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Peut-on désobéir à la loi ?

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Par   •  16 Janvier 2017  •  Dissertation  •  1 537 Mots (7 Pages)  •  3 505 Vues

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Peut-on désobéir à la loi ?

  1. Thèse : Ce qui est juste c’est l’obéissance à la loi

Les lois, dans un Etat légitime, c’est à dire dans un Etat dont le pouvoir n’est pas établi par la force, la contrainte, et dans un Etat qui œuvre au bien commun doivent être respectées. Comme le constate Spinoza le but de l’organisation en société est de faire avancer les hommes vers une existence collective marquée par une rationalité croissante. Ainsi l’Etat doit détourner les hommes de la convoitise pour penser les intérêts communs. Naturellement les hommes ne sont donc pas bons et sont incapables de s’organiser sans un minimum de règles contraignantes. Cela signifie que sans loi il n’y aurait pas de justice. Naturellement les hommes ne sont donc pas portés à suivre les préceptes de la raison. L’Etat doit donc permettre d’instaurer la concorde et la paix.

Rajoutons par ailleurs que la désobéissance à la loi peut également s’apparenter à une injustice, c’est ce que constate Socrate, lorsque condamné à mort, son Criton lui propose un plan d’évasion. La question que l’on peut alors se poser est la suivante : Socrate, qui est victime d’une injustice peut-il lui aussi commettre une injustice ? Peut-il s’enfuir ? Peut-il désobéir aux lois ? Selon Socrate l’injustice ne provient pas des lois elles-mêmes mais plutôt des hommes qui sont chargés de les appliquer, notamment les juges, aveuglés par leurs passions qui n’ont pas vu que l’accusation manquait de fondement. Ils ont préféré suivre les accusateurs de Socrate qui voulaient sa perte. Pour Socrate une injustice ne doit jamais être commise et ce n’est pas une nouvelle injustice qui pourrait réparer l’autre. Quelques soient les circonstances, l’injustice volontaire est présentée comme mal.

Enfin, rajoutons que théoriquement admettre la désobéissance à la loi est problématique. C’est ce que nous montre Kant lorsqu’il condamne la rébellion. A ses yeux la rébellion doit être condamnée car elle ruine la loi dans son fondement même. Il est absurde qu’une loi prévoie la possibilité pratique de sa remise en cause. La loi n’existe qu’en vue de son obéissance et non en vue de sa désobéissance. Si la question de son respect peut en pratique, dans telles ou telles circonstances, se poser, pourtant d’un point de vue théorique cela annule le concept même de loi si on tolère la possibilité d’y déroger. De plus, en cas de rébellion deux conceptions de la justice s’affronteraient. Qui pourrait alors trancher pour savoir de quel côté est le droit ?

Cependant, dans les faits les choses ne sont pas si simples. N’arrive-t-il pas que la loi soit injuste ? Faut-il obéir sans se poser de questions ? Doit-on obéir aveuglément ?

  1. Faut-il obéir aveuglément ?

Cette question de l’obéissance aveugle a été pensée à maintes reprises. Il suffit de penser à l’expérience de Milgram. L’expérience de Milgram met en évidence le fait que lorsque l’individu obéit à une autorité il délègue sa responsabilité. Quel que soit le mal commis tant que l’individu agit sous les ordres d’une autorité qu’il juge légitime l’individu ne se sent pas responsable de ce mal.  Milgram expliquera par la suite que de nombreux comportements des allemands et des collaborateurs sous Hitler étaient assimilables à ceux de cette expérience. Nous pouvons penser à Adolf Eichmann qui a organisé, sous les ordres d’Hitler, les déportations vers Auschwitz. Hannah Arendt en tant que journaliste s’est rendu à Jérusalem pour assister à son procès. Hannah Arendt s’attendait, en arrivant à Jérusalem, à rencontrer un monstre. Au contraire de cela, elle découvre un fonctionnaire plutôt borné. Elle en déduit que le mal n’est pas le produit de cerveaux spécialement maléfiques mais de personnages ordinaires, voire de simples bureaucrates comme Eichmann qui disent n’avoir fait qu’obéir aux ordres. A ses yeux cela signifie que tout homme est susceptible de basculer dans l’abjection si les circonstances s’y prêtent, pour peu qu’il ait renoncé à faire usage de sa conscience et de son libre-arbitre.

        Nous devons alors distinguer la légalité de légitimité. La légalité désigne les lois et toutes les actions conformes à la loi. La légimité est un concept normatif, un principe supérieur à la loi, qui permet d’en juger le contenu d’un point de vue moral et humain. Locke, dans le Second Traité du gouvernement civil, constate ainsi que la fonction de l’Etat est de protéger les droits naturels. C’est ce respect qui rend son pouvoir et les lois mises en place légitimes. Lorsque l’Etat s’octroie des droits qui vont au-delà de ce qui est requis par sa fonction, quand il fait passer son intérêt avant la protection des droits naturels, l ‘exercice de pouvoir devient illégitime. La contestation et la résistance sont alors des droits. Il s’agit même d’un devoir. L’Etat, pour Locke, n’est pas le propriétaire du pouvoir, c’est le peuple qui détient le pouvoir ; c’est donc lui qui décide de la forme que le gouvernement doit avoir et c’est lui qui décide à qui confier le pouvoir. L’Etat est là pour réaliser la mission confiée par le peuple. La pensée de Locke est l’une des origines de la philosophie des droits de l’homme, c’est à dire de l’idée d’une limite au pouvoir de l’Etat et même de l’idée que l’homme a des droits contre l’Etat, en particulier le droit à l’insurrection si l’Etat ne remplit pas la mission qui lui a été confiée par le contrat : « Le peuple conserve toujours le pouvoir suprême de dissoudre ou de changer la législature, quand il s’aperçoit que celle-ci agit d’une manière contraire avec la mission qui lui a été confiée. Car tout pouvoir confié avec mission de parvenir à telle fin se trouve limité par celle-ci ». Ce droit  de résistance à l’oppression sera d’ailleurs reconnu dans l’article 2 de la Déclaration des Droits de l’Homme et du Citoyen comme étant l’un des droits naturels et imprescriptibles de l’homme.

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