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Analyse linéaire : Le procès de Julien Sorel dans le Rouge et le Noir de Stendhal

Cours : Analyse linéaire : Le procès de Julien Sorel dans le Rouge et le Noir de Stendhal. Recherche parmi 298 000+ dissertations

Par   •  24 Juin 2022  •  Cours  •  3 486 Mots (14 Pages)  •  1 550 Vues

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Analyse linéaire no 3 : « Le personnage de roman, esthétiques et valeurs »

Introduction : « Un roman est un miroir qui se promène sur une grande route. »

Le Rouge et le Noir, ou aussi Chronique de 1830 est un roman de Stendhal publié en pleine Seconde Restauration, donc en 1830. Le Roman interpelle par son titre, le « Rouge » qui rappelle le sang, l’armée, avec l’habit rouge, mais aussi l’amour et la passion, et le « Noir » qui fait penser à l’habit noir, celui des prêtres, tout en évoquant la mort. Ce roman se trouve à la croisée de deux mouvements majeurs de l’époque, le Romantisme, « siècle du Moi », triomphe de la sensibilité, que Stendhal aime définir pas « Égotisme », et le Réalisme, où on cherche à obtenir une fidélité au réel. Ce récit va ici constituer un roman d’apprentissage qui narre l’ascension sociale et la chute du héros/anti-héros, Julien Sorel, véritable monstre d’orgueil. Alors, ce texte argumentatif se retrouve dans le chapitre 41 intitulé « Le Jugement » car c’est bien le procès de Julien Sorel, pour avoir tiré par deux fois dans une Eglise sur son ancienne amante mariée, sans la tuer, Mme de Rênal, par frustration après qu’elle ait détruit ses plans, lui qui se faisait construire tout un héritage personnel par la famille de La Mole, après avoir mis enceinte leur héritière Mathilde. C’est alors un texte judiciaire, on est bien dans le réalisme ici, et malgré tous ses soutiens de Mathilde notamment qui use de son influence pour le faire acquitter, le jeune homme se condamne ici à mort et qui dans son discours dénonce aussi la société

→ Lecture du texte

 

Ainsi, la problématique qui nous intéressera est : Comment Julien Sorel, en s’accusant, fait-il un réquisitoire contre la société et atteint-il un idéal d’héros romantique.

(C’est-à-dire où l’amour triomphe face à la mort.)

Découpage :

On observera trois mouvements dans ce texte qui suivent son découpage :

1) ligne 159 – ligne 170 : Réquisitoire de Julien contre lui-même

2) ligne 170 (« Mais quand je serais moins coupable ») – ligne 180 : Réquisitoire de Julien contre la société

3) ligne 181 – ligne 190 : Discours narrativisé/réaction de l’auditoire

  1. Réquisitoire de Julien contre lui-même

On va vraiment voir ici un héros hypocrite, qui prend la parole au tribunal et qui tombe le masque, car il n’a plus rien à perdre : c’est la fin. Il peut enfin dire la vérité, et par la même occasion assumer son amour pour Mme de Rênal jusqu’au bout. On remarque aussi l’originalité de la prise de parole de l’accusé, qui devrait se défendre (plaidoirie) mais qui ici coupe l’herbe sous le pied aux jurés et à l’avocat général et qui pose clairement son constat : il est coupable.

On remarque déjà que le discours de Julien est structuré en bon discours judiciaire, commençant par une exorde « Messieurs les jurés », puis par un rappel des faits, et par son réquisitoire pour conclure par une péroraison « Avant de finir Julien revint à la préméditation »

Citations :

Procédés :

Effets/Interprétations :

« Messieurs les jurés »

Exorde

Discours direct

Adresse respectueuse, pour capter l’attention de l’auditoire, s’attirer la bienveillance (ici pour les attaquer peu après..). C’est Julien qui parle. La rhétorique, c’est-à-dire l’art de composer de bon discours alliant passion et raison (pathos afin d’être écouté, et logos pour convaincre) est née dans les tribunaux, avec Ciséron notamment. Pathos, en parlant de Mme Derville juste avant : « Pleurerait-elle, par hasard ? ». Très solennel, annonce le sérieux de la suite.

