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Peut-on tout dire ?

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Par   •  5 Octobre 2018  •  Dissertation  •  2 609 Mots (11 Pages)  •  880 Vues

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DISSERTATION DE PHILOSOPHIE

Peut-on tout dire ?

        Cette interrogation en apparence simple peut immédiatement porter à croire, sous l'angle du sens commun, que l'on peut effectivement se permettre et être capable de tout dire, rien ne nous échapperait. Notre langage doublement articulé, en comparaison aux formes de communications des autres êtres vivants, nous permet d'exprimer notre pensée conceptuelle qui n'est autre qu'une des facettes de notre conscience réflexive. Cependant on peut se demander : Qu'est-ce que le langage ? Est-il capable de tout dire ? Les mots peuvent-ils tout exprimer ? Le langage n'enferme-t-il pas le mot de sorte à ce qu'il fausse d'avance notre perception de l'objet ? Le langage est-il un outil omnipotent ou bien se heurte-il à de l'indicible ? D'un autre point de vu, avons nous seulement le droit de tout dire ? Et enfin, tout est-il bon à dire ?

        Le langage permet d'exprimer ce que l'on perçoit grâce à nos cinq sens, ce que l'on ressent et tout simplement ce que l'on pense. Il semblerait qu'il permette de tout dire car c'est une des facettes de notre forme de conscience. En effet, la conscience réflexive, contrairement à la conscience dite sensible de l'animal, est constituée du langage, de la pensée conceptuelle et de la technique. Ces sortes de facettes sont une seule et même chose : la conscience réflexive. Elles sont donc indissociables. On peut ainsi constater que le langage humain est particulier, en relation intrinsèque avec d'autres aspects : intellectuel et manuel. Il a également un double statut, d'un côté il est une partie de la culture et d'un autre le vecteur de la culture.

        Mais pour comprendre ce qu'est le langage, il faut prendre en compte les distinctions autour de ce concept. Tout d'abord le langage est la faculté ou l’aptitude à constituer et à utiliser un système de signes. Ces signes aussi appelés signes linguistiques ont été inventé par Saussure, fondateur de la linguistique. Ils sont constitués d'un signifiant, autrement dit d'une suite de sons, de l'image acoustique et d'un signifié, donc le sens du mot. Ce concept est à distinguer de la communication étant un terme qui englobe toutes les formes de langage comme le langage infra-verbal ou langage des signes ainsi que le langage inconscient, celui du regard. De la parole qui se différencie par la manière de parler, c'est un acte individuel et oral par lequel s'exerce la fonction du langage. Puis de la langue qui est un système de codes particuliers, de signes propres à une communauté humaine. Du fait qu'il existe plusieurs langues, le lien entre signifiant et signifié en devient contingent c'est-à-dire qu'il n'est pas nécessaire, il peut être ou ne pas être. Ces signes linguistiques peuvent être des mots, des gestes mais pas des symboles qui ne sont que partiellement arbitraires. Le geste et le mot sont arbitraires car suivant les cultures il ne veulent pas dire la même chose. Le symbole, lui, conserve un « rudiment de lien naturel » d'après le linguiste français A.Martinet. Notre langage composé de mots est constitué de monème qui est la plus petite unité de sens et ces monèmes sont constitués d'une série de phonèmes qui est la plus petite unité de prononciation. Toutes les langues humaines ont cette double articulation, cela tient en le fait de pouvoir combiner des phonèmes pour créer des monèmes qui eux créer des phrases. Mais aucun système de communication animal ne la possède, d'où l'utilisation du terme de communication animale et non pas de langage animal. En effet certains animaux ont des systèmes de communication très élaboré tel que les abeilles comme le fait découvrir l'ethnologue K.Lorenz avec d'autres spécialistes dont K.V.Frisch et N.Tinbergen. Elles ont une communication gestuelle et chimique. Lorsqu'une abeille sort de la ruche pour aller butiner elle transmet ensuite plusieurs informations aux autres membres de l'habitat. La première information est de type chimique c'est-à-dire un échantillon de ce qu'il faut butiner puis la seconde est de type gestuel comme une sorte de grand huit déformé qui indique la distance et la vitesse. Malgré la complexité des modes de communication animal, ils ne sont pas doublement articulés car il n'y a pas de combinaison : le chien aboie pour alerter d'un danger, par joie, par faim, ect. Il y a cette différence également qui fait que la forme de communication animal est inné tandis que le langage humain est acquis.

Après avoir définit le concept maître de la réflexion, l'on comprend que le langage est plus complexe que le sens commun ne pourrait le laisser entendre. Un système de communication tel que le langage ne pourrait normalement que tout dire ? Le langage traduit-il parfaitement la complexité de la pensée ?

        « Penser c'est parler » en son fort intérieur. Ces deux actes ne forment, en fait, qu'une seule et même chose, ils ne sont ni antérieur ni postérieur l'un envers l'autre comme pourrait le croire le sens commun. Ce n'est, au final, que la même réalité et non pas deux étapes successives. C'est pourquoi Hegel affirme que nous pensons dans les mots. Ainsi pour ce philosophe la question l'ineffable n'a pas lieu d'être. Le terme ineffable désigne un au-delà du langage qui de manière structurelle serait incapable de dire. Le problème tient à la valeur que l'on donne à cet ineffable. On peut considérer que ce que l'on ne parvient pas à dire témoigne, prouve que la pensée n'est pas parfaite, n'est pas achevée. Dans ce cas là l'ineffable serait une sorte de pensée qu'il faudrait parfaire pour qu'elle trouve le mot. Elle serait alors considérée comme « floue » et ne mériterait pas véritablement son nom et son statut de pensée. Et c'est en cela que réside la thèse de Hegel dans l'Encyclopédie des sciences philosophiques. Pour ce philosophe appauvrir les mots, appauvrir son vocabulaire c'est appauvrir sa pensée.

Mais on peut, au contraire, considérer que l'ineffable n'est pas une pensée pauvre mais une pensée riche, tellement riche qu'elle ne se laisse pas appauvrir par les mots. Cette hypothèse-ci est celle du philosophe H.Bergson dans l'Essai sur les données immédiates de la conscience. Il a constaté que la perception qu'il avait d'un met réputé exquis était faussée car influencée par le mot. Les mots voilent, ils faussent ou enjolivent les sensations car ils sont une limite. Le substantif c'est-à-dire le nom commun colle une étiquette sur les choses, c'est purement fonctionnel car cela permet de les ranger dans des catégories et de se comprendre. La contrepartie est que l'on perd l'accès à la particularité de l'objet, on ne le voit plus qu'à travers sont étiquette générale. Le langage se heurte à une impossibilité qui lui est, par nature, constitutive, il ne peut donner la particularité de chaque chose sinon tous les objets auraient un nom propre. Il y a cependant le langage poétique qui est un moyen de montrer la particularité des choses. Hegel va par ailleurs faire une critique du sens commun qui valorise l'ineffable, il vise alors le courant romantique allemand car c'est une forme d'exaltation des sentiments, de ce qui ne peut se dire. C'est pour lui une pensée « obscure à l'état de fermentation ».

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