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Critique option théâtre

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Par   •  6 Novembre 2019  •  Compte rendu  •  1 877 Mots (8 Pages)  •  565 Vues

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Vous n’aurez pas ma haine ; Jeudi 4 Octobre 2018, Théâtre Anne de Bretagne

Qui a dit que les sentiments doivent être exaltés pour que le cœur du public soit touché ? Raphaël Personnaz (sur le plateau) et Benjamin Guillard (à la mise en scène) signent ici un émouvant seul en scène pourtant tout en sobriété dans lequel Raphaël Personnaz incarne Antoine, un homme effondré par la perte de sa femme dans l’attentat du Bataclan et qui réapprend à vivre avec son fils de un an : Melvil.

Une volonté de dire avant tout : Le poids du texte.

Vous n’aurez pas ma haine est avant tout un récit d’Antoine Leiris sur le délicat ré-apprentissage “à vivre” suite à la perte de sa femme lors de l’attentat du Bataclan. Avant même ce récit, il y a une lettre forte publiée sur les réseaux sociaux dans laquelle Antoine Leiris déclare que la vie doit continuer et que les assassins de sa femme n’ont pas gagné, ils n’auront pas sa haine, ni celle de son fils. Face à ce matériau fort et émouvant, Benjamin Guillard ne s’autorise que de très légères modifications qui n’altère aucunement le texte et son émotion. Sur scène, Raphaël Personnaz déclame les mots d’Antoine Leiris avec pudeur. Ils ne cherchent pas à émouvoir coûte que coûte, il cherche comme l’auteur à transmettre, dire seulement dire le combat intérieur pour la reconstruction d’une vie.

L’une des forces de ce texte est également, aussi paradoxal que cela puisse être, le fait qu’il réussisse à nous faire sortir du théâtre à la fois ému mais aussi heureux. La pièce réussit à nous fait prendre conscience de la beauté de la vie et des choses les plus simples comme rire ou sauter dans une flaque d’eau...

Une scénographie simple et intelligente.

La scénographie (de Jean Haas) se trouve être relativement simple. Elle ne comporte qu’un sol blanc, un rideau de fond de scène noir et un rideau à peine opaque (afin de laisser transparaître la pianiste qui se cache derrière) pour les plus gros éléments. Des chaises et des cocottes en papier sont parsemés sur tout le plateau. Le comédien évolue autour de ces chaises, sans que le public ne sache jamais réellement ce qu’elles signifient… tantôt support de jeu physique comme chaises d’un café, tantôt représentation des phases du deuil ?

Les cocottes en papier seraient-elles le symbole de l’enfance et de la vie qui continue ? Symbole également représenté par le personnage de Melvil, bien qu’il n’apparaisse jamais physiquement sur le plateau.

La scénographie est également un support de vidéo-projection pour les créations de Olivier Bémer. En effet, par moment, le texte d’Antoine Leiris s’invite sur le plateau notamment quand Raphaël Personnaz écrit la lettre “Vous n’aurez pas ma haine” qu’il publiera sur les réseaux sociaux. Cela pourrait représenter à la fois le poid des mots qui dépassent leur auteur en s’échappant par le biais du partage de la lettre sur les réseaux sociaux.

La vidéo a également une fonction plus pratique, elle permet au public de se situer dans le temps puisque régulièrement des dates et des heures sont affichées comme cela l’était dans le livre d’Antoine Leiris.

La lumière de Jean-Pascal Prachest est dans l’ensemble une lumière froide qui éclaire l’ensemble du plateau durant toute la durée de la pièce, probablement pour marquer le poid du vide provoqué par le deuil. Aucun effet lumière ne vient perturber la performance si ce n’est des noirs faisant à la fois monter et remonter l’émotion (cf : Lucrèce Sassella et Donia Berriri au piano).

La force du jeu de Raphaël Personnaz.

Un seul en scène ne peut pas fonctionner sans un comédien talentueux. Ici, Raphaël Personnaz relève le défi malgré la difficulté d’interpréter un texte aussi poignant et personnel. Sa grande force est de ne pas chercher l’émotion. Il n’est pas au service de lui-même mais au service du texte. On retrouve cette idée dans le fait qu’il ne cherche pas à réellement incarner Antoine Leiris. Il est en réalité plutôt un transmetteur du message de l’auteur. Tout cela crée une certaine pudeur qui ne fait que renforcer l’émotion.

Le comédien est durant la pièce assez statique pour autant, tout son corps s’exprime à commencer par son visage qui transmet à lui seul presque toutes les émotions que le public ressent. Sa voix est extrêmement posée, il est très agréable à écouter. Sa voix pourtant si sobre la plupart du temps ne manque pas de bercer le public vers l’émotion quand il s’agit de décrire un événement tragique.

Raphaël Personnaz réussit également à nous faire croire à la présence des autres personnages qu’il évoque comme par exemple Melvil. Ce dernier est à plusieurs reprises présent sur le plateau par le jeu du comédien. Quand Personnaz le prend dans ses bras, c’est comme si le jeune garçon était présent sur le plateau tant le jeu est crédible et émouvant.

Lucrèce Sassella et Donia Berriri au piano.

On ne peut évoquer cette adaptation théâtrale sans rendre hommage aux deux femmes (en alternance) qui partagent la scène avec Personnaz. Aucune musique à part celle du piano sur la scène. La pianiste ne joue que lors des noirs (composition d’Antoine Sahler) qui sont les seules pauses entre les différents monologues de Personnaz. Il permet à la fois de relâcher l’émotion que provoque le texte mais pour autant, la musique renforce la solitude du spectateur face aux mots/maux qu’il vient d’entendre. Ainsi, l’émotion ne se perd jamais réellement.

Pour conclure, ce spectacle vu aux Scènes du Golfe est l’un des spectacles qui m’a le plus marqué émotionnellement tant il est fort. Il est juste sur tous les plans et réussit son but premier : transmettre le texte d’Antoine Leiris à la perfection.

Mon

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