« Je te le dis en vérité, Nathanaël, chaque désir m'a plus enrichi que la possession toujours fausse de l'objet même de mon désir. » Les Nourritures terrestres (1897) de André Gide

« Je te le dis en vérité, Nathanaël, chaque désir m'a plus enrichi que la possession toujours fausse de l'objet même de mon désir. »

Les Nourritures terrestres (1897) de André Gide

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        Dans une société totalement axée sur la consommation toujours plus rapide, toujours plus diverse, une phrase d’André Gide nous revient « Je te le dis en vérité, Nathanaël, chaque désir m'a plus enrichi que la possession toujours fausse de l'objet même de mon désir », in Les Nourritures terrestres (1897). Si l’on en croit cette phrase, nous sommes condamnés à ne jamais trouver le bonheur dans cette société qui est actuellement nôtre. Nous consommons en effet sans même y penser. André Gide nous affirme que le désir qu’on éprouve est plus important que la possession, cependant Spinoza disait « le désir est l’essence de l’homme », ce qui lui donne envie de vivre. Gide a-t-il raison de nous asséner cette vérité trans-historique ? Le désir c’est d’abord avoir un manque par rapport à un objet imaginé ou réel et qui doit être source de satisfaction, il n’est pas lié à une nécessité vitale. L’aboutissement du désir est supposé être le bonheur, le plaisir. Le désir est particulier et donc propre à chacun. Il existe six grands désirs qui animent les hommes et correspondent en même temps à six des sept péchés capitaux répertoriés par la religion chrétienne : le désir de nourriture : la gourmandise, le désir de la chair : la luxure, concupiscence, le désir de l'argent : la cupidité, le désir du pouvoir : l'envie et le désir des honneurs : l'orgueil. À cela on peut ajouter le désir spirituel ou le désir de vérité, le désir de connaître, lié au plaisir de chercher et de trouver, au plaisir extatique de la transcendance, du dépassement de soi. André Gide n’a-t-il jamais éprouvé de plaisir en possédant l’objet de ses désirs ?                                                                                                      Ainsi, pour être heureux il faut se demander si il est nécessaire de satisfaire tous ces désirs ou on contraire y renoncer en totalité. Ou bien, faut-il savoir les maîtriser ?

Je pense que si l’on interrogeait les parents qui ont désirés leur enfant pendant longtemps et qui se sont battus pour en avoir un, et ceux qui n’ont pas réussis, malgré leur désir tout aussi présent, les plus heureux seraient ceux qui ont assouvi leur désir d’enfant. Au contraire, à force de trop désirer, le désir peut s’estomper, si une femme désire un homme pendant trop longtemps, son désir faiblira jusqu’à ne plus exister. C’est le genre de désir qu’on préfère assouvir. Ne jamais faire l’amour parce que désirer l’autre enrichi plus que la possession de l’être aimé par l’acte sexuel ne parait pas réalisable, céder à ce désir nous rendra plus heureux. Ne pas y céder entraînera de la frustration, et n’enrichira personne.

Accomplir tous ses désirs parait irréalisable, dans la mesure où à chaque fois qu’un désir est assouvi, un autre prend sa place. Dans le Gorgias de Platon, celui-ci compare la vision du plaisir de deux philosophe, il fait une analogie avec le mythe des Danaïdes, condamnées par les dieux à remplir un tonneau percé en enfer. Spinoza dit que les désirs sont le moteur de l’humain, ils guident ses choix, comment s’orienter, cette perspective du plaisir guide l’homme. L’homme d’aujourd’hui pense qu’en achetant la dernière mode ils seront plus heureux plus épanouis, seulement la mode change tellement souvent, qu’il est impossible de tout acheter.

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