La loi fait elle obstacle à la liberté

Intro

La liberté est l'état d'un homme qui peut agir sans aucune contrainte ; c'est aussi la capacité qu'à cet homme à être volontairement à l'origine de ses actes. La loi, elle, est l'ensemble de normes et principes naturels qui s'imposent à l'homme individuellement et collectivement. On peut ainsi distinguer deux types de loi : les lois naturelles et scientifiques et les lois juridiques et morales. La loi apparaît ainsi tout d'abord comme restrictive pour l'homme. C'est pourquoi nous demanderons nous : la loi empêche-t-elle l'homme d'être libre ? Cette question est essentielle dans l'état où comme le souligne Rousseau "l'homme se définit par sa qualité d'agent libre".

Dans un premier temps nous verrons que la loi contraint la liberté de l'homme puis nous étudierons en quoi l'homme, même régit par des lois peut être libre et que ce n'est pas la loi qui annihile la liberté, enfin nous chercherons à démontrer que la loi au lieu de contraindre la liberté permet à l'homme d'y accéder.

I.

Globalement, lorsqu'on observe la loi (Code pénal et Civil entre autres), celle-ci n'est pratiquement composée que d'interdiction ; il est en effet dit à chaque citoyen ce qu'il ne doit pas faire sous peine d'etre condamné à une sanction, telle que la prison. D'emblée, même si la loi est là pour assurer la sécurité des citoyens, on pourrait affirmer qu'elle n'est qu'une formelle contrainte à la liberté humaine.

De plus on observe que les enfants ressentent parfois le besoin de désobéir aux règles de leurs parents et que l'ayant fait ils mettent en avant le trop peu de liberté dont ils bénéficient au sein du foyer familial ; ce qui révèle bien que liberté et loi semblent s'opposer. Plus généralement, l'homme vit souvent mal l'autorité exercée par une force supérieure.

A ce propos, la pensée anarchiste voit tout Etat comme une force d'oppression qui empêche le citoyen d'exister par lui-même. Ainsi l'anarchisme tend à supprimer l'Etat (et ainsi la Loi) et toute autre forme d'autorité ; puisque comme le dit Stirner, précurseur de la doctrine anarchique : "quiconque veut exister par lui-même est adversaire de la loi". L'anarchisme mise ainsi sur l'auto-gouvernance de l'homme, puisqu'étant considéré comme un être rationnel et qui est donc capable de vivre en harmonie avec ses semblables. Néanmoins cette doctrine se révèle peu applicable puisque l'homme, être soumis à des passions mauvaises et à des désirs qu'il veut imposer à autrui, ne peut qu'être en conflit avec ses semblables. "L'homme est un loup pour l'homme" disait d'ailleurs à ce propos Hobbes.

Par ailleurs une mauvaise loi, c'est-à-dire une loi injuste, par exemple qui favorise le fort sur le faible ou le riche sur le pauvre, ne peut garantir l'égalité devant la loi et ainsi sans égalité la liberté ne peut pas exister. Un autre exemple de mauvaise loi qui contraindrait la liberté serait celle d'un Etat tyrannique, ou même exerçant une tyrannie dite douce où tout serait décidé à la place du citoyen, ce qui le priverait évidemment de toute liberté puisque ne pouvant plus faire de choix ; "Naissez, mourrez, nous nous chargeons du reste" écrivait là-dessus Tocqueville.

Mais comment parler de contrainte de la liberté par les lois sans évoquer également les lois naturelles. En effet celles-ci sont universelles et nécessaires. Par exemple la gravitation universelle est une force responsable de la chute des corps et de leur mouvement et auquel nul être ne peut échapper. De même le déterminisme, doctrine philosophique selon laquelle les évènements sont déterminés par leurs antécédents s'appuie sur deux fondements : "Tout effet à une cause" et, "aux mêmes causes succèdent les memes effets". Mais alors, si des lois naturelles régissent le comportement de l'homme on ne peut pas considérer que celui-ci est libre ; "Déterminisme" et "liberté" ne semblent n'être que deux notions qui s'opposent. On a ainsi tout d'abord vu qu' à première vu la loi ne fait qu'obstacle à la liberté.

II.

Cependant il n'est pas de la finalité de la loi que de s'opposer à la liberté. L'homme tente en vain de s'affranchir des lois, mais en faisant ça il ne fait que nuire à sa liberté. Pour Spinoza en effet l'ordre de la nature est bon, c'est la raison divine à l'oeuvre. Aussi la liberté est-elle pour lui la connaissance et l'acceptation heureuse de cette nécessité naturelle que sont les lois universelles de la nature, où Dieu, la nature et la raison ne font qu'un. Est entendu par là que l'homme est libre s'il comprend et fait corps avec l'ordre du monde au lieu de le subir ou de tenter en vain de l'ôter. Néanmoins l'homme, a su prouver par ses progrès scientifiques et techniques à travers lhistoire qu'il était capable d'échapper d'une certaine manière à cette nécessité. Lui qui est soumis par exemple à la gravité terrestre qui lui fait garder les pieds ancrés au sol, a su trouver le moyen de voler dans les airs avec l'aéroplane, puis l'avion puis la fusée.

Deuxièmement il est important de faire la différence entre contrainte et obligation en matière de ce que la loi fait obstacle ou non à la liberté. En effet la contrainte suppose une force qui supprime tout choix et nous amène à faire malgré nous ce que nous ne voulons pas. L'obligation au contraire indique ce que nous sommes tenus de faire, mais nous avons le choix d'obéir ou non. Ainsi, la contrainte supprime la liberté mais l'obligation la suppose : les lois morales ou juridiques obligent mais ne contraignent pas.

Ce propos peut en effet être soutenu par le récit d'Antigone, héroïne de Sophocle. Cette dernière à enterrer son frère malgré l'interdiction du roi de Thèbes, Créon, qui le condamnait à une mort sans sépulture. Antigone avait la liberté de désobéir aux lois et elle l'a fait car pour elle, elle a obéi aux "lois non-écrites mais inscrites dans le coeur de l'homme par les dieux de toute éternité". Est entendu par là qu'elle a désobéi à la loi car celle-ci ne respectait pas les droits attachés à la personne humaine et ce de manière universelle. Ainsi puisque nous avons la liberté de désobéir à la loi, nous

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