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Thérèse Raquin chapitre XI : axe de commentaire

Commentaire de texte : Thérèse Raquin chapitre XI : axe de commentaire. Recherche parmi 297 000+ dissertations

Par   •  8 Février 2023  •  Commentaire de texte  •  1 665 Mots (7 Pages)  •  784 Vues

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Axe I : une scène dramatisée

Le onzième chapitre de Thérèse Raquin est un point central du récit : celui-ci va bouleverser l’ensemble des personnages et leurs relations. En effet, il s’agit du chapitre mettant en scène le meurtre de Camille. L’auteur décrit ce crime de manière très froide, le présente cliniquement en laissant au lecteur une sensation d’effroi.

Pour cela, Émile Zola fait tout d’abord la description du décor et du contexte de cet assassinat. Cette présentation de l’environnement permet de dramatiser la scène en plaçant les personnages dans une atmosphère macabre et lugubre. Premièrement, l’auteur recourt à l’utilisation du champ lexical de la mort, omniprésent dans ce passage. Celui-ci est formé entre autres de l’adjectif qualificatif « vieillis », et du verbe « pâlissent » qui se rapporte à la lividité des défunts. La métaphore « apportant des linceuls dans son ombre » ainsi que l’évocation à de nombreuses reprises du « froid », qui est relatif entre autres aux cadavres, renforcent l’impact de ce lexique.

Aussi, le lexique de l’obscurité est largement développé pour installer une atmosphère glauque et ténébreuse, par l’évocation des formes et des couleurs telles que « brun sombre », « ombres » ou bien « les eaux étaient noires ». Les personnages se retrouvent ainsi dans un lieu angoissant qui laisse présager l’horreur des évènements à venir. Par ailleurs, l’auteur a fait le choix de placer cette scène au moment du « crépuscule », un contexte temporel qui favorise l’effroi à cause d’une visibilité réduite par l’obscurité.

De surcroît, la dramatisation de la scène est accentuée par la personnification de la nature ; ainsi, une atmosphère fantastique aux limites du réel se forme, présentant « de grandes ombres [qui] tombaient des arbres » (l.265-266). La nature est également humanisée par la proposition « les arbres vieillis jettent leurs feuilles », dont le verbe d’action n’est généralement attribué qu’à des êtres mobiles, et le groupe nominal « des souffles plaintifs de désespérance » qui rappelle une respiration effectuée par un humain empli d’un sentiment neurasthénique de douleur et de dépression. Elle est ainsi assimilée à une personne souffrante et agonisante qui pousse son dernier soupir. Un parallélisme entre Camille, future victime de Laurent, et le décor, est ainsi créé. De plus, le décor est comparé à un être humain portant des habits, sa description précisant que « l’eau et le ciel semblaient être coupés dans la même étoffe blanchâtre ». La nature est donc personnifiée et plongée dans un cadre fantastique pour installer l’effroi et une ressemblance entre son état spectral et décédé et la future condition de Camille, tout à fait semblable.

Enfin, le décor est décrit comme fantomatique, tout semble disparaître et s’effacer progressivement au fil du trajet de la barque, laissant Laurent commettre son crime à l’abri des regards et du reste du monde. Cet effacement se fait tout d’abord par l’évanouissement des signes de vie, des bruits rassurants provenant de la berge. En effet, « les bruits des quais s’adoucissaient » et on ne pouvait plus percevoir que des « cris et chants vagues et mélancoliques ». De plus, la nature semble s’affadir et perdre ses couleurs comme le suggèrent les groupes nominaux « [des] traînées d’argent pâle » et « [une] étoffe blanchâtre ». Avec cela, la négation totale « on ne sentait plus l’odeur de friture et de poussière » (l.270-271) montre que tous les sens sont devenus obsolètes, aucun signe de vie auditif, olfactif ou bien visuel ne parvient aux personnages. Cela représente par conséquent l’extinction de la nature : la vie laisse place à la mort. Cette symbolique du trépas conçue à travers l’absence de perceptions est une préfiguration du décès de Camille, qui sera alors privé de ses sens.

Ainsi, la peinture du décor permet de créer une ambiance lugubre qui rend le trajet en bateau angoissant et ténébreux. Cela est prononcé encore plus par les autres évènements décrits dans ce passage.

En effet, la scène de l’assassinat de Camille est également dramatisée en étant composée de quatre mouvements distincts.

En premier lieu, ce passage s’oriente uniquement sur la description du paysage et la mise en place d’une atmosphère lugubre et terrifiante. L'installation de cette ambiance effrayante permet de retarder l’action en créant un effet de suspense et en tenant le lecteur en haleine, tout en plaçant déjà la scène sous le signe de la mort et de l’horreur. La nature est ainsi décrite à travers ses « arbres vieillis qui jettent leurs feuilles » (l.279-280), les « grandes ombres [qui] tombaient des arbres » et les « grandes masses rougeâtres [qui] devenaient sombres », autant de termes qui donnent une envergure imposante et angoissante au décor avec l’emploi de termes se rapportant à l’horreur, au surnaturel et au fantastique.

Le deuxième mouvement concerne quant à lui les personnages, tout en conservant l’attente du drame. Ils sont ainsi présentés à tour de rôle, chacun avec son caractère propre et son humeur face à l’évènement qui va se produire : Camille est serein, teste la température

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