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Travail TPE journal de bord

Synthèse : Travail TPE journal de bord. Recherche parmi 298 000+ dissertations

Par   •  17 Octobre 2019  •  Synthèse  •  3 019 Mots (13 Pages)  •  558 Vues

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 Carnet de bord de Abraham :

Certains jours du carnet de bord d’Abraham ont été perdus, ou possède peu d’intérêt, nous avons gardé les jours essentiels de la vie de la Famille Binder pour comprendre leur histoire, voici le point de vue du père :

Vendredi 6 Septembre 1941 :

Enfin de retour à la maison après une soirée des plus effroyables. Le sentiment que j’exprime depuis déjà quelques semaines se confirme. Je me sens honteux, sali au plus profond de mon âme et impuissant, impuissant face à cette haine. Cette haine a grandi de jour en jour, surtout depuis l’obligation de porter une étoile jaune , bien qu’elle fut déjà présente avant tout ceci. Cette étoile jaune, j’ai honte de la porter , à la fois de la honte et de la colère , de la colère de devoir porter un signe distinctif pour montrer à tout le monde que je suis juif. De la honte d’être juif parfois , comment puis-je avoir honte de cela?  Au tout départ la journée s’annonçait bien, comme chaque vendredi une sortie en famille était prévu, au programme une séance de cinéma pour voir le tout dernier film de Maurice Tourneur « Volpone ». Et pour ainsi dire tout commença mal, dès 19h ma femme Adina tomba dans une énième crise des plus violentes. Elle refuse toujours d’aller voir un médecin insistant sur le fait que ce n’est rien et que ça iras mieux d’ici quelques jours mais c’est tout le contraire, je ne sais plus quoi faire. Pour autant après une heure de repos elle s’est obstinée pour faire cette sortie malgré son état. Si seulement j’avais su la soirée qui nous attendait… Dès notre sortie de l’appartement j’avais ce sentiment lourd d’être observé, scruté, jugé de tous les côtés. En premier lieu j’ai accusé mon imagination de me jouer des tours mais plus nous avancions le long de la rue et plus les regards s’intensifiaient, quelque chose n’allait clairement pas. Je n’avais qu’une envie c’était de disparaître loin d’ici, loin des regards envahissants.

 Et pour finir tout ce lot de mésaventures si ce n’était déjà pas assez à l’entrée du cinéma nous nous sommes fait contrôler par la police alors que nous ne commettions aucune faute, si ce n’est sortir en famille. C’était un contrôle de nos papiers et du port de notre étoile jaune pour vérifier que tout était en ordre , bien sûr nous étions les seuls à nous faire contrôler. Quel soulagement lorsque nous sommes rentrés dans la salle obscure du cinéma à l’abri de tout regard malfaisant.

23 septembre 1941 :

Plus les jours passent et plus j’ai honte , je ne sors pratiquement plus de chez moi en dehors du travail. Beaucoup trop peur des regards des gens à la fois méprisants et fuyants comme la peste , comme si j’étais une abomination , une erreur de la nature. Aujourd’hui un passant m’a traité de sale juif avant de continuer sa route comme si tout était normal.

10 Juillet 1942 :

Je me sens très nerveux aujourd’hui , je me pose énormément de question intérieurement , j’évoque de nombreuses possibilités avec ma femme. Des rumeurs circulent partout dans les rues , quelque chose se prépare mais nous ne savons pas quoi exactement , certains parlent d’un simple contrôle pour voir si tout est en ordre et d’autre disent que nous allons tous être embarqué. J’ai discuté avec Adina et Carmel de l’idée d’aller voir la police pour essayer de tout éclaircir mais Carmel est beaucoup plus suspicieuse par rapport à tout cela.  Après une longue discussion nous avons retrouvé nos esprits , la police n’était en aucun cas une solution. Nous nous sommes mis d’accord sur le fait d’aller se cacher quelques jours quelque part à l’abri , en cachette , nous n’avons encore rien dit à Adam et à Eliana.

11 Juillet 1942 :

 

Nous sommes partis discuter avec nos voisins d’en face , ils ont toujours été agréables avec nous même depuis que nous portons cette étoile jaune. Rien n’est encore sûr, mais ils seraient d’accord pour nous héberger en cas de besoin dans leur logement , on ne sait même pas vraiment ce qui se passe mais le mieux est d’être prêt à tout.

12 Juillet 1942 :

J’ai l’impression que tout se calme , peut-être que ce n’était rien après tout. Que rien n’allait arriver , aujourd’hui après le travail je me suis surtout reposé , j’ai fait le vide dans ma tête. Puis j’ai beaucoup réfléchi à propos des derniers mois et de tout ce qui a suivi. En quelque sorte j’ai accepté ma situation , est-ce lâche de penser comme ça ? Je ne sais pas , beaucoup de question me traversent l’esprit mais dans tous les cas je ne peux rien faire d’autre que vivre en acceptant le jugement des autres, ces autres ne seront jamais capables de nous accepter , d’accepter la différence.

