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La poésie n'est-elle que le miroir de la vie du poète ?

Dissertation : La poésie n'est-elle que le miroir de la vie du poète ?. Recherche parmi 298 000+ dissertations

Par   •  3 Février 2022  •  Dissertation  •  2 001 Mots (9 Pages)  •  413 Vues

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Dissertation

Laporte

Nathan

2°B

Sujet : Hugo écrit dans la préface des Contemplations : “Quand je vous parle de moi, je vous parle de vous”. La poésie n'est-elle que le miroir de la vie du poète ?

Lors de la mort de sa compagne Eurydice, Orphée, figure mythique du poète, se laissa aller au chagrin. Il ne put s’empêcher de chanter son désespoir et sa tristesse et de faire connaître au monde sa souffrance. Le lyrisme poétique perdura à travers les âges et, au XIXe siècle, les poètes romantiques, blessés par la désillusion de la chute de Napoléon 1er et touchés par le “mal du siècle”, le portèrent à son apogée. Ainsi Victor Hugo, dans ses Contemplations exprime la douleur de la perte de sa fille Léopoldine. Ainsi Hugo écrit dans la préface des Contemplations : “Quand je vous parle de moi, je vous parle de vous”. La poésie n’est-elle que le miroir de la vie du poète ? Dans leurs poèmes, les poètes usent du “je” et du ”moi” lyriques pour exprimer leurs propres sentiments. Mais on remarque le parallélisme syntaxique de la citation qui rapproche le “moi” et le “vous”, nous invitant à nous questionner sur ce qui sépare réellement le poète de ses lecteurs. Le “miroir” renvoie quant à lui l’idée du reflet, opposant deux mondes semblables, si ce n’est identiques, positionnés de chaque côté de ce dernier : du côté du lecteur et du côté du poète. Enfin la “vie” dont il est question ne représente pas seulement le quotidien de l’auteur mais englobe tout ce qui le compose, ses pensées, ses douleurs, ses sentiments… Cela nous amène à nous demander comment la poésie lyrique peut être à la fois le reflet de l’intimité du poète mais en même temps celui de la vie de chaque lecteur ? Pour répondre à cette question, nous verrons que si la poésie est le jardin secret de son auteur, cela n'empêche pas le poète d’y emmener et d’y inclure son lecteur. Enfin nous verrons que le reflet commun au poète et au lecteur est en réalité celui de l’humanité.

La poésie est avant tout la propriété de l’auteur. Elle est un jardin secret et accessible à lui seul, où il déverse tout ce qu’il a de plus intime et qu’il ne peut exprimer publiquement. Elle devient alors le réceptacle des secrets de son âme, le reflet de son identité.

Lire un poème, c’est donc se plonger dans les souvenirs du poète. Ainsi, dans le neuvième poème du livre IV des Contemplations, Victor Hugo nous décrit comment se déroulait sa vie lorsque ses enfants étaient encore jeunes. Au départ simples sensations, les bribes du souvenir reviennent peu à peu à la mémoire d’Hugo, sous la forme d’images et de sons tandis qu’il les couche sur le papier. Les scènes de sa vie familiale quotidienne se succèdent au cours d’une journée, qui est la représentation de sa vie. De la même façon, Baudelaire renvoie à son passé dans “La Vie Antérieure”, douzième poème de ses Fleurs du Mal. Il décrit précisément le lieu où il a habité, vécu, en s'attardant sur les décors et l’ambiance, détails qui marquent plus profondément la mémoire. Ainsi, le poème est un journal intime, où son auteur dépose les moments de sa vie qu’il ne veut pas oublier.

La poésie est également le bassin où le poète va déverser ses peines. Dans “N’écris pas…”, Marceline Desbordes-Valmore ordonne à son amant de ne pas lui écrire, par l’épiphore de la proposition impérative “N’écris pas !”. On perçoit aisément sa détresse, sa peur quant à la douleur que pourrait lui provoquer la remontée des souvenirs passés avec lui. La poésie est donc pour elle un exutoire où se débarrasser de sa souffrance. Il en va de même pour Musset, qui se lamente dans son poème élégiaque “Tristesse”. Il exprime une vraie désillusion : Musset se rend compte de la perte de son passé. Il énumère toutes les choses qu’il a perdu tels sa “force”, ses “amis”, sa “gaieté”, et décrit le moment où il a appris la triste vérité, au long de ce sonnet plaintif.

Enfin, la poésie est le lieu propice aux rêveries, comme le fait Lamartine dans “Crépuscule”, tiré de son recueil Alcools. Il nous y fait voir un spectacle à la limite de l’imaginaire, dont les frontières restent floues tout au long du poème. On s’aventure donc dans son inconscient, partie de l’esprit la plus instruisante sur une personne car vision de ses rêves, soit de ses pensées inavouées à lui-même. Mais ces rêves peuvent prendre une dimension plus spirituelle. Dans “Magnitudo Parvi”, dernier poème du livre III des Contemplations, Hugo se lance dans une croisière onirique de plus de 700 vers. Il développe sa pensée religieuse au milieu d’un récit : celui d’un pâtre qui, dans son extrême solitude, est le seul à pouvoir voir Dieu. Les métaphores et autres images envahissent le poème, et miment le rêve, d’apparence sans sens mais si révélateur du poète lorsque analysé. La poésie reflète donc l’image du poète, dans sa plus grande intimité puisque rassemblant ses souvenirs, ses souffrances et ses rêves, soit son passé, son présent et son futur souhaité… Cependant, le poète ne garde pas ce jardin parfaitement fermé, il n’hésite pas à inviter son lecteur à y entrer et à s’y reconnaître.

L’auteur laisse le lecteur découvrir son intimité. Et bien plus que de simplement le laisser faire, il le pousse à entrer et se reconnaître dans ses œuvres.

Afin de le guider à travers sa personne, le poète n’hésite pas à s’adresser directement à lui. Dans “Chanson”, quatrième poème du livre I des Contemplations, Hugo multiplie les questions à un “vous” qui se veut être le lecteur. Il attend de lui des réponses, essayant d’instaurer un dialogue avec lui. Le lecteur ainsi interpellé ne peut que se sentir concerné par ce que demande le poète. L’on retrouve cet effet dans le poème “Un Fantôme”, des Fleurs du Mal de Baudelaire, qui pour attirer l’attention du lecteur, n’hésite pas une seule seconde à l’apostropher par la tournure emphatique “Lecteur, as-tu quelquefois respiré

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