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La morale peut-elle être universelle ?

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Par   •  3 Janvier 2021  •  Dissertation  •  5 591 Mots (23 Pages)  •  877 Vues

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Champ de problème : la morale

Notions : le devoir, le bonheur, la liberté

Cours : La morale peut-elle être universelle ?

INTRODUCTION

La morale est l’effort pour bien se conduire. On examine ce que vaut une action, si elle est bonne ou mauvaise. La morale renvoie à ce qui est (des manières de vivre et d’agir), mais surtout à ce qui doit être. Elle consiste en un certain nombre de règles, d’obligations sur lesquelles chacun doit pouvoir s’accorder. Si nous discernons inadéquatement le bien du mal, à quelle justice pourraient prétendre nos intentions et nos jugements ? Qu’est-ce qui nous guide dans cette analyse ? Toute morale étant définie par et pour un sujet, comment s’élève-t-elle au-dessus de la particularité pour devenir universelle ? Les morales du plaisir et du bonheur ne prouvent-elles pas l’enfermement de la morale dans la particularité ? La morale n’est-elle pas dès lors illusoire ? Peut-elle trouver son fondement hors du sujet ? La morale peut-elle donc être universelle, c’est-à-dire dépasser la subjectivité et la particularité? La notion de bien suppose la définition préalable d'une norme. Le contenu de la notion est donc susceptible de variations extrêmes. Tous les hommes semblent désirer le bien, mais ils ne semblent pas d'accord sur ce qu'il est... L'enjeu consiste à ne pas sombrer dans une attitude sceptique selon laquelle aucune valeur n'existe, ou dans une attitude cynique, qui utilise les valeurs à des fins privées.

P1. LA RAISON COMME GUIDE (LE DEVOIR)

A. LE REPERE SOCIAL ET JURIDIQUE

La morale s’élève au général grâce à son fondement juridique et social. Elle offre un repère fixe : ce qui est interdit est assimilé au mal et ce qui est autorisé est assimilé au bien. Le mal est ce qui est objet de désapprobation et le bien est ce qui est conforme à ce qu'on attend. D'où la définition préalable d'une norme.

Norme : pensées, habitudes d'une majorité et s'imposant à la totalité de la communauté.

Quant au devoir, il se définit dès lors comme l’obéissance aux contraintes fixées par la société.

René Descartes (1596-1650)

Discours de la méthode (1637)

Avant de fonder en raison une éthique, Descartes a élaboré une morale par provision, d'inspiration stoïcienne. Cet exposé de la morale provisoire se trouve au début de la troisième partie. Dans la seconde partie, Descartes  a énoncé les préceptes de sa méthode, destinés à guider sa recherche de la vérité. Néanmoins, en attendant d'atteindre cette vérité, il est nécessaire de se munir d'une “morale par provision” : la vie même nous presse d'agir.

Il nous conseille la modération, la prudence et le conformisme (tendance à se conformer aux usages établis, aux façons de penser et d'agir du plus grand nombre).

“La première [maxime] était d'obéir aux lois et coutumes de mon pays, retenant constamment la religion en laquelle Dieu m'a fait la grâce d'être instruit dès mon enfance, et me gouvernant en toute autre chose suivant les opinions les plus modérées et les plus éloignées de l'excès, qui fussent communément reçues en pratique par les mieux sensés de ceux avec lesquels j'aurais à vivre. Car, commençant dès lors à ne compter pour rien les miennes propres, à cause que je les voulais remettre toutes à l'examen, j'étais assuré de ne pouvoir mieux que de suivre celles des mieux sensés.”

Obéir aux lois et coutumes de son pays n’est pas une attitude déraisonnable : en l’absence de certitudes morales inébranlables, étant donné les urgences de l’action, il est utile de se régler sur les manières de ceux avec qui on a à vivre, et tenir pour un devoir ce que nos contemporains jugent être tel.

Les moeurs sont les usages d'un pays ou d'un groupe. Le fondement des moeurs doit être cherché moins dans l'être rationnel de l'homme, que dans les traditions maintenues par l'histoire et se manifestant sous la forme de contraintes psychologiques inconscientes.

C'est ce que montre Montaigne dans ses Essais (Livre 1, chapitre 23) : “Ici on vit de chair humaine ; là c'est office de piété de tuer son père en certain âge ; ailleurs les pères ordonnent des enfants encore au ventre des mères, ceux qu'ils veulent être abandonnés et tués […]. Les lois de la conscience, que nous disons naître de nature, naissent de la coutume ; chacun ayant en vénération interne les opinions et moeurs approuvées et reçues autour de lui, ne s'en peut défendre sans remords, ni s'y appliquer sans applaudissement.”

C'est la réflexion éthique qui pose la question de leur bien-fondé et de la valeur ultime des principes explicites ou implicites auxquels elles se conforment. Elle seule permet de penser les problèmes que peuvent poser les idéologies ou les croyances qui induisent des moeurs apparaissant inacceptables (esclavage, discriminations...). C'est ainsi que le droit est susceptible de se fonder sur une éthique qui tienne compte de ce qui est universellement acceptable et valable.

Le fondement juridique et social nous fait prendre conscience que le bien et le mal n’existent pas en soi, dans la nature. Ils sont une relation : une chose est bonne par rapport à une autre.

Enjeu : le conformisme. Refuser toute discussion, rester figé sur des certitudes, protéger coûte que coûte certaines valeurs en danger. C'est l'attitude de la tradition, la réaction, le conservatisme politique ou religieux. La pensée s'y fige dans une attitude de retrait.

Mais obéir aux lois sans réfléchir au bien-fondé moral est problématique.

Cult G : expérience de Milgram

[Vidéo : extrait du film I comme Icare]

B. SUIVRE SA RAISON : L'AUTONOMIE MORALE

On peut souhaiter vérifier le bien fondé des prescriptions et des interdictions qui nous sont proposées, voire imposées.

Il suffit de remonter à un principe valable universellement. On peut dès lors considérer que la morale s’élève à l’objectivité.

Il s’agit du projet kantien (1724-1804) exposé dans les Fondements de la métaphysique des moeurs (1785). La raison pure fournit la loi morale. Seuls les êtres raisonnables peuvent se déterminer a priori, non pas en fonction d’un objectif déterminé (la réussite, le confort, la tranquillité ou même la bonne conscience), mais en fonction d’un principe. Ce principe nous contraint dans la mesure où nous acceptons cette contrainte. L’homme possède une volonté pure qui l’amène à formuler (et à respecter) l’impératif (le devoir). Cette volonté est en outre sainte lorsqu’elle n’est capable d’aucune maxime contradictoire avec la loi morale. Celle-ci est un impératif qui commande catégoriquement (loi inconditionnée). Il se distingue alors de l’impératif hypothétique (conditionné). Faire son devoir signifie alors accomplir une action en fonction de l’impératif catégorique.

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