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Zénobie, Les Caractères de La Bruyère

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Par   •  20 Novembre 2022  •  Analyse sectorielle  •  1 821 Mots (8 Pages)  •  3 716 Vues

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Zénobie, ou le portrait de la reine dispendieuse

Introduction :

Le XVIIème siècle marqué par 2 courants opposés ; le courant baroque, caractérisé par le faste, la grandeur, l'illusion, et le courant classique, caractérisé une rigueur et une volonté de perfection morale que l'on retrouve chez les moralistes. C'est dans le courant classique que s'inscrit La Bruyère, grand écrivain de cette époque, qui évolue parmi les puissants à la cour. Dans son œuvre des caractères, parue en 1688, et enrichie grâce à 9 rééditions jusqu'en 1696, La Bruyère donne son avis, analyse et porte son regard moraliste sur la société et des mœurs de son temps. Dans le livre « Des Biens de fortune », il est question des hommes d’argent, de plus en plus puissants à son époque. Dans la remarque numéro 78 de ce livre, il dénonce notamment la vaine superficialité des grands de son monde à travers le portrait de la reine antique Zénobie, qui construit un splendide palais dans la ville de Palmyre.

Cette ville, longtemps enfouie sous les sables, a été redécouverte en 1691. L’actualité permet ainsi à La Bruyère de mettre en parallèle l’Antiquité, chère aux Anciens, et la société de Cour.

Projet de lecture : En quoi le portrait de Zénobie est-il l’occasion pour La Bruyère de souligner la vanité du luxe et l’inconstance des « biens de fortune » ?

  1. La grandeur de Zénobie (l.1 à 3)
  2. Le symbole matériel de la grandeur de Zénobie (l.3 à 17)
  3. La chute de Zénobie (l.17 à la fin)

Conclusion :

Dans cette remarque, La Bruyère met en avant la vanité des grands, qui gaspillent leurs richesses dans le but de montrer leur puissance, même lorsqu’ils sont au courant de la précarité, de l’instabilité de leur situation. Il commence par montrer la puissance de Zénobie, sa grandeur, avant de décrire élogieusement la splendeur de son palais. Néanmoins, dès le début, un lecteur attentif peut deviner la chute de Zénobie, puis les conseils ironiques qu’il donne montrent que malgré la magnificence de son palais, la reine n’agit pas de manière raisonnable et est prête à tout dépenser pour que sa demeure soit la plus impressionnante de toutes. Avec la chute de l’histoire, La Bruyère nous invite à réfléchir sur l’utilité et le sens des apparences. Il met en avant leur inanité. Il sera intéressant de mettre en relation cette remarque avec Art, pièce de Yasmina Reza dans laquelle le personnage Serge est accusé par son ami Marc d’avoir dépensé une somme folle dans un tableau parce qu’il était influencé par de nouvelles fréquentations « haut de gamme ».

  1. La grandeur de Zénobie (L.1 à 3)

Dès le début, La Bruyère ménage très habilement la curiosité du lecteur, aussi bien au niveau du contenu que de la forme.

🡪contenu = un portrait / discours

o La Bruyère s’adresse à son perso : apostrophe « Zénobie » + marques 2ème personne du pluriel (adj perso  « vos » + pronom personnel « vous ») = déférence à l’égard de son perso

o portrait joue sur la capatatio benevolentiae (=recherche de bienveillance) / info elliptiques sur Zénobie

>  nom propre Zénobie + GN « votre empire », « la mort du roi votre époux » + CCd’opposition  « contre une nation puissante » =  reine de Palmyre qui soutint, après assassinat de son mari,  guerre de 5 ans contre les Romains (267-272).

🡪forme = rappelle le discours < rythme volontairement oratoire et pompeux.

o 1ère phrase correspond à une période 

« Ni les troubles, Zénobie, qui agitent votre empire, ni la guerre que vous soutenez virilement contre une nation

puissante depuis la mort du roi votre époux, ne diminuent rien de votre magnificence. »

   > 1ère partie = tétramètre (vers composé de quatre groupes rythmiques égaux) parfaitement scandé.

   > 2ème partie :  plus ample, étaye solidement la 1ère

   > période se clôt sur une prop principale assez brève MAIS qui se prolonge avec lente douceur du « e » muet

o début à l’allure calme et lente d’un morceau d’éloquence à la gloire de la reine de Palmyre :

   > parallélisme des constructions « ni les troubles… ni la guerre ; qui agitent… que vous soutenez »

   > ordonnance des ct disposés d’après leur longueur : « virilement » - « contre une nation puissante » - « depuis la    mort du roi votre époux »

   > solennité : périphrase « une nation puissante » + apposition « votre époux »

o première phrase prend cependant l’allure d’un éloge paradoxal :

    > lexique utilisé au début du portrait témoigne de la situation instable dans laquelle se trouve Zénobie

    = « troubles », « guerre » + verbe « s’agite »

    > présence de la double négation « ni…ni » : affirme la puissance rassurante/durable de la reine + semble porteuse d’un germe néfaste (puissance minée par les troubles , la guerre et le veuvage)

    > puissance de la reine soulignée par adv « virilement » : prête à Zénobie des qualités svt attribuées aux hommes

    CCTemps « depuis la mort du roi votre époux » : elle a su, avec succès, se substituer à lui.

    hyperbole « magnificence » + GN « votre empire » ; « une nation puissante » : grandeur de la reine de Palmyre.

  •  La Bruyère fait figure, dans cette remarque, d’orateur qui cherche à séduire son lecteur.

  1.  Le symbole matériel de la grandeur de Zénobie (L.3 à 17)

Les deux phrases suivantes nous font connaître l’agrément du site où s’élèvera le palais de la reine, symbole matériel de sa grandeur.

🡪La description se caractérise :

o épithètes « superbe », « sain », « tempéré », « riante », « belle »

o désignations géographiques sont très générales : « Euphrate », « Syrie » (cf berceau de l’humanité)

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