17 juillet 1942 :

J’écris ces lignes de chez moi avant de partir en Suisse , je ne sais pas si j’aurais la possibilité d’écrire plus tard alors voilà. J’écris ces lignes comme souvenir pour moi-même , comme témoignage si j’en viens à disparaître et que mon carnet de bord soit retrouvé. Mon nom est Abraham , Abraham Binder. Père d’une famille de trois enfants : Eliana, Carmel et Adam que j’ai eus avec ma femme Adina. Je suis encore en état de choc alors excusez moi si je parais quelque peu confus. Nous sommes une famille juive , et hier  a eu lieu quelque chose de terrible , d’affreux. Des centaines et des centaines de visages confus , apeurés , ne comprenant pas la situation , des mères tentant de rassurer leur enfants et par la même occasion elles-même. Tout a commencé le matin , pourtant nous avions eu ce sentiment que quelque chose allait arriver , nous étions préparés mais pourtant rien ne s’est passé comme prévu. La matinée commença par des cris , des cris affreux venant du bas de l’immeuble , des meubles qui bougeaient suivi d’un bruit strident , des tables , des chaises se fracassant contre des murs , des bruits de pas aussi lourd qu’un marteau montant à grande vitesse les étages un par un. Pris par la panique j’ai réveillé tout le monde , je regardais ma femme avec de grand yeux , nous savions que le temps pressait et qu’il fallait aller très vite. Mais une personne manquait à l’appel , elle n’était présente dans aucune des pièces , Carmel n’était pas là. J’ai déposé Adina , Adam et Eliana chez les voisins pour les cacher et j’ai tenté l’impossible en essayant de descendre l’immeuble sans me faire repérer par la police pour partir rechercher Carmel. Mais sans que je le remarque, Eliana m’avait suivi pour je ne sais quelle raison , il faut dire qu’elle reste la plupart du temps avec moi plutôt qu’avec sa mère , elle se sentait peut-être plus en sécurité en me suivant. Les policiers étaient déjà à quelques paliers plus bas de nous , alors qu’ils étaient occupés à inspecter un des logements de l’étage nous étions déjà descendu jusqu’au Hall. Les rues étaient bondés de policiers de tous les côtés, nous ne nous attendions pas à autant , après seulement quelque minutes nous nous sommes fait intercepter par un groupe de trois policiers. Les seules paroles prononcées par l’un des policiers était que nous allions être envoyés en Allemagne pour y travailler, après cela on nous a placés dans un bus en direction d’un immense stade pour patienter. C’était le palais des sports de Grenelle , j’ai passé beaucoup de temps dans ce lieu pour assister et participer à de nombreuses courses cyclistes.  Le stade était rempli de chaque côté , les gens étaient affolés , certains préféraient garder leur calme. Eliana me posait des questions sans arrêt , je me sentais si coupable de ne pas directement avoir fait demi-tour pour la ramener chez les voisins. Je lui dit que tout allait bien se passer , que c’était temporaire , qu’une fois en Allemagne elle irait dans une école avec les autres enfants et que l’on se retrouverait en fin de journée. Du moins c’est ce que je pensais au début, plus les heures passaient et plus le nombre de gens augmentait mais quelque chose d’autre attira mon attention. Des personnes âgés , malades , blessés étaient également amener ici , c’est à ce moment que je compris que nous n’étions pas envoyer en Allemagne pour travailler , que ferait-faire des personnes blessé là-bas ? Cela n’avait aucun sens , on ne faisait que nous mentir. Je ne pouvais pas les laisser emmener Eliana , il fallait que je trouve une solution , quelque chose qui nous sauverait probablement la vie. Toutes les portes de sortie étaient surveillé par un groupe de policier , impossible de s’enfuir sans être vu. Les heures m’ont semblé durer une éternité , la chaleur de la salle devenait de plus en plus insupportable. La faim et la soif se faisait sentir et la situation ne pouvait plus durer , le lendemain matin j’ai décidé d’agir , dans tous les cas nous n’avions plus d’autre choix c’était s’évader ou rester prisonnier à vie ou pire encore. Ce matin ce n’était pas une forme de courage qui sommeillait en moi mais un profond désespoir , un acte de dernière chance. J’ai profité du changement de la garde mobile à l’entrée d’une des sorties pour me faufiler avec Eliana dans la rue jusqu’à quelque mètre plus loin le café des sports. L’impensable se produisit , un policier est venu nous accoster discrètement pour nous dire très exactement «  Ne bougez surtout pas d’ici , la rafle se termine à 16h , je reviens vous chercher ». Je me souviendrais toute ma vie de ces quelques mots , il nous a sauvé la vie. Comme promis il est ensuite revenu et nous a accompagné jusqu’à notre immeuble en nous demandant de fuir le plus vite possible vers la frontière franco-suisse. A partir de ce moment-là la Suisse était devenu pour nous la terre promise , un possible havre de paix pour échapper à tout ceci. Il me donna des instructions , un plan à suivre pour réussir notre fuite sans nous faire capturé durant le trajet et une liste de passeur prêt à nous aider. Puis après nous avoir tout expliqué le policer s’en alla sans même nous réclamer quelque chose. Je ne sais toujours pas si ce n’était qu’un unique acte de bonté , de pitié ou si il appartient à un de ces réseaux de résistance. Une fois monté à notre étage nous avons récupéré chez les voisins Adam et Adina qui étaient sain et sauf mais toujours aucune nouvelle de Carmel , elle avait disparue et sans doute pour de bon. Et nous voilà à cet instant , le 17 juillet 1942 , nous avons donc prévu de rejoindre la suisse en passant la frontière pour échapper à tout ceci.

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