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Doit-on douter de tout ?

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Par   •  6 Novembre 2021  •  Dissertation  •  2 059 Mots (9 Pages)  •  1 846 Vues

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Doit-on douter de tout ?

        « Pour examiner la vérité il est besoin, une fois dans sa vie, de mettre toutes choses en doute autant qu'il se peut » ( René Descartes, les Principes de la Philosophie, 1644). À travers cette citation, le célèbre philosophe Descartes montre que l’homme a forcément eu besoin une fois, du temps de son existence, eu recours au doute afin d’avoir une certitude de la vérité. Le doute et l’examen de l’esprit  dont il est question portent sur la présence de confusion dans la pensée. Il s’agit d’examiner toute pensée, toute représentation là où réside une part d’erreur possible afin d’aboutir à la certitude. Cette observation nous incite à questionner le sujet suivant :  « Doit-on douter de tout ? » L’homme dans sa nature profonde est un être rationnel qui cherche en permanence  à comprendre ce qui l’entoure afin d’obtenir une vérité. Cependant il existe deux types de recherche de celle-ci. D’ une part une recherche passive qui se traduit par accepter ce que l’on voit sans vraiment prendre le temps d’avoir du recul sur cette recherche et directement la considérer comme vraie. Et d’autre part, une quête  approfondie qui se veut être réfléchie et bien analysée afin d’obtenir une certitude. C’est ce qui va amener le doute. En effet, le doute est la capacité de l’esprit d’avoir un libre examen, c’est un état d’incertitude de l’esprit. Il se développe dans  différents domaines tel que le sensible, la connaissance, la réalité et remet même en question les vérités scientifiques. Pour permettre à l’esprit de douter il faut d’abord acquérir une base qui peut être caractérisée par des normes, principes ou fondements. Mais la certitude qui révèle des sens et de la perception réside d’une part de confusion dans le domaine du sensible et amène à la méfiance de la connaissance commune. L’incertitude de la connaissance peut amener à nous demander si nous sommes victimes d’illusions et à douter des sciences. Ces questionnements peuvent plonger l’homme dans le scepticisme car tout est incertain. En définitive, si il n’est pas possible d’obtenir une vérité certaine, est-il alors nécessaire de douter de tout ? Dans un premier temps nous aborderons le scepticisme afin d’analyser les différents doutes et  la remise en cause de la certitude scientifique ainsi que la norme du vraie fournie par les mathématiques .

        Le scepticisme est un mouvement philosophique qui érige le doute en système de pensée et ne croit pas en la possibilité d'atteindre avec certitude la connaissance et la vérité. En effet, douter de tout, et être indifférent à tout, est ce qui définie le scepticisme depuis le temps de Pyrrhon d’Élis ( 360 av. J.-C. - 270 av. J.-C. ). De façon générale, le doute est un état d'incertitude de l'esprit entraînant une suspension du jugement. Pyrrhon, philosophe contemporain et  sceptique est le premier à proposer cette suspension totale du jugement appelé l'épochè  ainsi que l’indifférence complète c’est-à dire adiaphorie . Il apparaît comme être le premier à avoir recommandé de s’en tenir au doute. Selon lui, des arguments de force égale peuvent être invoqués pour et contre chaque opinion. Cette thèse porte sur l’idée que  notre raison n'est pas capable de déterminer avec certitude ce qui existe et ce qui n'existe pas.   Douter revient à critiquer une certitude initialement admise comme telle ou à exiger de celui qui est " sûr et certain " qu'il donne des garanties de sa certitude.  Nous pouvons nous demander pourquoi les sceptiques doutent que l’on puisse atteindre une vérité certaine ? La raison de ce doute se  base sur un ensemble d’arguments appelés tropes sceptiques. Marcus Vipsanius Agrippa ( 63 av. J.-C. - 12 av. J.-C. ) est un philosophe sceptique sur lequel nous ne possédons pas beaucoup de renseignements. Mais nous savons de lui qu'il ramena à cinq les tropes, alors que ses prédécesseurs comme Aenésidème en distinguaient dix. Nous allons analyser ces cinq tropes. Tout d’abord le désaccord, il est l’idée même de la contradiction et de l’opposition. C'est l'une des premières causes du scepticisme. Il repose sur le fait que sur la même question, nous trouvons toujours différentes réponses ; à chaque thèse, une personne pourra nous contredire. Ensuite, la régression à l'infini est un mode qui repose sur le fait que si nous proposons un argument, il faudra prouver cet argument par un autre argument, qui lui-même devra être prouvé... c’est donc une régression à l’infini. De plus, la diallèle consiste à chercher  à prouver une proposition en partant de cette proposition même, c’est un peu un cercle vicieux. L’hypothèse est un mode  pour échapper à la fois à la régression à l'infini et au diallèle, il reste comme recours de poser son critère de vérité par hypothèse, sans le démontrer. On peut ensuite dénouer toute sa démonstration jusqu'à arriver au point qu'on voulait prouver. Enfin, le relativisme  indique qu’un argument dépend du point de vue, nous pouvons trouver une idée cruelle mais une autre personne peut la trouver juste de son point de vue. En définitive,  le scepticisme à travers  Pyrrhon et Agrippa met en évidence qu’il nous est impossible de nous fier à notre esprit, il ne faut pas prendre parti sans raisonner, sans obtenir de certitude. Ainsi, afin d’obtenir une certitude exacte il faut d’abord douter de nos connaissances communes et personnelles.

