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Le designer est-il une figure toujours convaincue de la collaboration avec l'industrie 

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Par   •  12 Septembre 2015  •  Dissertation  •  1 898 Mots (8 Pages)  •  1 002 Vues

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Le designer apparaît à la fin du 19 ème siècle. Né dans un contexte de révolution industrielle, il grandit dans ce monde qui lui est intimement lié. À l'heure où les hommes n'ont de cesse de contester la multiplication des machines qui les supplantent, le designer, quand à lui, se doit de trouver une voie médiatique aux conséquences de l'industrialisation. Pour ce faire, il doit endosser plusieurs rôles à la fois. Comme le souligne Stéphane Vial, tous les problèmes qui habitent le designer sont des problèmes liés à l'industrie. En effet, on attend non seulement du designer qu'il réconcilie les hommes avec l'industrialisation, mais également qu'il agisse dans une logique socialiste tout en dépendant d'une production capitaliste que représente l'industrie. Pourtant, cette production industrielle va permettre de réaliser des objets moins coûteux et accessibles à un plus grand nombre de personne, à l'inverse de l'artisanat qui ne demeure pas abordable pour la majorité. Le designer pourrait-il alors réellement adopter une attitude socialiste sans coopérer avec le marché industriel  ? Mais ce même marché industriel, quant à lui, n'ôterait il pas la dignité des hommes et de leur travail  ? Et en enlevant cette part humaine, n'enlèverait-il pas de la même façon, une certaine sensibilité aux objets qui en découlent  ?

Le designer est une figure très complexe, et son rapport avec l'industrie est un rapport qui reste difficile à cerner. C'est pourquoi on essaiera de comprendre comment le designer vit avec son temps, comment il s'adapte, en s'intéressant de près au rapport qu'il entretient avec l'industrie. Un rapport intime, mais qui sait garder ses distances.

Suite à la révolution industrielle, une vague de mécontentement se fait sentir au sein des populations. Les machines conçoivent des objets qui, peu à peu, s'égarent et deviennent dénués de sens, pendant que la trace de l'homme disparaît. William Morris, quant à lui, fait partie de ceux qui croient en l'artisanat. Et au delà de ça, il fait partie de ceux qui croient en un design démocratique dans l'artisanat. Hélas, cette fabrication artisanale reste chère, et ne peut être accessible à tout le monde. C'est à ce moment là que le problème se pose. Le designer est celui qui tente d'améliorer le cadre de vie quotidien des gens. Il est là pour réconcilier les hommes avec l'industrialisation et ses conséquences tout en faisant des objets de qualité. Il participe donc à un processus industriel, dans une logique capitaliste, mais a pour but de s'adresser au plus grand nombre, adoptant une attitude socialiste. Sachant que l'artisanat reste concrètement inaccessible, comment le designer pourrait réellement avoir une attitude socialiste sans s'allier à l'industrie  ?

L'industrie apparaît alors comme une solution, elle est l'espoir d'un monde plus juste et démocratique, et le designer, vivant avec son temps, commence à s'y adapter et parvient à travailler en adéquation avec les machines. Le designer doit pouvoir se confronter à des problèmes très variés. Il a une très bonne connaissance technique, est capable de faire une synthèse industrielle pointue et de travailler en équipe. Il connaît les matériaux, les machines, les processus techniques, c'est pourquoi il peut se positionner, se projeter, et proposer des choses en accord avec l'industrie et les hommes, et surtout pour le plus grand nombre.

C'est en 1919 que l'école du Bauhaus est créée par Walter Gropius et Henry Van de Velde. Elle est la fusion entre une école d'arts appliqués et une école de beaux arts, ainsi, la créativité pourra être mise au service de l'industrie. Le problème est que, très vite, les étudiants des beaux arts qui ne veulent pas accepter l'idée de travailler avec l'industrie, vont être confrontés à Walter Gropius qui refuse de s'en détourner. Pour lui, il faut trouver une adéquation, car l'époque exige un nouveau langage auquel il faut se tenir. A ses yeux, le problème n'est pas réellement l'industrie, mais plutôt la mauvaise utilisation que l'on en fait. C'est pourquoi avec cette école, il tente d'élaborer ce nouveau langage, un standard esthétique qui agirait comme la part de créativité des objets fonctionnels crées. Le Bauhaus, c'est la collaboration avec l'industrie, c'est la création d'objets fonctionnels industrialisés, mais considérés à part humaine grâce à leur esthétique. Seulement, en apprenant aux élèves à aller à la forme type, avec un vocabulaire de base, et des formes associées à des couleurs, comme l'a fait Kandinsky, la créativité se perd peu à peu. Comment pousser la créativité à partir de quatre formes  ? En voulant mettre en adéquation art et industrie, le Bauhaus a finalement fini par s'enfermer dans ses propres standards. Mais il faut relever le sens civique et moral très fort du designer allemand de l'époque. C'est un designer entrepreneur qui prône des objets fonctionnels, comme l'a fait l'école d'ULM, dans la continuité du Bauhaus, avec des objets très fonctionnels tels que les objets BrAun, ou encore le rasoir Sixtant SM 31 en 1962. Il faut faciliter la vie des gens, améliorer leur quotidien, à l'aide de l'industrie, et d'un certain standard esthétique. En se rapprochant des machines, ils ont su se rapprocher des hommes. Ils ont su, en partageant un lien intime avec l'industrie, réconcilier les hommes avec les objets industrialisés auxquels ils ont apporté une esthétique certaine et une fonctionnalité et durabilité innovante.

Malgré cela, le standard esthétique est devenu insuffisant. Les objets, bien qu'ayant retrouvés du sens, sont devenus démunis de sensibilité. On ne pouvait pas réellement s'y attacher. Il nous manquait quelque chose.

C'est pourquoi certains designers ont commencé à aller à l'encontre de l'industrie, et des façons de pensées qu'elle a fait émerger. Lassés de l'unique fonctionnalisme, et de ce standard esthétique monotone, vide, et récurrent, ils ont décidé d'en finir avec ce style unique imposé. C'est

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