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Explication de texte - Einstein

Commentaire de texte : Explication de texte - Einstein. Recherche parmi 298 000+ dissertations

Par   •  23 Janvier 2019  •  Commentaire de texte  •  2 832 Mots (12 Pages)  •  4 254 Vues

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L’évolution des idées en physique, véritable tableau des fondements de la physique moderne,  présente les différents concepts physiques et l’évolution des idées dans le monde scientifique. Dans son ouvrage, Einstein expose une thèse paradoxale selon laquelle les concepts scientifiques émanant de la sensibilité et de l’esprit du chercheur ne sont pas le fondement d’une connaissance objective et irréfutable du monde mais se rapproche d’une « limite idéale » de la connaissance appelée « réalité objective ».  Cette vision de la connaissance, des concepts physiques et de la vérité scientifique s’oppose à l’idée classique selon laquelle les concepts scientifiques émanent de la sensibilité seule du chercheur, reposent uniquement sur les observations empiriques du scientifique et incarnent donc  le fondement d’une connaissance objective et irréfutable du monde. Einstein, en s’opposant à cette vision classique des sciences, répond donc à une problématique plus large : les conceptions physiques que le scientifiques se fait du « mécanisme » du monde sont-elles objectives, véridiques, fondées et irréfutables ? Ce débat alimenté par l’ouvrage d’Einstein révèle un enjeu important en matière de vérité ; en effet si, comme l’affirme Einstein, le scientifique ne peut détenir la vérité absolue mais seulement s’en approcher au maximum,  peut-on alors parler de vérité objective en science ? Si oui, sous quelles conditions ?                                                                                                                   Dans un premier temps, Einstein définit les concepts physiques et expose les difficultés auxquelles se heurte le scientifique lorsqu’il tente de comprendre le fonctionnement du monde. Puis dans un deuxième temps,  Einstein montre que le scientifique, s’il ne peut atteindre la vérité absolue, peut essayer de se rapprocher au maximum des limites de cette vérité.