        De plus, il est important de distinguer trois différents types de doutes. En effet,  premièrement le doute sceptique extrême comme nous avons pu l’analyser précédemment avec le philosophe Pyrrhon qui préconise  une suspension complète du jugement sur toutes les questions  en  évitant de prendre position. Deuxièmement, le doute peut être cartésien c’est-à-dire non pas sceptique mais méthodique. C'est le philosophe René Descartes mathématicien, physicien  français  qui préconise ce doute. Dans son ouvrage intitulé les Principes de la philosophie  rédigé en 1644, Descartes montre  une attitude de l’homme qui est très répandue et qui donne la première réponse au problème. Il indique que la très grande majorité des hommes acquiesce à ce qu’elle « ne connaît pas distinctement ». Il indique que le doute cartésien se décline en plusieurs modalités: le doute concernant la vérité de nos perceptions, doute qui porte sur les sens, le doute hyperbolique qui ne porte alors que sur le sensible qui atteint tout ce qui constitue le réel y compris  le monde intelligible et également la remise en question des vérités scientifiques. Dans ses  Méditations métaphysique il développe  le doute méthodique.  Descartes remet en cause le fonctionnement même de la connaissance à travers le doute méthodique car il n’est pas possible de remettre en cause toutes nos connaissances acquises une à une. Le but du doute méthodique est de parvenir à une première certitude. Puisque tout ce que tout ce que nous apprenons  est incertain, il est préférable d'en douter pour éviter l'erreur due aux préjugés ou à la précipitation du jugement. Nous remarquons que Descartes ne préconise pas une philosophie sceptique car son doute est radical, mais temporaire. Il remet cependant en cause les connaissances qu’il possède, mais c’est pour pouvoir trouver un fondement si sûr, que même les arguments les plus durs des sceptiques ne pourront pas le déstabiliser.  Le troisième  et dernier doute est le doute  sceptique modéré. Préconisé par David Hume (1711-1776) , philosophe, économiste et historien écossais considéré comme un des plus importants penseurs des Lumières écossaises,  le doute sceptique dit "modéré" ou « mitigé » est développé à partir d'une critique du doute extrême. Selon Hume, le doute extrême est déraisonnable  car il est contredit par les activités de la vie quotidienne. Le doute ne doit donc  pas s'appliquer dans les affaires courantes de la vie de tous les jours. Mais il a sa place pour remettre en question nos croyances. Il nous montre que la religion et la métaphysique n'ont aucune base réelle et concrète. Les dieux sont des êtres dont il est impossible de vérifier l’existence. En fait, pour Hume seules les mathématiques et les sciences  sont valables. Dans son œuvre philosophique Enquête sur l'entendement humain, parue en 1748 , il évoque que selon lui tout le reste n'est "que sophismes et illusions".

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