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La princesse de Clèves, Mme de Lafayette

Lettre type : La princesse de Clèves, Mme de Lafayette. Recherche parmi 298 000+ dissertations

Par   •  6 Avril 2020  •  Lettre type  •  1 717 Mots (7 Pages)  •  1 717 Vues

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        Le siècle de Louis XIV est dominé par le classicisme, mouvement dont les valeurs sont l’ordre, la mesure et l’harmonie. Caractérisé par des règles strictes héritées des anciens, il a pour double objectif « placere et docere » qui signifie en latin « plaire et instruire ». Cette formule d’Horace rappelle l’importance d’allier le plaisir à la transmission d’une morale dans toute œuvre artistique. De grands auteurs marquent cette période tels que Molière, Racine et Corneille, La Fontaine mais aussi Mme de La Fayette. Cette dernière, de son nom de jeune fille Marie-Madeleine Pioche de la Vergne, épouse le comte de La Fayette, dont elle s’éloigne assez rapidement. Elle brille dans les salons mondains par son esprit. Loin de revendiquer ses œuvres qu’elle publie anonymement, elle est appelée « Le Brouillard » par ses amis. Elle écrit notamment La Princesse de Montpensier (1662) et La Princesse de Clèves (1678) en collaboration avec son ami La Rochefoucauld. Ce dernier récit est considéré comme le premier roman moderne. L’autrice y raconte l’histoire d’une femme mariée, le personnage éponyme, qui lutte contre son amour coupable pour le duc de Nemours. Sa passion la mène à des extrémités auxquelles son éducation ne l’a pas préparée. Nous pouvons alors nous demander en quoi La Princesse de Clèves ressemble à une tragédie classique. Dans un premier temps, nous verrons que les caractéristiques d’une tragédie peuvent être illustrées par ce roman d’analyse. Dans un second temps, nous étudierons la manière dont il s’inscrit dans son temps.

        En premier lieu, il est possible de considérer La Princesse de Clèves comme une tragédie selon la définition donnée par Aristote dans La Poétique : « La tragédie est la représentation d'une action noble [...] mise en œuvre par les personnages du drame [...] en représentant la pitié et la frayeur, elle réalise une épuration de ce genre d'émotions. »

        Tout d’abord, l’auteur d’une tragédie doit faire évoluer des personnages nobles, c’est-à-dire de rang social élevé : ils sont riches, possèdent des titres et des privilèges. Ainsi, dans notre roman, les personnages sont issus de la cour des derniers rois de la dynastie des Valois, entre 1558 et 1560. Leurs journées sont occupées à des divertissements princiers tels que les bals. Par exemple, lors des fiançailles de Claude de France, la fille de Henri II et de Catherine de Médicis, et du duc de Lorraine, toutes les grandes figures de la Cour sont présentes comme la reine dauphine, Marie Stuart, femme du futur François II, amie et confidente de notre héroïne. La grandeur de ces personnages tient également à leur culture et à leur éducation. Madame de La Fayette s’attarde lors du long portrait de son héroïne sur la qualité de l’éducation que lui a dispensée sa mère pendant son enfance lui peignant l’amour et lui enseignant la vertu. Ces personnages puissants se caractérisent finalement par leur grandeur morale, leur sens de l’honneur. C’est le cas du Prince de Clèves. Ce personnage conserve sa dignité en toutes circonstances : il aime sa femme sans en être aimé, il souffre de la jalousie en silence. Au moment de l’aveu de sa femme à Coulommiers, il éprouve de l’estime et de l’admiration pour elle. Il insiste pour obtenir le nom de l’amant mais n’y parvenant pas, il ne s’emporte pas. Ces figures historiques et romanesques apparaissent donc comme les dignes héritiers des personnages légendaires des tragédies antiques.

        Ensuite, la tragédie se caractérise par son registre tragique qui se définit par l’impuissance des héros face à la fatalité. Comme chez Racine, la passion est un ennemi de la liberté. Son étymologie latine, patior, renvoie d’ailleurs à la souffrance. C’est ainsi que l’amour du prince de Clèves peut être considéré comme une maladie, un poison qui va le tuer. En effet, la jalousie amène le prince à interpréter de façon erronée le rapport que lui fournit le gentilhomme qu’il a envoyé espionner la princesse à Coulommiers. Celui-ci lui explique avoir vu deux nuits de suite le duc de Nemours s’introduire dans le jardin, le prince pense aussitôt que sa femme lui a été infidèle. Le soir-même il est pris d’une fièvre qui l’emporte peu de temps après. Le lecteur assiste à l’engrenage tragique qui a mené à cette issue fatale : c’est d’abord l’ordre de Henri II lancé à la princesse de prendre le duc pour cavalier qui apparaît comme une fatalité. Puis la dauphine joue un rôle non seulement dans le rapprochement des amants pour récrire la lettre adressée au vidame par Mme de Thémines, mais aussi lors du vol du portrait de la princesse. Enfin, l’aveu de Coulommiers creuse un fossé entre le mari et son épouse. Ce destin funeste ne frappe pas seulement les personnages principaux. Le poids du destin apparaît aussi car la mort d’Henri II a été prédite par un astrologue : le roi lui-même le rappelle lors d’une conversation chez la reine : on lui a dit qu’il mourrait lors d’un duel. L’accident survient lors de l’ultime duel d’un tournoi contre le comte de Montmorency : le roi reçoit un éclat de lance dans l’œil. La tragédie est donc au service d’une vision pessimiste de la passion amoureuse.

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