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Commentaire du TEXTE 3 : Pape Boniface VIII, Bulle Unam Sanctam (18 novembre 1302)

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Par   •  16 Novembre 2022  •  Commentaire de texte  •  3 488 Mots (14 Pages)  •  240 Vues

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« Il faut rendre à César ce qui est à César, et à Dieu ce qui est à Dieu », cette phrase, prononcée par Jésus Christ se trouve dans les trois Évangiles synoptiques : Marc 12,17, Matthieu 22,21 et Luc 20,25. Elle est prononcée à Jérusalem, en réponse aux pharisiens lorsqu’ils auraient posé une question à Jésus : « Faut-il payer l’impôt à l’occupant romain ? Le Christ aurait ainsi voulu insister sur l’importance de différencier ce qui est de l’ordre du terrestre et ce qui est de l’ordre du divin. En effet, César en tant qu'empereur était considéré comme un dieu vivant dans l'empire, par ce proverbe jésus exprime son indépendance vis à vis du pouvoir de Rome et notamment du point de vue spirituel.

Le pape Boniface VIII, de son nom Benedetto Caetani, est entre 1294 et 1303 le pape de l’église romaine. A l’instar du pape Grégoire VII, il voulait élever la puissance du pouvoir de l’église sur celui des rois, ce qui lui vaudra jusqu’à la fin de sa vie des hostilités avec les rois de l’époque notamment Philipe Lebel, roi de France. Cette idéologie prônant l’hégémonie de la puissance ecclésiastique (spirituelle) sur la puissance matérielle (temporelle) détenue par les rois sera invoquée dans la célèbre bulle « Unam Sanctam » signifiant « un saint » en 1302. Celle-ci sera reconnue comme un texte de constitution apostolique qui détermine les relations entre les rois et l’église et conclue par l’obligation de toute chose à se soumettre au pontife romain.

Entre le XIIème et le XIIIème siècle, on observe une période de forte chrétienté en Europe, avec une forte influence de l'église, un système féodal en expansion, une société bien organisée et un équilibre général. L’Europe est chrétienne en majorité : pas d’autres religions, pas de séparation avec les protestants et peu de païens. Cependant il existe des conflits de pouvoir, l’église va être critiquée car elle se mêle trop des affaires de la société, plutôt que de les laisser aux mains des rois. Le conflit d’autorité entre le pouvoir spirituel et le pouvoir temporel n’est pas nouveau, il peut au moins dater du conflit entre le pape Grégoire VII dont s’est inspiré Boniface VIII, et le roi Henri IV.

Ici, le pouvoir spirituel incarné par Boniface VIII s’oppose à Philippe Le Bel, roi de France de 1285 à 1314 et onzième roi de la dynastie des Capétiens. Il est animé par une volonté d’étendre ses pouvoirs, aussi, il ne sera pour lui aucunement question de remettre en cause ses prérogatives royales. Pourtant, un homme va s’opposer à lui, c’est le Pape Boniface VIII. Entre le roi de France et le pape, l’histoire avait bien commencée puisque le Roi Philippe le Bel avait demandé au pape un procès en canonisation, c’est-à-dire une inscription à l’ordre des saints à Boniface VIII pour son grand père, Louis IX qui deviendra par l’accord du pape, « Saint Louis ». Ainsi par ce geste, Boniface VIII s’attire les bonnes grâces du royaume de France. Cependant, le roi a toujours des difficultés financières et ce, durant tout son règne. Il y a évidemment l’impôt et la dévaluation de la monnaie qui s’offrent au roi pour solutionner les problèmes d’argent de son royaume, mais c’est surtout vers les décimes que celui-ci se tourne. Les décimes donc, sont une taxe perçue exceptionnellement par le roi sur les revenus du clergé, les évêques et les prêtres vont alors payer un pourcentage de leur revenu au roi lorsque par exemple, le roi veut partir en croisade et a besoin d’appui économique. La difficulté se pose quand le roi multiplie ses décimes et exige de l’église trop d’impôts, cela ne va pas plaire à Boniface VIII qui va s’y opposer. Ainsi, lorsqu’il y a litige entre le pape et le roi, Boniface VIII va lui écrire des bulles, c’est-à-dire qu’il rend un édit, un texte qui va être diffusé dans toute la chrétienté. Le premier, de 1296, « Clericis Laicos » interdisait, sous peine d'excommunication, toute levée d'impôts nouveaux sur le clergé sans l'autorisation du pape, mais le roi maintien que les évêques doivent participer au financement du royaume. Boniface va réitérer avec la bulle « Ausculta Fili » dans laquelle il rappelle que le roi doit se soumettre au pape. Offensé, le roi va alors propager au peuple français une mauvaise image du pape, de sorte à le décrédibiliser. De plus, Philippe IV va convoquer un concile, avec les trois ordres : le clergé, la noblesse et les paysans. En tout, le concile réunit plus d’un millier de personnes dans la cathédrale de notre dame de Paris. Lors de ce concile, le roi, après avoir évoqué les litiges avec le pape, va ordonner que le concile du Vatican soit interdit aux évêques qui dépendent des juridictions du roi de France. Subséquemment, Boniface VIII qui voit moins de la moitié des évêques venir à son concile en 1302, s’offusque et va rédiger une nouvelle bulle, faisant peser la menace de l’excommunication et s’attaquant presque directement au roi : la bulle « Unam Sanctam ». Dans cette bulle, le pape rappelle sa légitimité divine et menace les chrétiens de ne pas accéder au salut s’ils placent le pouvoir des rois au-dessus de celui de l’église. Philipe Le Bel ne pourra dans un premier temps que faire profil bas car il faut rappeler que la chevalerie française vient de connaitre la défaite de Courtrai contre les flamands, laquelle est considérée comme une punition divine ; Dieu aurait puni l’arrogance de Philipe Le Bel. Boniface VIII est conscient que cela a marqué les esprits et veut démontrer au peuple que s’ils suivent la voie périlleuse du roi dans la désobéissance au pontife romain, ils subiront la punition de Dieu.

Des lors, il convient de se poser la question suivante : En quoi la bulle Unam Sanctam, fulminée par le Pape Boniface VIII en 1302, constitue-t-elle un des textes dogmatiques majeurs conduisant l’équilibre entre spirituel et temporel et affirmant la monarchie pontificale ?

Pour répondre à cette question, il sera dans un premier temps nécessaire de définir le sens et le rôle théorique des glaives spirituel et temporel, comme entendu dans la bible (I). Aussi, il sera dans un second temps intéressant de retracer les conséquences in momento de ce cette bulle et de faire une analogie avec notre conception actuelle du pouvoir (II).

I. Le sens et le rôle théorique des glaives spirituel et temporel, comme entendu dans la bible

Dans la bible, les pouvoirs spirituel et temporel sont clairement séparés et représentés en glaives pour différentes raisons

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