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La famille Armani

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Par   •  26 Mars 2014  •  Analyse sectorielle  •  3 869 Mots (16 Pages)  •  923 Vues

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CAS ARMANI

La famille Armani était originaire de la région traditionnellement pauvre et agricole de Petrovina, ville de 90 000 habitants située à cinquante kilomètres au nord de Mascarpone. En 1945, après le décès précoce de leur père, un petit entrepreneur malchanceux, Matteo et Anna Armani quittèrent l’école pour aider leur mère, brodeuse, à nourrir ses quatre enfants. Dès quatorze ans, Matteo devint vendeur dans une boutique de confection de Petrovina, pendant que sa sœur était ouvrière dans une manufacture textile. En 1955, une machine à tricoter difficilement acquise – la légende veut que Matteo ait été obligé de vendre son accordéon et la bicyclette de son frère pour rassembler les 300 000 lires nécessaires – permit à Anna de produire à plein temps, avec l’aide des deux cadets Michele et Tomasino, 5 modèles de pulls déclinés en 36 couleurs sous la marque « Trevice ». Matteo, âgé de vingt ans, les vendait après son travail, y compris à son employeur. En 1956, les Armani achetèrent une deuxième machine, installèrent un atelier près de la maison familiale et embauchèrent quelques jeunes des environs. Peu après, à la suite d’un voyage en Ecosse, Matteo adapta une technique de battage de la laine brute permettant d’obtenir une douceur proche de celle du cachemire et s’équipa de nouveaux métiers circulaires. En 1964, un ami de la famille ouvrit la première boutique consacrée exclusivement à Trevice. En 1965, la reprise d’une manufacture de laine de Monti Ponti, petite ville située à quelques kilomètres de Petrovina, marqua le début de l’activité industrielle de Armani.

En 1968, trois boutiques indépendantes furent ouvertes en Italie et en 1969 la première boutique étrangère fut implantée à Paris. Le concept d’ensemble – style des vêtements, organisation de la production et de la distribution – était alors en place. En 1972, une gamme de vêtements en jeans fut créée, avec l’ouverture d’une deuxième usine à Turino, puis en 1975 une collection de tricots de coton fut lancée, avec la mise en service de l’usine de Cortini. En 1976 il existait 600 boutiques en Italie (80 % des exportations se faisaient alors vers la France) et entre 1980 et 1995, on compta la moyenne étonnante d’une ouverture de magasin Armani par jour dans le monde. De 1982 à 1997, le chiffre d’affaires fut multiplié par 7,6 et le bénéfice par 13,9.

À la fin des années 1990, l’activité textile de Armani, qui avait pris son slogan commercial

« Bella Armani » pour marque principale, était présente dans 110 pays, employait 6 000 personnes, dont 3 000 en Italie – mais en faisait travailler directement plus de 70 000 –, comportait treize usines, vendait à 50 millions de clients 83 millions d’articles répartis en 7 500 modèles dans ses 7 000 points de vente, réalisait 70 % de son chiffre d’affaires à l’exportation (c’était la première enseigne étrangère aux Etats-Unis, avec une croissance annuelle de 15 à 20 %) et était cotée à Milan, Londres, Francfort et New York.

Le groupe comprenait trois marques principales : Bella Armani (ciblé sur les 15-25 ans), 012 (enfants) et Sisley (plus de 25 ans). Il avait cédé de nombreux accords de licences pour des cosmétiques, des montres, des lunettes, du linge de maison, des sous-vêtements, des chaussures, de la papeterie, des articles de puériculture, des couches culotte, des préservatifs et même une série limitée de Renault Twingo. Grâce aux considérables profits générés par son activité textile, Armani s’était diversifié dans le sport, avec le rachat des chaussures de ski Salomon, des raquettes Wincher et Starblizst, des clubs de golf Langert et des balles Nitro, des skis et des VTT Kästle, des chaussures de montagne Asolo, des snowboards Killer Loop et des patins à roulettes Rollerblade, mais aussi de quelques clubs de sport, dont les équipes de basket, de rugby et de volley-ball de Petrovina, l’écurie de moto Armani-Honda, et l’écurie de Formule 1 championne du monde en 1994 et 1995. Enfin, Armani était propriétaire – hobby de Matteo, élu sénateur de la République Italienne de 92 à 94 de 900 000 hectares en Patagonie, à 1 800 kilomètres au sud-ouest de Buenos Aires, où paissent 280 000 moutons mérinos, ainsi que d’une plantation de coton au Texas, par l’intermédiaire de sa filiale Trapemex Inc. Armani était d’ailleurs le premier acheteur mondial de laine, avec une consommation quotidienne de plus de 70 tonnes de fil.

Au début des années 2000, si l’activité textile ne représentait plus que 2,1 milliards d’euros de chiffre d’affaires sur un total de 7 milliards (avant intégration de Taramni et de Telecom Italia), elle était encore le cœur historique et affectif de l’entreprise, car c’était elle qui avait fait de la fortune personnelle des Armani une des premières d’Italie. En juillet 2001, le groupe Armani annonça qu’il avait pris – en partenariat avec Casiraghi – le contrôle de Taramni et de TeCItalia, dont Michele Armani fut immédiatement nommé vice-président. Cette prise de participation massive n’était pas la première pour Armani, qui était déjà propriétaire d’Italstrade, le premier réseau d’autoroutes italien, ainsi que du groupe de restauration rapide Italgrill, présent dans toute l’Europe et aux États-Unis. Trapem Holding, le holding familial des Armani, était également présent dans Grandi Stazioni (la société qui regroupait les treize plus grandes gares italiennes), dans l’aéroport de Palerme et dans les sociétés municipales de services collectifs de Rome et de Parme. Au début des années 2000, la famille Armani était devenue une des plus puissantes du capitalisme italien.

Le succès de Armani, dont la vocation était d’être « une entreprise industrielle de mode », reposait sur un système de création, fabrication et distribution qui en faisait l’une des plus vastes entreprises virtuelles internationales. L’ensemble de la chaîne de valeur était touché par l’externalisation. L’organisation de la production permettait à l’entreprise de conserver la réactivité indispensable aux entreprises soumises aux phénomènes de mode, tout en atteignant une efficience comparable à celle d’une grande industrie. A l’origine, le développement de l’entreprise fut permis par une innovation technologique radicale mise au point par Matteo et un teinturier de Petrovina en 1963 : la teinture en plongée. Les pulls Armani étaient tricotés avec de la laine de couleur naturelle (écrue), stockés, puis teints au dernier moment, par plongée dans un bain de colorant, selon les goûts et la mode qui prévalaient lors de leur mise

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