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Le savoir humain

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Par   •  28 Mars 2016  •  Cours  •  6 042 Mots (25 Pages)  •  871 Vues

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 LE LANGAGE

 

 

Préambule : Le savoir humain ne peut exister que parce qu’il se transmet. Songez par exemple à tous les écrits anciens ignorés parce que perdus, parce que détruits ou non recopiés suffisamment d’âge en âge pour résister aux incendies et à l’humidité. Il est extraordinaire de disposer aujourd’hui des textes des anciens grecs, recopiés patiemment de siècle en siècle. Par conséquent, pour connaître, la simple recherche théorique ne suffit pas : il faut la transmettre pour qu’elle se conserve et se perpétue dans la mémoire humaine. Il est paradoxal que Platon, qui ne jurait que par l’oralité et pensait que l’écriture était une pensée morte, soit connu aujourd’hui grâce à ce qu’il a écrit. Cette transmission est donc assurée par le langage, écrit ou parlé.

Définition : le langage est la faculté d’expression de la pensée par des signes vocaux ou graphiques.

Attention : le langage s’inclut lui-même dans un genre plus large qui est celui des communications ; il ne faut donc pas confondre langage et communication.

Définition : la communication est la transmission d’une information entre un émetteur et un récepteur, grâce à un support déchiffré par un code, ou message.

Pourquoi n’est-ce pas la même chose ? Disons que le langage outrepasse la simple technique de communication.

 

Emetteur____________ message/ canal de transmission____________ Récepteur

(Impulsion)   codage                signal codé                          décodage       (réaction)

 

Ce schéma de la communication provient en fait du modèle technique, en l’occurrence le téléphone ou le télégraphe. Il est largement différent d’un langage.

a) Dans la communication, l’émetteur et le récepteur ne sont pas forcément conscients. Ils peuvent préexister avant toute communication, alors que le sujet humain se forme peut-être par et grâce au langage.

b) Parler avec un langage n’est pas forcément « encoder » un sens préexistant.  On ne pense peut-être pas complètement avant de parler, de manière indépendante. Quel rapport y a-t-il alors entre pensée et langage ?

c) Le message codé est toujours clair, univoque, précis, suffisant, objectif : ce n’est évidemment pas le cas du langage humain, qui peut ne pas dire ce qu’il dit, ou se rendre équivoque.

d) alors que la communication transmet des signaux neutres, le langage humain peut par lui-même commander, agir, imposer, suggérer. Il est un acte en lui-même, alors que la communication est purement formelle.

e) alors que la communication existe généralement entre les animaux, il est fort probable qu’il n’existe de véritable langage que chez les humains.

 

On voit bien, par ces différences, la spécificité du langage par rapport à la communication issue d’un modèle technique. Le langage n’est pas seulement informatif : on peut dire sans dire, révéler tout en dissimulant, d’où le problème suivant : Le langage est –il un véhicule de sens ou un obstacle ? Est-il un pont vers autrui ou un paravent ? Traduit-il la réalité ou bien la trahit-il ? Est-il un bon instrument de connaissance, ou bien comporte-t-il trop d’arbitraire pour la refléter ?

En effet, le langage, même s’il est toujours destiné à quelqu’un, est toujours contraint de traduire pour transmettre une donnée. La réalité dite est ainsi comme reflétée dans le langage. Mais le langage est-il lui-même suffisamment transparent pour transmettre sans déformer ? Car alors il y aurait moins traduction que trahison, voire mensonge. (« traduttore, traditore » dit un proverbe italien). Nous sommes loin de toujours vouloir dire ce qui est, et toujours pressés d’y ajouter notre façon de voir. C’est la raison pour laquelle les structuralistes, à la suite de l’essor de la linguistique, se figurent que le langage fonctionne tout seul, sans même besoin d’une réalité à dire, et qu’il invente ses propre lois sans rien refléter du tout.

L’enjeu de cette leçon est bien évidemment le fait que nous vivions dans une société de communication technicisée à outrance, où l’on a tendance à réduire le langage humain à une simple communication formelle, claire, distincte et complète. Jamais on n’a autant communiqué, mais paradoxalement, jamais on n’a été aussi près de la solitude intégrale. Certes, on se parle, mais qu’avons-nous à dire ? Il faut être branché, connecté à un réseau, pouvoir être contacté. La communication forge un réseau bizarrement fermé qui compromet l’occasion de la vraie rencontre. On est alors « en lien », alors que paradoxalement rencontrer autrui est devenu une difficulté presque insurmontable, et que la boîte aux lettres, aussi bien virtuelle que réelle, ne nous apporte plus rien que de la transmission de données formelles, de messages publicitaires ineptes. Le réseau a pris la place des sujets, faisant de cette toile d’araignée un gigantesque désert d’anonymat, un Sahel crypté, où la parole semble jaillir sans sujet. Où est donc passée la missive, personnelle, équivoque, qui nous parle intensément parce qu’elle s’adresse à nous et à personne d’autre, que l’on a pris la peine d’écrire rien que pour nous, et qui dit sans tout révéler, en gardant sa profondeur et son mystère ? La communication n’a-t-elle pas tué le langage humain ?

 

I- En quoi le langage est-il le propre de l’homme ? Les animaux ont-ils un langage ?

 

Pour répondre à cette question, il faut observer et comparer l’homme avec l’animal :

 

 

ANIMAL

HUMAIN

MODES

Cinq sens :

ODORAT (phéromones des papillons)

OUÏE (grillon, oiseaux, chauves-souris, dauphin, baleine)

TOUCHER (abeilles, fourmis, pucerons)

GOÛT (trophallaxie des fourmis)

VUE (loups, rapaces diurnes, poissons)

Principe commun : ce sont des signaux déclenchant une réaction et un comportement déterminés.

Les cinq sens forment un LANGAGE IMPLICITE :

TOUCHER : caresse

ODORAT : parfum

OUIE : musique

VUE : gestes, couleurs

GOUT : saveurs

 

Mais l’homme dispose en plus d’un langage explicite, sous la forme de SONS ARTICULES en consonnes et voyelles.

BUTS

BESOINS NATURELS et  limités

BESOINS NATURELS et limités

DESIRS CULTURELS, notamment le désir de connaître et le désir de justice.

OBJETS

OBJETSPARTICULIERS, IMMEDIATS, CONCRETS

(le chien aboie après tel individu concret, le chimpanzé désigne telle banane, tel chiffre, etc.

OBJETSPARTICULIERS, IMMEDIATS, CONCRETS.

OBJETS ABSTRAITS ET UNIVERSELS

ORIGINE

Communication innée, homogène, uniforme et propre à chaque espèce.

Langage acquis par un apprentissage culturel, supposant une diversité des langues.

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