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Le sujet, obscure à lui-même ?

Cours : Le sujet, obscure à lui-même ?. Recherche parmi 298 000+ dissertations

Par   •  29 Octobre 2017  •  Cours  •  2 768 Mots (12 Pages)  •  748 Vues

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Piste 2 - LE SUJET OBSCUR À LUI-MÊME ?

        Les philosophies de la conscience et de la liberté (Descartes, Kant, Hegel, Husserl, Sartre = humanisme, idéalisme et phénoménologie), malgré leur variété, par-delà leurs points de divergence, partagent toutes une certaine vision de l'homme : à la différence de l'animal, non seulement l'homme est un être conscient de lui, mais il est également un sujet capable de s'autodéterminer, doté donc d'une véritable liberté, ces deux caractéristiques faisant de lui une "valeur absolue". << Ce qui élève l'homme par rapport à l'animal, c'est la conscience qu'il a d'être un animal. Du fait qu'il sait qu'il est un animal, il cesse de l'être >> Hegel. La faculté de penser dont il dispose en fait l'auteur de sa propre existence, dont il devient alors "responsable". C'est bien sur le terrain de la morale que le sujet humain se situe (La liberté, La morale).

        Pourtant, il est de nombreuses situations où l'on peut se demander si la liberté est bien le principal caractère de l'humain. Sommes-nous toujours véritablement conscients de nos actes ? Sommes-nous réellement auteurs de nos existences ? Sommes-nous toujours libres de nos choix ? L'homme est-il si différent de l'animal qu'il prétend l'être ? Cette dignité supérieure et exclusive n'est-elle pas qu'une "vue de l'esprit" orgueilleuse et naïve ? La conscience est-elle donc aussi transparente à elle-même qu'elle voudrait bien le croire ? Est-elle tout le sujet ? N'y a-t-il pas une part d'ombre dans le sujet ? Et que s'y passe-t-il ? Le sujet humain est-il aussi libre et maître de lui que le clame l'humanisme ? En effet, l'homme n'est-il pas soumis à des forces qui travaillent en lui sans qu'il s'en rende compte ? Et bien loin d'être véritablement arraché ou détaché de la Nature, n'est-il pas au contraire profondément inscrit en elle ?

        En effet, dès son origine cartésienne, des voix se sont élevées pour critiquer ce courant des philosophies du sujet et de la liberté. Dès le XVIIème Siècle, Spinoza s'attache à montrer que la liberté de la volonté est une illusion, et que l'homme << n'est pas dans la Nature, comme un empire dans un empire >> : il n'est pas qu'une âme parfaitement détachée de tout le côté matériel de l'existence, il n'est pas un pur esprit. Il est au contraire, au même titre que tous les autres animaux, inscrit au coeur de la Nature... même s'il cherche à << s'en rendre comme maître et possesseur >>  selon le mot de Descartes.

        Spinoza ouvre donc la voie aux philosophies du soupçon (Spinoza, Nietzsche, Marx, Freud, Lévi-Strauss, Foucault ...) qui tenteront alors de "déconstruire" la conception humaniste et cartésienne du sujet. Et toutes les sciences humaines leur emboîteront le pas en se donnant aussi pour tâche de réinterroger le concept de "sujet" et la question de la liberté d'une manière critique. Cette tradition alternative se propose donc d'explorer "les dessous de la conscience".

        Leçon n°1 : SOUS LA CONSCIENCE

Texte n°1 : Sur le déterminisme social

        Considérés au point de vue de leur existence terrestre, c’est-à-dire non fictive mais réelle, la masse des hommes présente un spectacle tellement dégradant, si mélancoliquement pauvre d’initiative, de volonté et d’esprit, qu’il faut être doué vraiment d’une grande capacité de se faire illusion pour trouver en eux une âme immortelle et l’ombre d’un libre arbitre quelconque. Ils se présentent à nous comme des êtres absolument et fatalement déterminés : déterminés avant tout par la nature extérieure, par la configuration du sol et par toutes les conditions matérielles de leur existence ; déterminés par les innombrables rapports politiques, religieux et sociaux, par les coutumes, les habitudes, les lois, et tout un monde de préjugés ou de pensées élaborées lentement par les siècles passés, et qu’ils trouvent en naissant à la vie en société, dont ils ne sont jamais les créateurs, mais les produits d’abord et plus tard les instruments. Sur mille hommes, on en trouvera à peine un, duquel on puisse dire à un point de vue non absolu mais seulement relatif, qu’il veut et qu’il pense par soi-même. L’immense majorité des individus humains, non seulement dans les masses ignorantes, mais tout aussi bien dans les classes éduquées et privilégiées, ne veulent et ne pensent que ce que tout le monde autour d’eux d’eux veut et pense, ils croient sans doute vouloir et penser eux-mêmes, mais ils ne font que reparaître servilement, routinièrement, avec des modifications tout à fait imperceptibles et nulles, les pensées et les volontés d’autrui.

                        BAKOUNINE, Oeuvres, T.1

Questions :

1 –         Comment caractériser l'approche de Bakounine ?

2 -        Quelle est alors la conception de l'homme qui se dégage ?

3 –        Est-ce là la fin de toute forme de liberté ?

A - Pas un sujet : un "produit" !

        Les sciences humaines prennent le contre-pied des philosophies du sujet en adoptant un point de vue sur l'homme non plus métaphysique mais scientifique : il s'agit de le réinscrire dans la nature là où il était question d'arrachement, autrement dit de "dissoudre l'idée d'homme" pour reprendre le mot de Foucault. Ainsi il n'est plus "sujet", mais devient "objet". Il est question d'une approche de terrain, qui cherche à observer le plus objectivement et le plus concrètement possible "les" individus dans leur contexte social et collectif, mais aussi dans leurs activités, dans tous les faits et gestes de leur quotidien, soit donc dans leur "réalité", dans leur « inscription » dans le monde. Au contraire la position idéaliste étudie "le" sujet de manière abstraite, intellectualisée, dans son "concept", selon la perspective métaphysique visant à cerner ce qu'est l'Homme dans son "essence", dans son idée, dans son sens. Les sciences humaines se proposent d'"expliquer" la réalité des comportements humains de manière scientifique, c'est-à-dire en s'appuyant sur les méthodes et la rigueur des sciences de la nature (physique, chimie et biologie) et non plus selon les méthodes "verbeuses" de la philosophie. Le parti pris de ces chercheurs est donc que pour l'homme aussi on peut parler de "causalité", c'est-à-dire d'un enchaînement rigoureux de causes et d'effets.

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