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Commentaire Unam sanctam Boniface

Discours : Commentaire Unam sanctam Boniface. Recherche parmi 298 000+ dissertations

Par   •  28 Février 2021  •  Discours  •  2 862 Mots (12 Pages)  •  987 Vues

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« Malheureux ! N’oublie pas que, sans l’appui de l’Église, tu ne pourrais résister. Que t’arriverait-il si, ayant gravement offensé le Saint-Siège, tu en faisais l’allié de tes ennemis et ton principal adversaire ? ». C’est ainsi que le 20 septembre 1296, dans le Bulle Ineffabilis amor que Boniface VII met en garde le roi Philippe IV, évènement qui accroîtra encore un peu plus les tensions entre le Roi et le Pape.

Boniface VIII, pape de l’église catholique et ancien notaire et avocat, utilise dans son écrit le droit canonique en opposition au droit romain appliqué par le roi Philippe IV. Il transcrit le 18 novembre 1302, une Bulle pontificale sur l’unité de l’Eglise ainsi que la supériorité de l’Eglise sur l’État. Souhaitant que tout le monde soit soumis au droit pontife, celui-ci lui donne une valeur de constitution apostolique. Bulle Unam Sanctam fut inscrite dans le Corpus juris canonici.

Suite à l’arrivée du roi Philippe IV, les relations entre le Royaume de France et Rome se compliquèrent suite à la volonté de rupture avec le passé du roi et précisément de consolider le pouvoir temporel au détriment du pouvoir religieux. D’autre part, l’affaire Bernard Saisset où le roi demande le jugement de l’évêque accusé de trahison par la justice civile et non pas par l’Eglise ainsi que des prélèvements d’argent sur des clercs malgré des exonérations sans avoir requis l’avis de Boniface VIII compliquent la mixité des deux branches.

Quels principes permettent à l’Eglise d’affirmer sa supériorité sur le roi, et plus particulièrement, la supériorité de la puissance spirituelle sur la puissance temporelle ? Nous nous intéresserons premièrement à l’unité, preuve de la légitimité de l’Eglise

puis à la mise en place d’une hiérarchie au profit de l’Eglise.

L’Église met ici en avant son unité et utilise la figure des deux glaives pour légitimer et justifier ses prises de position.

L'unité constitue l’un des dogmes de l’Église. L’Eglise se considère légitime « La Sainte Eglise Catholique est une et apostolique, c’est là un dogme que la foi impose de croire et de garder. »puisqu’elle est « une », elle est donc unique et incontestable ici par l’utilisation du mot dogme. Cependant, celle-ci ainsi que son indépendance fut compromise par la féodalisation qui créa de nombreuses Églises locales mais qui ainsi était passée sous la dépendance des divers pouvoirs politiques, une autorité politique qui nommait aux principales autorités ecclésiastiques. Les divers rois pouvaient désigner des évêques. Le principe de l’unité de l’Église est rappelé par « Unam Sanctam », une Sainte. L’utilisation de cette expression dès le début de la Bulle montre que ce principe est le pivot central de l’argumentation de Boniface VIII. L’unité de l’Église est un dogme. De plus, Boniface VIII ne vise pas seulement l’unité du clergé, il vise l’ensemble des fidèles donc l’ensemble de la société. Il poursuit son raisonnement en soulignant que comme l’Église est une, elle forme un corps, or, ce corps ne peut avoir une seule tête donc un seul chef. Il précise que ce chef est le Christ ou son vicaire, St Pierre puis le pape successeur de St Pierre. L’utilisation multiple de l’article indéfini « un » dans « Il n’y a qu’un Seigneur, une foi et un baptême », martèle cette unité. D’autre part, Boniface envoie un message direct au roi Philippe IV en en utilisant l’idée d’un pouvoir à deux têtes « cette Église une et unique n’a qu’un corps et qu’une tête et non pas deux têtes, ce qui ferait un être monstrueux », l’utilisation du mot monstrueux n’est pas choisi au hasard, il a un effet sur le roi à qui l’on accole cet adjectif et sur l’idée de nécessité d’unité dans l’Église pour la protection de la population encore rappelée par l’utilisation de la formule « une et unique ». Il n’y a toujours qu’une tête pour le pouvoir, « C’est le Christ et le vicaire du Christ, Pierre et le successeur de Pierre », le pouvoir passe donc toujours par une personne alors le successeur actuel de ce pouvoir et le pape. Boniface utilise la peur pour forcer à l’unité religieuse « à l’instar des Grecs où d’autres prétendraient se soustraire à l’autorité du Pierre avoueraient par là même ne pas pouvoir être comptés au nombre des brebis du Christ », il critique ici les non-croyants, le schisme grec, les non chrétiens... « J'ai encore d'autres brebis, qui ne sont pas de cette bergerie; celles-là, il faut que je les amène; elles entendront ma voix, et il y aura un seul

