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Mustang : un long-métrage abordant et dénonçant la place des femmes en Turquie

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Par   •  29 Décembre 2022  •  Commentaire d'oeuvre  •  3 902 Mots (16 Pages)  •  222 Vues

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HERLAND Marie

Mustang : un long-métrage abordant et dénonçant la place des femmes en Turquie.

Présentation du synopsis.

Mustang est un film germano-franco-turco-qatarien, il est le premier long-métrage de la réalisatrice franco-turque Deniz Gamze Ergüven. Ce film de 2015 a été plusieurs fois récompensé : César du meilleur scénario original, meilleur premier film, prix GOYA du meilleur film européen. L’engouement de ce film et le succès peut s’expliquer par l’incroyable justesse et délicatesse de l’histoire, mettant en valeur la sensibilité éprouvait par les cinq sœurs dues à leur destin tragique, tout en ralliant une vérité crue connectée à un espoir de liberté représenté par ces personnages forts, aux caractères affirmés. Prenant place dans un lieu réel (en Turquie, sous le régime de Recep Tayyip Erdogan), ce long-métrage retranscrit l’oppression sociale des femmes turques, le contexte historique et sociétal du pays. Le film se passe dans un village (de fiction, en réalité il est tourné à Inebolu à 600 km à l’est d’Istanbul) à 1000 km d’Istanbul (capitale de la Turquie), il narre l’histoire de cinq jeunes sœurs turques : Sonay l’ainée, Selma, Ece, Nur et Lale la benjamine. Le dernier jour de cours celles-ci s’amusent avec des camarades de classe, au bord de la mer Noire. Ils sont dans l’eau, s’amusant à qui tombera en premier. En rentrant chez elles c’est la surprise, leur oncle et leur grand-mère (qui les a élevés) ont eu vent de leur « comportement » par les ragots qui commencent déjà à circuler. Leur oncle, Erol est furieux, jugeant leur attitude inacceptable, qu’il est interdit de s’amuser de la sorte avec des garçons, de se mettre sur leurs épaules (dans cette histoire Erol est le symbole d’un patriarcat mélangeant conventions traditions et religions : comme un écho à la Turquie de Recep Tayyip Erdogan), leur disant que leur comportement est obscène et indécent, reprochant aussi par ailleurs l’éducation trop laxiste que leur a donnée leur grand-mère. Ce malencontreux « incident » est le déclenchement d’une vie infernale pour les jeunes filles. Cela commence par un examen d’intégrité hyménéale « nécessaire » pour prouver leur virginité afin de taire les rumeurs sur leur « mauvais comportement » et la remise en question de leur moralité. Petit à petit leur maison évolue en huis clos pour les jeunes filles celles-ci ne peuvent même plus bronzer dans leur jardin, elles ne doivent pas se montrer dévêtus en dehors de la maison : les barreaux aux fenêtres, les murs d’enceints rehaussés sont le signe de l’enfermement qu’introduisent les ainées sur les filles. [pic 1][pic 2][pic 3]

Un enferment social, qui détruira les cinq sœurs.

Cet enferment extérieurs va peu à peu devenir intérieur par le commencement d’une coupure dans leur liberté et vie sociale : il n’y a plus d’école plus d’ordinateurs ni de téléphone donc il n’y a plus d’interactions avec les jeunes de leurs âges, les relations extérieures sont prohibées excepté lorsque la famille invite elle-même d’autres personnes, surtout des prétendants pour mariés les filles. Cet enfermement est mêlé à de nouvelles activités (remplacer par les activités antérieures, de leurs âges) comme des cours de cuisine ou de ménage. Bien entendu l’évolution de cette nouvelle vie sera un désastre pour les jeunes filles : Sonay et Selma seront mariées de force (la première aura un peu plus de chance car ce sera avec l’homme qu’elle aime, et encore Sonay a dû menacer sa grand-mère pour avoir « le droit » d’épouser le jeune homme), Ece se suicidera à cause de l’étau social se refermant sur elle (le mariage forcé l’attendant, une maison qui est en vérité une prison, le simple fait de ne pouvoir rien faire, mais aussi les abus sexuels qu’elle subit par son oncle Erol). Pour finir Nur et Lale, la première comme Ece sera violée par son oncle mais s’en sort grâce au « sauvetage » de sa petite sœur, l’emmenant avec elle vers Istanbul (Nur échappe in extrémiste au mariage forcé).

L’enfermement que subit les sœurs dans un huis clos familial est un effet miroir sur la place des femmes turques dans leur propre société.

La place des femmes dans la turquie.

Ce film interroge la place de la femme, il permet surtout de montrer une émergence dans le contexte historique de la Turquie pour mieux comprendre le statut de la femme dans ce pays ambigu qui est tiraillé entre le conservatisme mais aussi par une modernité (semée par petites touches). La réalisatrice le dit elle-même  « j’ai voulu raconter ce que c’est d’être une fille une femme en Turquie »[1], étant tout d’abord, sous une vue extérieure, un pays acceptant la libération des droits des femmes (le pays accorde le droit de vote aux femmes dans les années 30, bien avant la France) devenant sous le règne de Recep Tayyip Erdoğan (actuel président de la Turquie) un pays de plus en plus strict sur les droits des femmes .Mais le problème est que la place et la condition des femmes se ressentent comme indésirable et comme un véritable souci, comme si elle n’avait pas leur place dans une société qui est aussi la leur. D’un point de vue extérieur la Turquie était un pays précurseur et plutôt moderne, en avance par rapport à l’époque à laquelle elle accorde certains droits aux femmes contrairement à d’autres pays (s’autoproclamant libérer et ouvert d’esprit, la France étant le meilleur exemple, où le droit de vote pour les femmes est très tardif, autorisé le 21 avril 1944). Mais selon la réalisatrice, le problème est antérieur, la société a toujours été empli d’une certaine hypocrisie vis-à-vis de la place de la femme dans la société et a toujours été contre sa liberté de pensée et d’action : « depuis les années 30, nous avons le droit de vote, mais la société est au fond profondément patriarcale, le code de l’honneur a beaucoup d’importance... »[2]. Comme nous pouvons constater dans le film, les filles sont autorisées, au début, quand leur honneur n’est pas remis en question, à sortir, se vêtir d’une jupe, avoir un téléphone etc. Les photographies de l’artiste Bouchra Almutawakel nous rappellent cette évolution de la place de la femme désastreuse, remettant en question leurs propres libertés, ne laissant place à aucun choix comme, un des choix le plus fondamentaux et qui ne devrait évidemment pas être remis en question, concernant le droit de disposer de leur corps, jusqu’à disparaître complètement du paysage, de la vie alors qu’ironiquement c’est la femme elle-même qui la donne. [pic 4][pic 5]

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