Premièrement, Einstein définit les concepts physiques et montre les nombreuses difficultés auxquelles le chercheur doit faire face lorsqu’il souhaite comprendre le monde.                         Tout d’abord, Einstein affirme, grâce à l’emploi du présent de vérité générale, une idée a priori paradoxale : les concepts physiques, piliers de la connaissance scientifique que l’homme possède de son monde, « sont des  créations libres de l’esprits humain » (l.1). Autrement dit, pour Einstein les concepts physiques, qui sont des idées générales et abstraites  censées représenter des éléments de la réalité à travers ce qu’elles ont de commun et qui puisqu'elles sont du domaine de la physique se rapportent à la nature,  sont issus de l’esprit humain, de sa subjectivité, de son imaginaire. Le paradoxe réside dans le vocabulaire utilisé ; en effet l’emploi du terme « création » (l.1), plutôt utilisé pour décrire le travail d'un artiste, s’oppose à l’idée classique selon laquelle le scientifique observe les phénomènes qui se jouent dans le monde de manière passive, comme à distance du sujet observé. De ce fait, le scientifique est donc présenté ici comme un être actif, dans la recherche et  le questionnement ; celui-ci ne se contente pas d’observer mais il imagine, visualise, se représente des explications possibles qui répondent aux phénomènes étudiés grâce à son « esprit » (l.1). Par ailleurs, l’utilisation de l’adverbe « uniquement » (l.2) dans la proposition « uniquement déterminés » renforce la précédente affirmation d’Einstein. Effectivement, selon Einstein les concepts scientifiques proviennent de l’esprit humain ainsi que du « monde extérieur » (l.2) c’est-à-dire qu’ils sont également issus des sens, de la sensibilité, des observations empiriques du chercheur. Les explications de celui-ci se basent donc sur ses observations, ses sensations ainsi que sur ses réflexions, sa raison et son imagination.                                                                 En outre, Einstein utilise par analogie la métaphore de la montre. Effectivement, l’auteur affirme que pour « comprendre le monde » (l.3), c’est-à-dire déterminer par comparaison ce qui relie une cause à un effet par opposition à l’explication qui montre ce qui relie l’effet à la cause,  l’homme est comme un horloger essayant de comprendre le mécanisme d’une montre. Le « mécanisme » (l.4), désignant une combinaison de pièces ou d’organes montées en vue d’un mouvement ou d’un fonctionnement d’ensemble, incarne le fonctionnement du monde, la connaissance objective de la marche de l’univers. Einstein insiste en ajoutant l’adjectif « fermée » (l.4), cet emploi renforce les difficultés rencontrées par le scientifique. Cette idée est appuyée par la suite de l’analogie : l’horloger « voit » (l.4) et « entend » (l.5) et peut « se former quelque image du mécanisme » (l.6), en effet celui-ci ne peut qu’émettre des hypothèses par rapport à ce qui lui est accessible de l’extérieur de la montre et à ce que son esprit peut imaginer de l’intérieur de celle-ci. L’horloger « n’a aucun moyen » (l.5) d’accéder à l’intérieur de la montre comme le scientifique n’a aucun moyen d’accéder à la connaissance complète du fonctionnement du monde, le scientifique se heurte donc à d’importantes difficultés lorsqu’il tente de comprendre le mécanisme de la nature.                                        Ensuite, Einstein pose une condition, si l’individu est assez « ingénieux » (l.6) c’est-à-dire qui fait preuve d’habileté, d’imagination et de savoir faire celui-ci pourra alors visualiser l’intérieur de la montre à partir des constatations qu’il a fait au préalable et ainsi rendre « responsable » (l.7) le sujet étudié des effets observés, c’est-à-dire attribuer lesdits effets à une même cause. Einstein amplifie alors son affirmation par l’usage de l'hyperbole introduite par le terme « tout » (l.7) ; selon Einstein tous les effets observés pourront-être attribués à un ou plusieurs concepts physiques. Cependant, Einstein montre que le scientifique ne « sera jamais sûr que son image soit la seule capable d’expliquer ses observations » (l.7-8), l’emploi du futur, le complément circonstanciel de temps « jamais » et le terme « seule » amplifie l’idée d'Einstein. En effet, aucun concept physique ne pourra être entièrement prouvée, le scientifique n'a aucune certitude quant à la validité de sa théorie. Mais au-delà de cette difficulté s’en trouve une autre tout aussi importante : la théorie scientifique mise au point peut ne pas être la seule en capacité d’expliquer un même phénomène. En effet, Hempel dans son ouvrage Eléments d’épistémologie donne l’exemple de l’application de la méthode hypothético-déductive de Semmelweiss. Médecin obstétricien du XIXe siècle de l’hôpital de Vienne, Semmelweiss avait remarqué que dans son service 11% des femmes décédaient de la fièvre puerpérale au lieu de 1 à 2% dans les autres services. Il a alors fait des observations pour tester ses premières intuitions puis en a déduit une hypothèse concrète et précise et enfin a mis à l’épreuve son hypothèse par l’expérimentation. Semmelweiss a alors procéder à plusieurs expérimentations pour finalement conclure que puisque les autres services ne pratiquaient pas de dissections et qu’un de ses collègues était mort après s’être coupé lors d’une autopsie, l’infection doit provenir de ce qu’il appelle « matière cadavérique ». Il impose alors des lavements de mains plus rigoureux conduisant à une baisse significative du taux de mortalité. Néanmoins, ce n’est pas à proprement parler la « matière cadavérique » qui est la cause de l’infection mais bien les micro-organismes. Le modèle expérimental est donc soumis à des limites : s’il peut invalider une fausse hypothèse il ne peut pas garantir que l’hypothèse validée est vraie. Ainsi, aucun scientifique ne sera « jamais en état » (l.8) de valider totalement une hypothèse même par l'expérimentation.                                        Enfin, Einstein oppose l’ « image » (l.9) que se fait le scientifique au « mécanisme réel » (l.8) ; le réel est ce qui existe par opposition avec ce que l’on se contente d’imaginer. Par cette opposition entre ce qui existe et la représentation que l’on s’en fait, Einstein met donc ici le point final à son affirmation : il est et sera toujours impossible pour le scientifique de comparer sa représentation du fonctionnement du monde avec les faits réels. Le scientifique est et sera toujours séparé de la possibilité d’une saisie totale, directe, sensible, empirique de ce qu’il convoite, il ne peut qu’essayer de l’atteindre par une voie détournée et indirecte : celle de l’intelligence et de sa capacité à produire une représentation abstraite, toujours reconstruite en fonction des différentes expérimentations qu’il pourra réaliser. De plus, Einstein insiste en ajoutant que celui-ci n’a pas la possibilité de se représenter ce que pourrait être la « possibilité » et la "signification" (l.9) d’une telle comparaison. En effet, même si l'on possède comme représentation du mécanisme du réel celui que nous propose l'ensemble des théories scientifiques précédemment émises, il est impossible de savoir comment les confronter directement au mécanisme. Le monde n'est pas une boite que l'on pourrait ouvrir contrairement au boitier d'une montre. Le mécanisme du monde et de la nature, à l’inverse de celui d'une montre, est immatériel, il échappe à une perception concrète. S'il est invisible c'est donc peut-être parce qu'il n'est pas sensible, qu’il est constitué d'une autre réalité. Einstein ne prend ici pas en compte la conception du monde selon laquelle un être transcendant règlerait le monde. Il serait donc possible d’opposer à Einstein une vision où le monde serait soumis à une transcendance ; en effet, pour reprendre la métaphore de la montre, Voltaire dans ses Poésies écrivait « L univers m’embarrasse, et je ne puis songer / Que cette horloge existe et n’ait pas d’horloger ». Ainsi, si le scientifique ne peut être certain de ses hypothèses, s’il ne peut les comparer avec le mécanisme réel et s’il ne peut même pas se représenter la possibilité ou la signification d’une telle comparaison c’est peut-être bien car ce fonctionnement n’est pas du domaine du sensible, qu’il appartient à un autre domaine, peut-être le domaine métaphysique.

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