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Les fleurs du mal

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Par   •  30 Décembre 2022  •  Cours  •  1 691 Mots (7 Pages)  •  320 Vues

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Introduction

Étymologiquement, le poète est un créateur. Aussi sculpte-t-il toutes sortes de matériaux, des plus nobles aux plus bas, pour les transformer par sa technique et son art. Dans Les Fleurs du mal, Baudelaire plonge ainsi dans « la boue » du monde et de l'âme, comme l'indique la répétition de ce substantif tout au long du recueil. Mais le poète est-il condamné à tremper sa plume dans cette fange pour parvenir à créer ? Cette question interroge les fonctions et les pouvoirs de la poésie. Certes, comme nous commencerons par le noter, le poète peut célébrer les charmes de l'existence. Reste que nous constaterons ensuite qu'il est rarement insensible aux troubles qui l'entourent ou l'habitent. Paradoxalement, c'est ce détour par la noirceur qui peut éclairer le lecteur.

Les charmes de la vie

Les plaisirs de l'amour

Si Ronsard évoque la mort, c'est aussi pour chanter la vie. Son memento mori appelle souvent un carpe diem. Il écrit notamment dans ses Sonnets pour Hélène : Quand vous serez bien vieille, au soir, à la chandelle,

Assise auprès du feu, dévidant et filant,

Direz, chantant mes vers, en vous émerveillant :

Ronsard me célébrait du temps que j'étais belle !

[…] Vivez, si m'en croyez, n'attendez à demain :

Cueillez dès aujourd'hui les roses de la vie.

Même dans le sombre bouquet des Fleurs du mal, on trouve de tels élans dès lors qu'il s'agit de peindre les charmes d'une femme. Certes, « Remords posthumes » est une réécriture bien sombre des poèmes de Ronsard. Mais « La chevelure » traduit une ivresse communicative. La femme aimée devient même une porte ouverte menant à la beauté et à l'infini : Cheveux bleus, pavillon de ténèbres tendues,

Vous me rendez l'azur du ciel immense et rond ;

Sur les bords duvetés de vos mèches tordues

Je m'enivre ardemment des senteurs confondues

De l'huile de coco, du musc et du goudron.

De même, Paul Éluard a souvent écrit sur l'amour et ses pouvoirs. Dans « Celle de toujours, toute », il proclame par exemple : « Je chante pour chanter, je t'aime pour chanter / Le mystère où l'amour me crée et se délivre. » L'amour, loin d'asservir, est ici source de liberté.

La beauté du monde

Le poète est aussi celui qui nous invite à contempler le monde pour en découvrir les innombrables richesses. Il arrive que, dans Les Fleurs du mal, le tableau proposé par Baudelaire dégage une impression d'harmonie. L'heure n'est alors plus à l'affrontement mais au plaisir des sens. Dans « Harmonie du soir », « les sons et les parfums tournent dans l'air du soir ». Dans « L'Invitation au voyage », Baudelaire nous offre une évasion grisante vers un « pays » où « tout n'est qu'ordre et beauté, / luxe, calme et volupté ».

De même, c'est en s'abaissant parfois vers les choses les plus simples que le poète parvient à nous élever. Dans ses Odes, Ronsard chante les plaisirs de la vie : Achète des abricots,

Des pompons, des artichauts,

Des fraises, et de la crème :

C'est en été ce que j'aime,

Quand sur le bord d'un ruisseau

Je les mange au bruit de l'eau,

Étendu sur le rivage,

Ou dans un antre sauvage.

À nouveau, l'heure est au carpe diem et la poésie parvient à nous réconcilier avec le monde qui nous entoure. En somme, la poésie célèbre parfois les charmes de l'existence. Est-ce à dire qu'elle délaisse les souffrances ? Rien n'est moins sûr, tant elle se fait souvent l'écho des troubles du monde.

Les troubles du monde

Échos

Même s'il n'est pas question pour lui d'assujettir la poésie à des fins morales ou politiques, Baudelaire n'écrit pas retiré dans une tour d'ivoire. Dans « Le Joujou du pauvre », l'un de ses Petits Poèmes en prose, il représente ainsi les « barreaux symboliques » qui séparent un enfant « beau et frais, habillé de ces vêtements de campagne si pleins de coquetterie » et un enfant « sale, chétif, fuligineux ». Le poème s'achève sur le spectacle de cet enfant pauvre qui possède pour seul jouet un rat vivant enfermé dans « une boîte grillée ».

Victor Hugo est allé beaucoup plus loin que Baudelaire sur ce chemin, n'hésitant pas à utiliser la poésie pour dénoncer ouvertement des injustices. Dans « Melancholia », poème extrait des Contemplations, il se dresse face au terrible spectacle des enfants qui doivent travailler : Où vont tous ces enfants dont pas un seul ne rit ?

Ces doux êtres pensifs que la fièvre maigrit ?

Ces filles de huit ans qu'on voit cheminer seules ?

Ils s'en vont travailler quinze heures sous des meules

Ils vont, de l'aube au soir, faire éternellement

Dans la même prison le même mouvement.

Le poème devient alors un refuge accueillant et il se fait l'écho de différentes souffrances. C'est ce que nous rappelle Claude Roy dans « Jamais je ne pourrai » : Le poète n'est pas celui qui dit Je n'y suis pour personne

Le poète dit J'y suis pour tout le monde

Ne frappez pas avant d'entrer

Vous êtes déjà là

Qui vous frappe me frappe.

Comme le souligne le titre d'un recueil publié pendant la Seconde

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