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Le langage

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Par   •  27 Novembre 2015  •  Cours  •  2 515 Mots (11 Pages)  •  843 Vues

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Le langage

        Le langage désigne une faculté proprement humaine et du coup la capacité de s’exprimer dans un discours articulé est universelle, que ce discours soit oral ou écrit. Certes les animaux communiquent entre eux et avec l’homme mais ce système de communication diffère du langage humain. Ainsi, toute communication et toute expression ne relève pas du langage si ce n’est par abus de langage. Le langage est intimement lié à la communication, parler c’est ouvrir un espace commun : celui des mots. Du coup, n’est-ce pas par le langage que l’on rencontre autrui ? Mais cette rencontre n’a rien de neutre, les mots dont nous disposons pour élaborer un discours ne constitue-t-il pas l’arme la plus efficace pour parvenir à nos fins ? Ainsi, le langage apparait-il d’abord comme un pouvoir de manipulation ? Mais n’est-ce pas là une maladie du langage dont il faudrait guérir afin de parvenir à dire quelque chose de vrai à propos de quelque chose. Cependant n’est-il pas réducteur de limiter le langage au discours vrai ? Les mots n’ont-t-ils pas aussi une poésie qui fait que parler c’est aussi habiter le monde. Enfin, les mots n’ont-t-ils pas aussi une portée éthique qui est complètement gommée quand on cherche à réduire le discours au discours efficace ? La parole n’est pas simplement ce que l’on dit mais aussi ce que l’on donne, et ça n’est pas rien de donner sa parole que ça soit pour promettre ou pardonner.

  1. Le discours n’est-il pas affaire que d’efficacité ? Dire quelque chose à quelqu’un

La sophistique avec Gorgias, L’éloge d’Hélène

La sophistique a mauvaise presse, elle a été décriée par Platon et Aristote. Cependant, par de la l’image négative qu’ils nous en donnent la sophistique nous apprend bien des choses sur ce qu’est le langage et du coup on ne saurait réduire la sophistique au simple exercice d’un métier rétribué (payé). Les sophistes se faisaient payés pour leur enseignement, ils étaient professeur de rhétorique et faisaient payer aussi les discours qu’ils élaboraient pour autrui. La finalité est que le discours soit efficace et non pas vrai, c’est ce que les philosophes leurs ont reproché. Pour un sophiste, le langage n’a pas pour fonction de dire lettre c’est-à-dire ce qui est ou une pensée existante. Autrement dit, le discours n’est pas normé par une réalité à laquelle il devrait alors coller. Du coup, le discours ne cherche pas à se rendre exact, cette prétendue vérité du réel pour le sophiste n’existe pas. En effet, tout est en mouvement, il n’y a rien de stable. Or la vérité, elle, prétend être quelque chose de stable voir d’éternel. Ainsi, le langage ne consiste pas à dire quelque chose sur quelque chose puisque ce quelque chose se dérobe, mais cela consiste à dire quelque chose à quelqu’un. Donc parler c’est essentiellement parler à un autre que soit afin de conduire l’autre à acquiescer  à ce que l’on avance. Le langage est un instrument de persuasion. Par conséquent, quand quelqu’un soutient telle ou telle idée, la question pertinente n’est pas « est-ce qu’il dit vrai ? » mais « comment a-t-il fait ? Comment s’y est-t-il prit pour dire ce qu’il a dit ? Pour entrainer l’adhésion ? ». Pour un sophiste, toute idée est une idée reçue, il faut savoir comment faire recevoir une telle idée et c’est de cette manière là que l’on gouverne les hommes. L’illusion universelle est de croire que les hommes puissent être gouvernés par la vérité. Au contraire, ce qui fait la valeur d’une valeur ce n’est pas qu’elle soit vraie mais qu’elle soit communément acceptée. Le rôle du sophiste est de travailler cet art qui consiste à faire accepter cette valeur. C’est la rhétorique. L’exemple que prend Gorgias dans l’Eloge d’Hélène est l’histoire d’Hélène : Hélène est une femme d’une beauté ensorcelante qui causa la guerre de Troie car elle parti avec le prince Paris se rendant ainsi coupable d’adultaire. La guerre de Troie a duré dix ans, pour une femme. Ce qui ne manqua pas de susciter des mouvements de colère au sein des troupes. Or, ce que va faire Gorgias c’est disculper Hélène et ce quelque soit les raisons pour lesquelles elle est partie. Ces raisons peuvent être de quatre ordres : le premier est que Hélène a pu partir par un décret des dieux et nul n’échappe à son destin alors comment pourrait-on le lui reprocher ? Le deuxième est qu’elle est peut être partie sous la contrainte enlevée par Paris, comment reprocher à une femme le rapt dont elle a été victime ? Le troisième est qu’elle est peut être partie avec Paris par amour mais chacun sait bien qu’Héros (Cupidon) est un dieu imprévisible, on est prisonnier de ses rets malgré soit. « Autrement dit, on ne décide pas volontairement d’aimer mais on succombe au charme de l’amour, comment lui faire grief d’être ainsi tombée amoureuse ? ». Le quatrième ordre possible est peut être qu’Hélène a été séduite par les beaux discours de Paris et qui sait mieux que Gorgias quel instrument puissant est le discours ? Celui qui sait manipuler les mots sait manipuler les âmes. De la même manière que la force physique est un instrument de contrainte sur le corps, le discours est un instrument de contrainte sur l’âme. Hélène est plus à plaindre qu’à blâmer.

        Peut importe que Gorgias croit ou non au discours qu’il déroule, l’essentiel est que cela fasse effet et qu’on cesse d’incriminer Hélène. Cependant si le discours ne cherche pas à être un discours véridique mais simplement un discours efficace cela ne risque-t-il pas de conduire à soutenir n’importe quelle idée ? L’habileté de Gorgias montre qu’il n’y a pas de cause perdue et que tout geste est défendable si l’on sait trouver les mots justes. Mais alors un sophiste est capable de tenir un discours persuasif sur n’importe quel sujet : cela ne revient-t-il pas à dire n’importe quoi sur n’importe quoi ?

  1. Le langage est-il une activité symbolique ? Dire quelque chose de quelque chose

Aristote, De l’Interprétation et Métaphysique

Pour Aristote les sophistes ne méritent pas d’être appelés philosophes. Certes, les sophistes sont habilles mais ils se sont pris au jeu de discours, jeu qui les a égaré. « Quant à la sophistique, elle n’est qu’une philosophie apparente et sans réalité. » Autrement dit, ce qui est vrai c’est ce qui est exact c’est-à-dire conforme à une certaine réalité. La réalité n’est pas la vérité, mais le discours qui peut être tenu sur la réalité qui peut être vrai. Les sophistes eux jouent avec le langage, avec les mots et ne font que parler pour le plaisir de parler sans se soucier d’un quelconque rapport au réel. A l’opposé, Aristote propose une théorie de la signification qui doit être normé par le réel : « Les sons émis par la voix sont les symboles des états de l’âme, et les mots écrits les symboles des mots émis par la voix. Et de même que l’écriture n’est pas la même chez tous les hommes, les mots parlés ne sont pas non plus les mêmes, bien que les états de l’âme dont ses expressions sont les signes immédiats soit identiques chez tous comme sont identiques aussi les choses dont ses états sont des images. »

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