fréquente chez l’auteur et conduit dans ce poème dans 3 axes distincts qui vont lui faire élever la réalité physique en vision imaginaire sensuelle, pour enfin la transformer en expérience mystique.

En conséquence le désir fou pour cette chevelure représente l’amour qu’il voue à sa bien-aimée dans un champ lexical empreint de réalités physiques qui sous-tendent des pulsions d’une forte sensualité. L’expression de cette sensualité se retrouve dans les occurrences relatives au temps : ‘durée’, ‘longtemps’/’longtemps’, ‘où se prélasse l’éternelle chaleur’.

La sensualité est exprimée par des contacts physiques : ‘visages/cheveux’ ; et par ‘homme altéré/source’ comparaison qui symbolise le désir ; ‘mordre’, ‘mordiller’, ‘manger’ font allusion à la bouche qui participe à la sensualité de la femme.

Nous notons 3 anaphores essentielles : ‘l’océan de ta chevelure’ ; ‘les caresses de ta chevelure’ ; ‘lardent foyer de ta chevelure’. L’effet de gradation exprime fortement le désir fou. De même la présence de la chevelure dans l’ensemble des paragraphes est signifiant de la force de ce désir. D’ailleurs la synecdoque rapprochant ‘cheveux’/’chevelure’ exprime une forte sensualité allant jusqu’à la folie de l’auteur.  Nous remarquons que la construction cyclique du poème en prose conduit à une constante relecture comme pour suspendre le temps, ‘laisse-moi respirer longtemps, longtemps’ introduit le poème, ‘laisse-moi mordre longtemps (…) le ferme ; le premier faisant écho au dernier et réciproquement comme un mouvement perpétuel. Ce désir de renouvellement incessant exprime délicatement le désir fou de l’amoureux transi.

La réalité physique va ensuite se trouver sublimée lorsque l’auteur la superposera à son propre imaginaire. C’est ainsi que ‘son parfum énivrant’ ; ‘l’odeur des cheveux’ évoquent à la fois l’attachement viscéral de l’auteur à la femme aimée mais aussi à son atavisme avec l’exotisme. Rappelons à dessein que la maîtresse de Baudelaire est une métisse. De cette sublimation imaginaire, Baudelaire va enchaîner sur un champ lexical propre au voyage. La métaphore du mouchoir rend les odeurs de la chevelure bien réelle en leur associant au départ pour un voyage dont la destination est exotique. La sublimation est exprimée par un champ lexical précis : ‘mon âme voyage’ ; ‘un rêve plein de voilures et de mâtures’ ; ‘le roulis imperceptible du port’ ; ‘grandes mers’ ; ‘l’océan de ta chevelure’ [métaphore] ; ‘beau navire’. Le désir fou de Baudelaire pour la chevelure de l’être aimée sera le fil conducteur de ses rêveries en forme de sublimation du réel. L’amour et le désir sont véritablement à leur paroxysme.

Le troisième axe lexical nous conduit dans une dimension spirituelle où rien ne s’arrête jamais mais dure toujours. Nous notons l’expression de la lenteur du temps suspendu dans ‘longtemps, longtemps’ ; ‘les langueurs des longues heures passées’ ; ‘bercé par le roulis imperceptible du port’. A cette lenteur vient s’ajouter en point d’orgue l’évocation formelle de l’absolu par l’emploi d’expressions relatives à la totalité, ‘tout’ et ‘toutes’ sont à cet effet multipliés ; ‘l’infini de l’azur’ nous porte aux cieux ; ‘l’espace est plus bleu’ où l’espace est la synecdoque de la création ; ‘le ciel immense’ manifeste la suprématie du spirituel sur l’humain.

C’est donc par l’emploi de champs lexicaux bien spécifiques que Baudelaire exalte l’amour humain, sensuel, physique, manifestant son amour fou pour la femme qu’il aime ; puis l’amour sublimé par les rêveries provoquées par cette chevelure, et enfin la durée infinie voire éternelle de cet amour fou.

  1. Montrez que la chevelure décrite est propice au voyage de l’esprit

La chevelure à elle seule a le pouvoir de faire surgir une multitude de souvenirs, ce qui apparaît dès le premier paragraphe avec la métaphore utilisée ‘pour secouer les souvenirs dans l’air’. Inéluctablement Baudelaire fait l’analogie entre le mouchoir que l’on agit pour saluer le départ d’un navire voire d’un train et les cheveux.

Les fragrances qui s’échappent tant du mouchoir que des cheveux sonnent comme des rappels à l’esprit ; rappels qui sont ceux de voyages lointains et exotiques.

Une autre figure d’analogie plus puissante encore se trouve à la fin du texte en prose dans une nouvelle métaphore ‘manger les souvenirs’. Ce procédé a pour effet d’associer directement la réalité des cheveux au voyage de l’esprit, c’est-à-dire dans un premier temps, aux souvenirs prégnants.

D’ailleurs dans le 5° paragraphe nous lisons ‘je retrouve les langueurs des longues heures passées’ qui montre sans ambiguïté que par la chevelure, il voyage par l’esprit immergé dans ses souvenirs passés, les impressions qu’il a pu ressentir.

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