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Critique Alcools - Apollinaire

Compte rendu : Critique Alcools - Apollinaire. Recherche parmi 298 000+ dissertations

Par   •  7 Novembre 2019  •  Compte rendu  •  1 300 Mots (6 Pages)  •  1 167 Vues

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« Sous le pont Mirabeau coule la Seine » : beaucoup connaissent ce vers issu de Alcools sans même avoir lu ce recueil de Guillaume Apollinaire. Apollinaire est maintenant reconnu comme un auteur classique et il occupe désormais une place importante dans l'histoire de la littérature française. Ce statut ne doit pourtant pas faire oublier l'originalité d'Alcools, un recueil de 30 poèmes inspirés principalement des femmes, de l’expérience personnelle de l’auteur, ainsi que de la nature et de la ville urbanisé, et qui fut publié en 1913. Non seulement Apollinaire a été pour beaucoup un précurseur, notamment du surréalisme, mais il a également fait entrer son époque, la Belle Epoque, dans ses vers. On comprend alors qu'il passe pour un poète moderne. Mais dans quelles mesures Apollinaire invente-il un art poétique moderne ?

Ce qui donne tout d'abord une allure singulière à ce recueil, c'est le soin avec lequel Apollinaire passe sans cesse d'une forme à une autre. Certains poèmes comme « Chantre » ne sont constitués que d’un seul vers, mais d’autres, comme, « La Chanson du mal-aimé », ont une structure régulière. Dans ses poèmes, Apollinaire crée des ruptures en passant d'un vers à l'autre. Certains poèmes présentent une forme de régularité, comme « L'Adieu », qui est composé de cinq octosyllabes, ou comme « Le Pont Mirabeau » qui n’est qu’une alternance de quatrains et de distiques formant ensemble une chanson. Au contraire, d'autres poèmes ne présentent pas de schéma métrique. Par exemple, « Zone », le texte liminaire du recueil, est marqué par une forme d’irrégularité dans la forme des strophes : certains vers sont rassemblés et forment de longues strophes, tandis que d'autres sont isolés. Le texte ne semble pas suivre une structure claire et régulière et donne l’impression d’un désordre et d’une agitation, ce qui sera confirmé en lisant le poème. Egalement, dans le deuxième poème de « À la santé », certains vers sont particulièrement courts et ne contiennent que quelques mots. Nous retrouvons aussi cette particularité dans « La Maison des morts », où l’on trouve, cette fois-ci, des vers ne comportant qu’un seul mot. Ces variations participent à la diversité annoncée par le titre du recueil.

Alcools nous propose un étonnant voyage poétique où plusieurs références se croisent sans cesse. L'œuvre s'ouvre ainsi sur ce vers de « Zone » : « À la fin tu es las de ce monde ancien ». Puis le poète s'adresse en outre à la tour Eiffel, allégorie du monde moderne et industrialisé qui entoure Apollinaire. Nous rencontrons également « des troupeaux d'autobus mugissants » et Apollinaire nous dit qu’il aime « la grâce de cette rue industrielle Située à Paris entre la rue Aumont-Thiéville et l'avenue des Ternes ».

Paradoxalement, le poète écrit à propos de thèmes appartenant au passé et nous retrouvons de nombreuses traces du Moyen Âge. Dans « Merlin et la vieille femme », Apollinaire évoque « l'antique Merlin » ou encore les fées Morgane et Viviane. Nous rencontrons dans ces pages des personnages bibliques, comme Salomé, dans le poème du même nom. On retrouve également des personnages maléfiques des légendes allemandes, comme les ondines ou la Lorelei. Nous pouvons de même constater la présence de grandes figures de l'Antiquité comme « Le sage Ulysse » qui est évoqué dans « La Chanson du mal aimé ». Le poète cherche la forme la plus adaptée à son propos, et ne se contente pas d'une forme poétique unique qu'il répètera pour chaque poème.

Apollinaire se sert de nombreux éléments classiques de l’écriture poétique dans ce recueil et ne cherche pas à faire table rase du passé. Il ne renonce pas à l'écriture en vers alors que d'autres poètes, comme Baudelaire ou Rimbaud, se sont servis de poèmes en prose, et conservera aussi les rimes. Seulement, Apollinaire fait à nouveau preuve d'originalité lorsqu'il écrit des vers libres. Tout compte fait, il conserve la musicalité de l'écriture versifiée mais il se l'approprie pleinement en ne s'interdisant aucune modulation.

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