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Les sources d'incertitude dans une mesure sont de trois ordres

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Par   •  29 Mars 2015  •  1 865 Mots (8 Pages)  •  1 201 Vues

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Incertitudes et erreurs

I. Introduction

La précision absolue n'existe pas en physique

L'exactitude ultime d'une mesure ou de la valeur supposée d'une grandeur physique est une qualité inaccessible. Responsable ? L'incertitude

Christian Magnan - Collège de France, Paris

Les sources d'incertitude dans une mesure sont de trois ordres.

1 - La première est d'origine expérimentale et conduit à ce que l'on appelle les erreurs de mesure. Celles-ci sont liées aux conditions concrètes de l'expérience, jamais idéales et comportant inévitablement un certain nombre de facteurs impondérables agissant au hasard et impossibles à maîtriser de façon parfaite. Plus profondément, ces facteurs contingents prouvent l'impossibilité radicale de réaliser l'expérience « idéale » (c'est-à-dire finalement imaginaire) dont se réclame la théorie. Par exemple l'étude de la chute des corps exige que ceux-ci tombent dans le vide, alors que l'expérience concrète se déroulera forcément dans l'air, raréfié certes au maximum pour se rapprocher des conditions idéales, mais non inexistant. L'expérience idéale est un concept abstrait, pas un événement concret. Les conditions matérielles sont inhérentes au monde dans lequel nous vivons.

2- La deuxième source d'incertitude est de nature peut-être encore plus fondamentale. Elle est liée à la définition même de la grandeur à mesurer, toute définition finissant par perdre sa signification au-delà d'un certain stade lorsqu'on descend sur l'échelle du plus petit à la recherche d'une plus grande précision (ou résolution).

Un exemple va nous aider à comprendre cette idée : supposons que je veuille mesurer la longueur d'une table. À un centimètre près, pas de problème. Nous trouverons, mettons, 122 cm et nous exprimerons donc le résultat avec trois chiffres significatifs. Mais à un millimètre, ou un dixième de millimètre près ? La longueur de la table dépendra de l'endroit choisi pour la mesurer car à cette précision les bords ne seront sans doute ni rectilignes ni parallèles, de sorte que le concept de « longueur de table » demandera à être redéfini en tenant compte de cet élément nouveau. On pourra s'affranchir de ces difficultés, mais on en rencontrera d'autres à coup sûr, telles par exemple que la dilatation ou la contraction du matériau sous l'effet des variations de température de la pièce. On se rappelle à ce propos le luxe de détails qu'il fallait préciser dans la définition légale du mètre avant 1961, lorsqu'elle était basée sur l'étalon déposé aux bureau des poids et mesures de Sèvres. Supposons franchies avec succès un certain nombre d'étapes au cours desquelles il aura fallu, à chaque fois, affiner ou modifier la définition initiale. Nous voici maintenant à l'échelle atomique (avec la bagatelle de plus d'une dizaine de chiffres significatifs !). À ce moment, le concept de « longueur de table », même remanié plusieurs fois, deviendra totalement caduc car nous en arrivons maintenant à mesurer les dimensions d'un atome et non plus celles d'un système macroscopique solide. Le problème est donc tout autre que celui posé au départ. Le concept même de « table » se révèle inadéquat à cette échelle car il et impossible de définir en toute rigueur l'ensemble des atomes appartenant à cette table et l'ensemble des atomes extérieurs, ne serait-ce que parce qu'un échange perpétuel de matière se produit entre ces deux ensembles, insaisissables l'un comme l'autre. En fin de compte, la notion de « longueur de table » qui paraissait claire à l'origine aura fini par se vider de sa signification première.

3 - Il ne faudrait pas croire pour autant que la précision règne dans le domaine atomique où nous pourrions enfin cerner des objets élémentaires, bien isolés, insécables, et rencontrer enfin des grandeurs plus « exactes » susceptibles d'être définies et mesurées de façon rigoureuse. En vérité la situation y est encore pire car nous tombons ici sur la troisième cause d'incertitude, de nature encore plus fondamentale et irréductible que les précédentes.

En effet, on découvre en mécanique quantique, cette partie de la physique qui étudie le monde atomique, que la science ne peut décrire ce dernier qu'en termes de concepts probabilistes ouvrant une large part au hasard et à l'imprévisible. Dans ces conditions, c'est la notion même de mesure, et avec elle d'exactitude dans la mesure, qui est remise ne cause. L'incertitude est cette fois présente au cœur même de la théorie en faisant partie intégrante du formalisme utilisé.

La notion d'erreur heurte l'idée que l'on se fait couramment de la science, réputée exacte dans son appréhension du réel.

Certaines objections pourraient donc se présenter à l'esprit de ceux qui font confiance à cette réputation. Essayons d'y répondre pour dissiper des sources possibles de malentendus.

En premier lieu, rappelons que les nombres impliqués dans la discussion sont bien ceux qui caractérisent des grandeurs physiques, qui expriment une mesure; bref, qui se rapportent au réel. Je n'inclus pas les nombres sur lesquels agissent les calculs auxiliaires, qui se comportent différemment. On peut en distinguer deux sorte. Il y a d'une part les nombres qui interviennent dans le développement formel de la théorie. Ceux-là peuvent être considérés comme exacts puisque le calcul analytique manipule des nombres mathématiques et théoriques. Puis il y a ceux qui sont utilisés dans le courant des calculs numériques, que ceux-ci soient faits à la main, sur calculette ou ordinateur. Là il pourra s'avérer utile, voire indispensable, de conserver une quantité importante de chiffres significatifs, par exemple dans certains cas critiques une vingtaine, une trentaine ou même plus. En effet, une autre question se pose dans les calculs numériques, une question de précision liée à la longueur de nombre requise pour l'obtention d'une réponse correcte lors d'opérations numériques, la plus délicate d'entre elles étant d'ailleurs la soustraction. Soulignons cependant que si par hasard les calculs nécessitent des nombres très longs, en revanche, dans le résultat

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