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Stendhal, le Rouge et le Noir

Commentaire de texte : Stendhal, le Rouge et le Noir. Recherche parmi 298 000+ dissertations

Par   •  15 Décembre 2019  •  Commentaire de texte  •  2 125 Mots (9 Pages)  •  535 Vues

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COMMENTAIRE LE ROUGE ET LE NOIR

Chapitre XXIX Première partie - TEXTE 2 FRILAIR

Situation du passage : Pirard a fait réveiller Julien, couché comme tous les séminaristes à 20 heures, et lui fait porter à l’évêché sa lettre de démission. Là Julien rencontre les ennemis de Pirard, du parti jésuite du Sacré-Cœur : le grand vicaire Frilair et son évêque.

De quoi il s’agit dans cet extrait : La scène se passe dans le salon de l’évêché, en soirée, alors que tout le monde dort au séminaire. L’évêque étant absent, c’est l’abbé de Frilair qui réceptionne et lit la lettre (première partie du texte, l. 1-17). L’évêque rentre peu après et Frilair lui annonce ce qui est pour eux une grande nouvelle, celle de leur victoire sur le janséniste Pirard (deuxième partie, l. 18-30).

Particularité du texte : dans ce texte, il y a très peu d’événements (Julien arrive, remet la lettre, que lit Frilair. L’évêque rentre, et Frilair lui annonce la nouvelle de la démission de Pirard), ce n’est donc pas un texte narratif, mais descriptif : cet épisode de Julien à l’évêché en pleine nuit est l’occasion de faire un portrait lapidaire de ces deux (filous de) jésuites. (N.B. : nous voyons ici la différence entre un portrait à la Stendhal, et un portrait à la Balzac, toujours plus développé). Des portraits à charge mais à visée humoristique. Ce texte est l’occasion pour Stendhal de faire un portrait lapidaire des deux personnages : ces portraits sont clairement à charge, c’est-à-dire que le narrateur n’aime pas ces personnages, dévoile leurs travers, leur hypocrisie, leur complot, leurs bassesses ... Portrait à charge, mais ironique, moqueur, satirique : Stendhal se moque d’eux et veut faire sourire son lecteur. Comment parvient-il à ce résultat ?

Projet de lecture : montrer comment Stendhal s’y prend pour faire la satire des deux personnages : il utilise deux points de vue : celui de Julien et celui du narrateur : le lecteur voit ce que Julien voit, avec les « ressentis » de Julien (point de vue interne, focalisation interne) ; mais le narrateur omniscient, qui en sait bien plus que Julien, augmente ces portraits de remarques, voire de sous-entendus, qui leur donnent une dimension ironique et humoristique. Le narrateur omniscient porte à la connaissance du lecteur tout ce que ne peut pas voir Julien .Alors que Julien, du fait de son inexpérience, a un regard nécessairement limité, et séduit, sur les personnages, le narrateur, qui en sait bien plus que Julien, apporte une autre dimension aux portraits, une dimension satirique. Stendhal souligne et complète les éléments que perçoit Julien par les ajouts du point de vue d’un narrateur omniscient, malicieusement - et férocement ironique.

Plan :

  1. Le regard de Julien, admiratif mais sur ses gardes
  2. Le regard satirique du narrateur omniscient

Plan détaillé

  1. Le regard de Julien, admiratif mais sur ses gardes
  1. Point de vue interne : le lecteur découvre les personnages, et leur lieu, en même temps que Julien, qui porte sur eux un regard neuf, mais averti :

Julien vient dans ce lieu, l’évêché, pour la première fois, et n’a jamais rencontré l’abbé de Frilair (« mais il ne le connaissait pas. » ,l. 3) ni l’évêque, qu’il identifie pourtant facilement : « il aperçut un petit vieillard, portant une croix pectorale. Il se prosterna : l’évêque lui adressa un sourire de bonté ... » (l. 20-21). Il porte donc sur les êtres et les choses un regard neuf, mais cependant averti : Pirard l’a mis en garde (« Je ne vous dissimulerai pas que je vous envoie au milieu des loups », p. 238), et Julien se méfie : « Je vais me trouver au milieu de deux inquisiteurs, pensa-t-il », p. 240. La description est régie par le regard de Julien : les passages descriptifs sont introduits par des verbes de vision dont le personnage de Julien est le sujet grammatical : « Julien vit » (l. 4), « Julien (...) eut le temps de l’examiner » (l. 6), « une élégance (...) qu’il n’avait jamais vue à aucun prêtre » (l. 12-13), « Julien regardait » (l. 18), « il aperçut » (l. 20), « il put (...) admirer la magnificence pieuse » (l. 22). De plus, l’emploi répété d’adjectifs démonstratifs insiste sur ce que regarde Julien, et focalise de ce fait le regard du lecteur : « cet abbé » (l. 4 et 11), « cette figure » (l. 6-7), « ce beau visage » (l. 8).

  1. Julien est impressionné par la richesse du lieu et par la prestance des personnages :

Le salon est somptueux, le laquais est « richement vêtu » (l. 19), le vicaire est particulièrement élégant. Cet univers contraste avec le caractère sinistre du séminaire et l’austérité de l’abbé Pirard. Julien se trouve d’abord étonné (« Julien, frappé de sa bonne mine », « élégance qu’il n’avait jamais vue à aucun prêtre ») puis séduit (« une élégance qui plut beaucoup à Julien », l. 12). L’arrivée de l’évêque de même suscite la surprise par son effet théâtral : « tout à coup la porte s’ouvrit avec fracas » ; son passage rapide dans le salon le fait qu’il entraîne dans son sillage le vicaire Frilair laissent Julien seul dans le salon, étourdi. Julien est séduite : le portrait de Frilair met en avant la beauté du personnage : « finesse extrême » des traits, « beau visage », « bonne mine », « profil fort distingué », son élégance et sa bonne santé (« bonne mine ») montrent à quel point sa vie n’est pas faite de privations comme celle que Julien mène au séminaire.

  1. Séduit et impressionné, mais averti : Julien cependant porte son attention à des détails qui pondèrent la belle impression que fait sur lui le vicaire : il a été mis en garde par son protecteur Pirard

la description très minutieuse du visage de Frilair, plus précisément de son « nez, très avancé », accuse la « fausseté » qui se dégage de ses traits, et appelle une comparaison avec « la physionomie d’un renard », cet animal associé à la ruse et à la fourberie. La « finesse » des traits également est donc associée à la fois à la beauté et à la fausseté. Ce qui se dégage en outre de la personne de Frilair, c’est la grande attention qu’il porte à son apparence : il ne cesse de « s’(....) occuper » de son visage, comme un acteur qui surveille ses expressions ; son élégance vestimentaire de même montre qu’il accorde une grande importance à son apparence physique, aussi grande sinon plus qu’aux questions politiques de l’évêché : « cet abbé qui paraissait si occupé de la démission de M. Pirard, était mis avec une élégance qui plut beaucoup à Julien ».

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