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Albert Camus, La Peste

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Par   •  18 Novembre 2014  •  1 943 Mots (8 Pages)  •  2 881 Vues

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Première partie de l'entretien : Camus, la peste

TEXTE 1, Albert Camus, La Peste

(1ère Partie, 4ème section), de "C'était le temps sans doute..." à "Mais il semble bien que ce soit la Peste"

Introduction :

- présentation succincte de Camus et de son œuvre, La Peste

- situer le passage dans l’œuvre (résumer de la situation au moment de l’extrait) :

Le début du roman est marqué par une invasion spectaculaire de rats dans la ville d’Oran.

Le nombre de rongeurs morts ne cesse d’augmenter et la ville commence à s’inquiéter. Au bout d’une quinzaine de jours, le docteur Rieux doit constater la mort de son concierge, bientôt suivie d’autres décès inexpliqués. Parallèlement, le temps se gâte et fait régner une « torpeur morne » sur la ville. L’heure est à l’identification du mal qui sévit…

LECTURE DU TEXTE

C'était le temps, sans doute. Tout poissait aux mains à mesure que la journée avançait et Rieux sentait son appréhension croître à chaque visite. Le soir de ce même jour, dans le faubourg, un voisin du vieux malade se pressait sur les aines et vomissait au milieu du délire. Les ganglions étaient bien plus gros que ceux du concierge. L'un d'eux commençait à suppurer et, bientôt, il s'ouvrit comme un mauvais fruit. Rentré chez lui, Rieux téléphona au dépôt de produits pharmaceutiques du département. Ses notes professionnelles mentionnent seulement à cette date : « Réponse négative ». Et, déjà, on l'appelait ailleurs pour des cas semblables. Il fallait ouvrir les abcès, c'était évident. Deux coups de bistouri en croix et les ganglions déversaient une purée mêlée de sang. Les malades saignaient, écartelés. Mais des taches apparaissaient au ventre et aux jambes, un ganglion cessait de suppurer, puis se regonflait. La plupart du temps, le malade mourait, dans une odeur épouvantable.

La presse, si bavarde dans l'affaire des rats, ne parlait plus de rien. C'est que les rats meurent dans la rue et les hommes dans leur chambre. Et les journaux ne s'occupent que de la rue. Mais la préfecture et la municipalité commençaient à s'interroger. Aussi longtemps que chaque médecin n'avait pas eu connaissance de plus de deux ou trois cas, personne n'avait pensé à bouger. Mais, en somme, il suffit que quelqu'un songeât à faire l'addition. L'addition était consternante. En quelques jours à peine, les cas mortels se multiplièrent et il devint évident pour ceux qui se préoccupaient de ce mal curieux qu'il s'agissait d'une véritable épidémie. C'est le moment que choisit Castel, un confrère de Rieux, beaucoup plus âgé que lui, pour venir le voir.

— Naturellement, lui dit-il, vous savez ce que c'est, Rieux?

— J'attends le résultat des analyses.

— Moi, je le sais. Et je n'ai pas besoin d'analyses. J'ai fait une partie de ma carrière en Chine, et j'ai vu quelques cas à Paris, il y a une vingtaine d'années. Seulement, on n'a pas osé leur donner un nom, sur le moment. L'opinion publique, c'est sacré : pas d'affolement, surtout pas d'affolement. Et puis comme disait un confrère : « C'est impossible, tout le monde sait qu'elle a disparu de l'Occident. » Oui, tout le monde le savait, sauf les morts. Allons, Rieux, vous savez aussi bien que moi ce que c'est. Rieux réfléchissait. Par la fenêtre de son bureau, il regardait l'épaule de la falaise pierreuse qui se refermait au loin sur la baie. Le ciel, quoique bleu, avait un éclat terne qui s'adoucissait à mesure que l'après-midi s'avançait.

— Oui, Castel, dit-il, c'est à peine croyable. Mais il semble bien que ce soit la peste.

Problématique : quelle vision de l’homme et du monde Camus propose-t-il dans cet extrait ?

ANNONCE DES AXES

I. Une révélation réaliste et progressive

1) Une chronique

 Une description précise et détaillée

- présence de nombreux indicateurs de temps : « le temps » l.1 (qui renvoie aussi à la météo), « la journée avançait » l.2, repris l.47 avec « l’après-midi avançait », « le soir de ce même jour » l.3, « en quelques jours » l.26 → chronique.

- Verbes de la ligne 1 à 29 au système du passé, principalement à l’imparfait de description = sommaire : résume la situation, récapitule pour le lecteur. « C’était » l.1 ; « avançait » l.2 ; « se pressait » l.4 ; « était » l.26…

- Description précise et détaillée des symptômes, avec « vomissait », « délire », « ganglions » l.5 ; « abcès » l .12 ; « saignait » l.14…

 Un narrateur détaché, distant.

- de la ligne 12 à la ligne 17, on peut voir un compte rendu clinique, un constat médical, donc froid, précis, et professionnel.

- Utilisation par le narrateur du champ lexical médical, on peut donc supposer que le narrateur appartient au corps médical (on ne connaît pas l’identité du narrateur à ce stade du récit) : « bistouris » l.13, « ganglions » l.13, « abcès » l.12, « malade » l.4, « visite » l.3…

- Idée de distance donnée par le compte rendu clinique reprise avec « le malade mourrait dans une odeur épouvantable » l.17, où le seul mot appréciatif désigne l’odeur → absence de compassion et d’humanité de la part du narrateur face à la mort et la maladie.

- Intervention du narrateur l.9 à 11, où il ne fait qu’exposer des faits recueillis, selon son rôle de chroniqueur.

- De +, il utilise par exemple le déterminant indéfini « un voisin » l.4, qui montre une généralisation, et le détachement du narrateur pour l’aspect humain. De même avec « on » l.11 et « des cas » l.12. C’est aussi l’idée que personne n’est à l’abri.

2) L’aggravation du mal

- dès les premières lignes, on constate une pesanteur

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