troupeau, un seul berger » dit Saint Jean, il rappelle qu’ainsi que s’ils ne font pas partie de cette unité renforcée ici par des références aux apôtres et à l’évangile, ils ne seront pas protégés et « hors d’elle, il n’y a point de salut ni de rémission des péchés ».

La légitimité de l’Église à affirmer sa supériorité sur le pouvoir royal s’appuie donc sur son unité, de plus, l’allégorie des deux glaives est un autre principe qui permet alors d’affirmer à la population que le pouvoir temporel et spirituel se trouve entre les mains de l’église.

La thèse pontificale dont les bases ont été jetées par Grégoire VII, a été développée par Bernard de Clairvaux qui a su développer l’allégorie des deux glaives. Le premier passage se retrouve dans l’évangile de St Mathieu et de St Jean qui raconte la scène de l’arrestation du Christ ou St Pierre voulut résister par la force aux soldats romains et tira son épée pour se défendre lui-même et le Christ mais ce dernier, l’apostropha pour lui demander de remettre son épée « met ton glaive au fourreau », « Le glaive temporel et dans la puissance de Pierre interprète mal la parole du seigneur qui proclame : « remets ton glaive au fourreau » » ainsi Pierre détient bien un glaive. Le second passage est tiré de l’évangile de St Luc qui raconte cette même scène de l’arrestation du Christ. Lorsque le Christ a annoncé à ses apôtres qu’il allait être arrêté, les apôtres voulurent lui montrer qu’ils étaient prêts à résister par la force , ils s’écrièrent « il y a ici deux glaives ». Le Christ répond « C’est assez », ainsi pas besoin d’un troisième pouvoir, « le Seigneur n’a pas répondu : « C’est trop » » donc aucun des deux pouvoirs n’est superflu. Ces versets expriment l’idée que le Christ ne répond pas à ses adversaires par la force car pour St Mathieu « celui qui prend l’épée périra par l’épée ». Sans remettre en cause ce premier degré d'interprétation, St Bernard considérait aussi que ces passages avaient un sens caché. Suivant cette interprétation allégorique, ils avaient une dimension politique que l’on peut résumer en trois points : le glaive est l’attribut traditionnel du pouvoir dans le passage de l’évangile de St-Luc, les deux glaives représentent de manière allégorique les deux pouvoirs ; le spirituel et temporel. D’autre part, les deux glaives sont en possession des apôtres. Or, si ces deux glaives sont les deux pouvoirs, le temporel et le spirituel, les apôtres symbolisent l’Église alors St Bernard en déduit qu’à l’origine l’Église détenait les deux pouvoirs. Pour conclure, l’allégorie des deux glaives explique la délégation du pouvoir temporel au profit du pouvoir spirituel qui donnera alors tout pouvoir à l’Église.
Ainsi, l’Église légitime sa position en affirmant son unité à l’aide d’allégorie et de tournure grammaticales, d’autre part, le texte laisse clairement apparaître une hiérarchie entre les pouvoirs spirituels et temporels.

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