LaDissertation.com - Dissertations, fiches de lectures, exemples du BAC
Recherche

Lugares Y formes De Poder

Mémoire : Lugares Y formes De Poder. Recherche parmi 298 000+ dissertations

Par   •  24 Mars 2014  •  2 658 Mots (11 Pages)  •  715 Vues

Page 1 sur 11

L’introduction est, avec les deux préfaces (surtout celle de 1787), le passage le plus important pour comprendre le projet général de Kant dans la Critique de la raison pure. En outre, c’est dans l’introduction que sont exposés et définis pour la première fois deux couples terminologiques fondamentaux (et les plus connus de la pensée kantienne) : jugement analytique et jugement synthétique d’une part, forme a priori et forme a posteriori du jugement, d’autre part.

On doit commencer par distinguer les jugements analytiques des jugements synthétiques. Un jugement analytique est une proposition dans laquelle on lie deux concepts (par exemple « x est la cause de y », ou bien : « x a la qualité y », etc.) mais simplement en analysant (c’est-à-dire en explicitant) un des deux concepts. Par exemple si je considère le jugement : « les célibataires ne sont pas mariés », je lie deux concepts (« célibataire » et « pas marié ») mais le prédicat « pas marié » est déjà contenu dans le sujet de la phrase « célibataire ». Le jugement « les célibataires ne sont pas mariés » n’est donc pas une connaissance au sens précis du terme : il ne nous apprend rien sur le monde, il s'agit juste d'un jugement analytique (le prédicat est déjà contenu dans le sujet, et la proposition « les célibataires ne sont pas mariés » n'a, de ce fait, que rendu explicite ce qui était implicite).

Il existe un deuxième type de jugements : ce sont les jugements synthétiques. À la différence des jugements analytiques qui sont nécessairement a priori (en ce qu'aucun recours à l'expérience n'est nécessaire pour les formuler, une explicitation de l'implicite est la seule opération qu'ils permettent d'accomplir), les jugements synthétiques lient ensemble deux concepts qui ne sont pas évidemment liés. Ce sont pour Kant les seuls jugements qui sont, à proprement parler, producteurs de connaissance. Ils peuvent, eux, être ou bien a posteriori ou bien a priori. Autrement dit : ou bien les jugements synthétiques exigent, pour pouvoir être formulés, un détour par l'expérience, ou bien non. Si par exemple, à propos d'une table qui est effectivement en laiton, je formule le jugement : « cette table est en laiton », il est "clair" que ce n'est que parce que j'ai fait usage de mes sens (et, plus précisément, du "sens externe") que j'en arrive à la formulation de ce jugement. Dans cette perspective, on peut dire que le jugement est synthétique. Il opère la synthèse de deux concepts (le concept de « table » et celui de « laiton ») qui ne sont pas nécessairement liés. Bref, c'est le détour par l'expérience (sensible) qui m'a permis d'en opérer la synthèse.

Une connaissance est donc a posteriori quand elle est le résultat de l’expérience. L'ensemble des connaissances physico-mathématiques (classiques) ne répondent ni à la forme des jugements analytiques (a priori — et on comprend pourquoi, parce que ces derniers ne sont pas producteurs de connaissance) ni à la forme des jugements synthétiques a posteriori, ces derniers restent singuliers, ne relèvent que des cas. Les jugements de connaissance sont "universels", du moins est-ce là aux yeux de Kant la "vertu" qu'ils doivent présenter pour être entendus comme absolument vrais (pour Kant la connaissance est soutenue par un critère d'universalité). Ils requièrent de ce point de vue un autre type d'élaboration, c'est celle qui est fournie dans une nouvelle forme, celle des jugements synthétiques a priori. Ces derniers ne s'arrêtent pas au détour indispensable par l'expérience (comme la mécanique galiléenne nous l'enseigne). Ils se soutiennent surtout d'une "idéalisation de l'espace physique" dans laquelle on retrouve les grandes règles de la mathématique pure, règles précisément découvertes comme productrices de connaissance a priori. C'est ainsi que si la somme des angles d'un triangle est égale à l'angle plat, c'est en vertu d'une démonstration qui me permet de lier ensemble les concepts initialement hétérogènes de « triangle » et d'« angle plat », mais cette connaissance ne passe pas, à proprement parler, par l'expérience. La mécanique, en tant qu'elle va, par exemple, étudier la chute des mobiles sur les plans inclinés relativement à des règles qui se rapportent à l'angle du plan incliné, la vitesse d'accélération du mobile, etc., fait usage de rapports proprement mathématiques, issus de la géométrie euclidienne, et s'attache donc, de la même manière, à des connaissances a priori. Dans cette perspective, il apparaît que l'enjeu de la fameuse question « comment des jugements synthétiques a priori sont-ils possibles ? » est d'avérer que la physique ne peut être qu'une physique mathématique.

Esthétique transcendantale[modifier | modifier le code]

Le terme d'esthétique vient du grec ancien aisthêtikós (« qui perçoit par les sens, perceptible »). Kant va donc dans cette partie faire l'étude de la sensibilité, qu'il définit comme la faculté de recevoir des représentations des objets matériels qui nous affectent. L'entendement se définit par contraste comme la faculté des concepts qui nous permettent de penser ces objets; son étude consistera non pas dans une esthétique mais dans une logique (voir logique transcendantale). L'esthétique sera dite transcendantale parce qu'elle prétend ne faire l'étude que des principes a priori de la sensibilité. La thèse de Kant est en effet qu'il existe un cadre a priori dans lequel les objets nous sont originairement donnés et qui permet leur représentation. C'est ce que Kant nomme l'intuition pure (c'est-à-dire a priori et non mêlée d'expérience). Selon lui, même si on enlève à un objet toutes ses caractéristiques extérieures (sa couleur, sa dureté, sa divisibilité), il en reste toujours quelque chose : l'étendue et la figure, qui constituent la forme pure d'un objet, indépendante de toute expérience, de toute sensation. Kant va dès lors tenter de montrer qu'il existe un cadre a priori de l'intuition, ce qu'il nomme les formes a priori de la sensibilité, l'espace et le temps. L'existence de ces formes pures de l'intuition serait donc une condition nécessaire, pour Kant, à la possibilité de constitution de connaissances synthétiques a priori par le sujet.

Kant va ensuite argumenter la thèse que l'espace et le temps sont bien des formes a priori qui tiennent "à la constitution subjective de notre esprit"

...

Télécharger au format  txt (17.1 Kb)   pdf (160.8 Kb)   docx (13.9 Kb)  
Voir 10 pages de plus »
Uniquement disponible sur LaDissertation.com