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Thérèse Raquin / Zola : la scène du meurtre

Commentaire de texte : Thérèse Raquin / Zola : la scène du meurtre. Recherche parmi 298 000+ dissertations

Par   •  11 Mars 2022  •  Commentaire de texte  •  2 790 Mots (12 Pages)  •  2 260 Vues

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Analyse littéraire : extrait de Thérèse Raquin : la scène du meurtre.

Emile Zola, qui a écrit Thérèse Raquin en 1867, est un auteur du XIXème siècle, connu comme la tête de file du mouvement naturaliste, un mouvement littéraire qui met en avant le réalisme et qui accorde une grande importance au travail minutieux de documentation, en s’inspirant notamment de la méthode expérimentale, dans le cas de Zola plus précisément, des recherches du scientifique de Claude Bernard. A son époque, cet auteur était mal vu et critiqué pour ses œuvres qui évoquaient des sujets bien trop houleux. Pour reprendre les mots d’un de ses détracteurs : « elles n’ont pas lieux d’être dans la littérature française ». On peut voir tout le mépris dans cette critique. Pourtant, ses écrits, notamment Thérèse Raquin, avaient pour but d’assouvir une curiosité par une expérience, Zola a voulu et il le disait lui-même dans la préface de la deuxième édition de Thérèse Raquin : « son but à été un but scientifique » et il voyait ses personnages comme des cobayes. Mais c’est justement cela qui n’avait pas plu et qui avait choqué les médias qui n’avaient pas jugé bon de prendre en comte cette aspect. Dans ce roman, Zola s’était inspiré d’un fait divers. Il y est donc question de deux amants : Laurent et Thérèse qui vont subir les affres de la passion. Mais pour pouvoir vivre pleinement leur amour ils en arrivent vite à la conclusion que Camille, le mari de Thérèse, doit mourir. Mais les deux amants sont lâches et ils font preuve d’une discrétion sans failles ; rien ne pouvait les trahir. Un beau jour, la situation parfaite se présente à eux, le moment idéal pour se débarrasser de Camille. Lors d’une sortie dominicale, ils se décidèrent à faire une balade sur la Seine et s’éloignèrent rapidement de tout témoin ; Camille ne sachant pas nager, il suffisait de le jeter à l’eau. Nous voici donc à cette scène de meurtre. Nous cherchons à comprendre comment Zola en créant une atmosphère singulière instaure-t-il une intensité dramatique lors de cette scène. Par le biais du suspense et du fort contraste qu’il met en valeur, relevant la violence.

En effet Zola prépare d’abord la scène du meurtre en jouant sur le suspense. Premièrement par l’instauration d’une atmosphère inquiétante : avec l’utilisation de l’obscurité ; le cadre spatial est plongé au fur et à mesure dans les ténèbres ce qui donne un climat assez angoissant avec cette omniprésence du champ lexical de l’obscurité : « le crépuscule », « grandes ombres », « noires ». On peut relever aussi qu’il joue sur le clair-obscur pour mieux accentuer cet oppressement : « brouillard laiteux ». Par ailleurs, Zola aime aussi à utiliser les couleurs pour préciser ses descriptions (car il s’intéressait à la peinture) ; ici il s’en sert pour démontrer cet aspect sombre, sinistre. Champ lexical des couleurs : « d’argent pâle », « d’un brun sombre tâché de gris », « rougeâtre ». On reconnaît le même procédé qu’avec l’obscurité, les couleurs clairs sont ternis pour faire ressortir le côté sombre. Entre autres, on peut s’intéresser à cet adjectif qualificatif « rougeâtre » qui est répété et des noms qu’ils complètent : « massif rougeâtre » et « masses rougeâtres ». Donc nous avons une polyptote et une répétition. On peut l’interpréter comme si le paysage portait en lui-même les traces du meurtre avec cette teinte rouge, qui connote le sang. Cette atmosphère inquiétante est d’autant plus présente par l’utilisation de personnifications : « le crépuscule venait », « la nuit apportant des linceuls », « de grandes ombres tombaient ». On peut ressentir ainsi la présence de la mort : comme si le paysage lui-même était devenu un ’’personnage’’, complice au meurtre ; l’étau se referment autour de Camille, comme si une force supérieure agissait, rendant sa mort inévitable. Il y a aussi une personnification oxymorique : « douloureusement calme », qui montre que le paysage porte en lui de la douleur, du désespoir, ce qui est peu rassurant pour la suite des évènements. Le lecteur est comme averti par le paysage qui lui montre tous les signes du drame qui approche. Et on peut aussi ajouter à cela le champ lexical de la mort : « râlait », « linceuls », « la mort ». Qui présente l’ambiance de la scène. En poussant nos recherches un peu plus loin, on peut remarquer que le choix des saisons citées n’est pas non plus anodin : on nous parle de l’été qui normalement, connote quelque chose de joyeux : les vacances, les beaux jours mais qui est associé à quelque chose de négatif, relevant les sensations étranges de la scène : « brûlée par les rayons ardents de l’été ». Et nous parle aussi de l’automne, qui elle a naturellement cette image d’un sentiment morose, elle annonce justement la fin de l’été festif. On peut donc l’interpréter comme un message annonçant la fin du bonheur des personnages.

Et deuxièmement par la création d’une tension palpable : d’abord lorsqu’il utilise le champ lexical du bruit, signifiant ici la vie, les passants, en l’associant ensuite au champ lexical de la tristesse, pour signifier que les personnages, Thérèse, Laurent et Camille la quittent pour rejoindre la mort : « tous les bruits des quais s’adoucissaient », « douloureusement calme », « les chants, les cris arrivaient, vagues et mélancoliques, avec des langueurs tristes ». Puis le silence s’installe : « les promeneurs se taisaient » ; avec lui, une tension qui nous indique que le meurtre approche. Et les derniers bruits ambiants restant sont atténués, renforçant cette idée que les personnages sont ’’seuls’’. Cette touche de tristesse qui leur est associé est en accord avec la vision que l’on peut se faire de la scène. Par la même occasion, elle est annonciatrice des futurs malheurs et fait redouter encore plus au lecteur le moment fatidique, qui sera la première pièce d’une suite d’évènement tragique. Et pour renforcer cette image de bulle prête à exploser à tous moments, on peut relever cette énumération et cette hyperbole : « La Seine, le ciel, les îles, les coteaux n’étaient plus que des tâches brunes et grises qui s’effaçaient ». On peut ajouter à cela une ”suspension du temps” avec une accumulation de verbes d’action (montrant l’arrêt) : « regardaient » (x2), « attendait ». Il y a aussi des indicateurs temporels comme « depuis un instant » et des expressions comme « en serrant les lèvres […] immobile » accentuant cette sensation que tout est figé. Pour ensuite mieux précipiter le lecteur dans le drame, c’est le calme avant la tempête. Ainsi c’est tout l’espace spatio-temporel

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