Sorel un personnage romantique, le Rouge et le Noir, Stendhal

Extrait 1 du Livre premier chapitre 12 du « Rouge et le Noir » de Stendhal

Stendhal, de son vrai nom Henry Beyle est l’un des grands auteurs réalistes avec Balzac.

En 1830 son roman « Le Rouge et le Noir » rencontre un immense succès.

Dans cet extrait Julien vient d’obtenir 3 jours de congés de Monsieur de Renal. Il part donc rejoindre son ami Fouqué dans les montagnes de Savoie. Il se retrouve alors seul face à la Nature.

La référence à la « montage » n’est pas sans rappeler ici la toile du peintre romantique Friedrich du « voyageur  contemplant une mer de nuages ». On constate toutefois que la description du lieu est très précise et réaliste avec « route de traverse », vallée de Fouqué » (lignes 2 et 3)

On retrouve le goût des romantiques pour la solitude avec des termes comme « solitaire », « ni lui ni aucun être humain » (lignes 3 et 4)(étude de la négation totale : conj de coord= ni).

On a cette volonté de s’isoler du monde des hommes perçu comme hostile, de se mettre en « retraite », « caché », « ici les hommes ne sauraient me faire de mal », « ailleurs si dangereux pour lui » (lignes 5 à 11) tout en leur restant supérieur : lui peut les voir arriver « comme un oiseau de proie ». La comparaison montre dans le même temps toute la volonté ambitieuse de Julien de s’imposer au sein de cette société (typique du réalisme) tout comme le fera Rastignac chez Balzac.

La personnification métaphorique sur la « montagne couronnée » est également traditionnelle du Romantisme et peut évoquer l’opéra  « Peer Gynt »  du norvégien Grieg avec son roi de la montagne.

Puis c’est la découverte de « la grotte », lieu emblématique du Romantisme, on pense à Henri d’Offterdingen de l’écrivain romantique allemand Novalis qui se ressource au sein d’une grotte aquatique.

Tous les lieux communs du Romantisme sont ainsi convoqués dans cet extrait.

Dans le même temps sa description en est réaliste et précise avec « au milieu de la pente presque verticale d’un des rochers ».

Le héros romantique qui sommeille en lui, ivre de ce retour à la Nature refait surface. Sa « joie » est évidente, son « plaisir »  également, c’est un homme « heureux » comme on le soulignera à la fin du passage.

Tel JJ Rousseau (Les Rêveries du promeneur solitaire) ou Chateaubriand (Les mémoires d’Outre-Tombe  )il décide alors de se consacrer à la rédaction de ses « pensées » intimes sur « une pierre carrée » (la Nature l’assiste dans cette entreprise) lui servant de « pupitre ». Il se coupe alors littéralement du monde (« il ne voyait rien de ce qui l’entourait » comme ce sera souvent le cas chez Julien perdu dans ses « rêveries » de promeneur solitaire) (lignes 12 à 15)

Avec le crépuscule on assiste aux réflexions personnelles du héros (DIL) avec un passage en italique essentiel : »Je suis libre » qui nous permet d’insister sur l’importance de « liberté » pour le héros qui prend subitement conscience de sa duplicité permanente en société et dans le monde des hommes en général : il rêve à la fois de s’isoler du monde mais également de côtoyer « Paris » ce qui est totalement antinomique. Ce regard négatif sur la vie en société est caractéristique du héros romantique.

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