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Commentaire littéraire sur l’incipit du livre « Pierre et Jean » de Guy de Maupassant

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Par   •  6 Avril 2021  •  Commentaire de texte  •  1 277 Mots (6 Pages)  •  596 Vues

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Commentaire littéraire sur l’incipit du livre « Pierre et Jean » de Guy de Maupassant

Ce roman de Guy de Maupassant écrit en 1887 s’inscrit dans la lignée de ses grands romans comme Une Vie (1883), ou Bel-Ami (1885). Écrivain réaliste de la fin du XIXème siècle, admirateur de Flaubert, il produit durant la décennie 1880, à côté de ses romans, de nombreuses nouvelles et des contes, comme Boule de Suif (1880), ou l'Horla (1887), au registre fantastique angoissant. Pierre et Jean relatent une histoire familiale, troublée par la découverte d’un secret. Pierre comprend, à la suite d’un héritage surprenant pour son frère, que leur mère a eu une aventure, et que les deux frères sont de pères différents. Avec cette intrigue, Maupassant analyse et dissèque les bouleversements créés par cette nouvelle situation dans le cadre de sa Normandie d’enfance. Le texte présenté constitue le début du roman, son incipit. Une calme et heureuse sortie du dimanche en barque ouvre l’œuvre. La famille paraît unie et sereine, comme nous le montre les dialogues, ainsi que la narration. Pourquoi tant de haine dans cette famille ? Pourquoi les 2 frères sont-ils si opposés ? Nous analyserons cet extrait en deux temps. Tout d’abord, nous nous pencherons sur l’incipit, avant d’en détailler le réalisme. 

Ce début de roman présente une particularité qu'il ne faut pas ignorer : il s'ouvre sur une interjection « Zut ! », prononcé par M.Roland cela qui vient interpeller le lecteur. Soudaineté que le mot lui-même souligne : « zut » n'est pas, à l'époque, un mot courant, mais une expression assez vulgaire, ce que ne manque pas de relever son épouse.

On comprend qu'il s'agit d'une scène de pêche dès le premier paragraphe par des éléments comme « l'eau » ou « sa ligne », ce qui est confirmé dans le paragraphe suivant avec « partie de pêche ». Trois personnages nous sont présentés en quelques lignes : « le père Roland », Mme Roland (son épouse donc) et une énigmatique « Mme de Rosémilly » dont le nom reprenant la fleur « rose » laisse déjà deviner une éventuelle histoire amoureuse. Nous arrivons donc, en tant que lecteur, au milieu d'une action, ce qu'on appelle en termes littéraires un début « in media res », c'est-à-dire au milieu de l'action.

Ce dynamisme du premier mot est entretenu tout au long de la scène. Le récit est concentré, limité à de brèves descriptions, privilégie les notifications de gestes « les yeux fixés sur l'eau , et soulevant par moments, etc », « Mme Roland assoupie à l'arrière du bateau (…) se réveilla, et tournant la tête » etc.. , et alterne avec les répliques du dialogue qui s'entame.

Si la scène est peinte avec vivacité, elle n'en reste pas moins une scène de l'ennui : les protagonistes participent silencieusement à une « partie de pêche » où la description du poisson prend une dimension allégorique. En effet, l'animal agonisant semble symboliser la bêtise et l'ennui des personnages : « le poisson capturé par les trois hommes palpitait vaguement encore, avec un bruit doux d'écailles gluantes et de nageoires soulevées, d'efforts impuissants et mous, et de bâillements dans l'air mortel ». Nous observons ici une accumulation des termes renvoyant aux champs sémantiques de l'ennui et de la mollesse « vaguement », « gluantes », « efforts impuissants et mous », « bâillements dans l'air mortel ». Si la scène progresse vite, son contenu est sans surprise.

La vivacité de la peinture de la scène contraste avec l'ennui ressenti par les protagonistes. C'est à la fois pour plaire à un lecteur que les descriptions réalistes lassent de plus en plus, mais c'est également pour mettre en avant le drame qui couve.

Cette scène n'est pas une scène paisible, et la vivacité du narrateur laisse présager un drame à venir. 

D'abord par la peinture des parents. Le niveau de langage, les postures, les réponses nous renseignent sur les caractères des protagonistes et il faut avoir en tête que dans les théories naturalistes, les circonstances économiques ont une importance égale aux circonstances sociales (l'héritage familial et génétique) : c'est l'influence de la science sur laquelle Zola insiste dans son essai Le roman expérimental.

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