« L'horreur du mépris, que je croyais pouvoir braver au moment de la mort, me fait prendre la parole. »

« Horreur » : terme fort

Paradoxe

Allitération en « r »

Julien est dégoûté face au mépris des jurés, c’est un terme fort, sonne comme un « je vous déteste ». Il apparaît comme un héros fier qui refuse le jugement de bourgeois méprisables, l’allitération en « r » suggère cette répugnance. Il parle ici du mépris des riches pour les pauvres. On comprend aussi que Julien semble se penser, ou se savoir condamner « au moment de la mort ». Ce qui n’est pourtant pas forcément le cas, car Mathilde sue sang et haut pour le tirer d’affaire, il a des alliés (le vicaire..) Il se condamne délibérément en fait, il aurait d’ailleurs pu invoquer le crime passionnel. C’est en fait un basculement, car Julien « dit tout ce qu’il avait sur le cœur », l’auteur parle à travers lui à l’aristocratie de l’époque, et Julien arbore ici toutes les caractéristiques du héros romantique, son engagement politique (la sincérité de son discours est rétablie, pourtant oubliée pendant tout le roman), il porte des revendications sociales, et est clairement seul contre tous. Puis le paradoxe, car Julien est en fait brave, en disant ouvertement ce qu’il pense, en se condamnant définitivement à mort.

« Messieurs, je n'ai point l'honneur d'appartenir à votre classe, vous voyez en moi un paysan qui s'est révolté contre la bassesse de sa fortune. »

Allitération sifflante en « s ».

Opposition « Je » / « vous »

Blâme/Ironie

  • Antiphrase

Signification « révolté »

« bassesse » et « fortune »

« bassesse » = style incisif du narrateur

Julien est seul contre les jurés, ils ne sont pas du même monde, comme l’indique le « je » qui va toujours avec un « vous », il révolté face à leur classe. L’allitération sifflante exprime cette colère.

Julien ne se présente pas ici comme le Chevalier Julien de La Vernaye (mythe qui lui a été créé, comme quoi il avait un autre père) mais récupère ici son identité de paysan, on oublie toute l’ascension fulgurante, où il était sur le point d’épouser une des femmes les plus puissantes du pays, il redevient un simple paysan de campagne qui a joué au parvenu (ce qui lui a probablement valut la lettre du prêtre juste avant son total accomplissement, car il faisait trop d’ombre avec son ascension).

Puis il y a l’ironie avec les termes « honneur » « votre classe », fait sonner la chose comme un blâme. Il a l’honneur de ne pas faire partie de leur classe. Dire qu’il est > eux. Il a manipulé ces riches, (en jouant au gentil précepteur) ils le dégoûtent et il le dit enfin. C’est aussi pour cela que les jurés/bourgeois = vous, et lui = je, s’il profitait de sa classe pour se faire réhabiliter alors pas différent.

Tous les jurés = même classe.

Anachronisme : Lutte des classes (Karl Marx) maison s’y retrouve.

Révolte : ascension sociale de Julien : révolution = libéral VS Ultra (VS jurés).

Fortune : destin pour ne pas être né dans la classe sociale dominante.

Bassesse : VS hauteur, sa classe sociale, péjorative. Se remet tout en baaas. Ce n’est pas le chevalier Julien de La Vernaye qu’il est devenu, mais le petit Sorel. S’attire pas du tout la bienveillance de son auditoite !

« Je ne vous demande aucune grâce »

Négation absolue « aucune »

Julien demander grâce ???  se mettre à genoux ??? mdr trop fier.

= « Je ne veux rien de vous ». Renverse les code car sa défense = auto-condamnation-suicidaire

« en affermissant sa voix »

C.C de manière

Avant pas serein, c’est une prise de parole soudaine, rien n’est préparé (un discours se prépare). Julien gagne en confiance, la maîtrise de soi est stoïcienne, c’est un éloquent.

« Je ne me fais point illusion, la mort m'attend : elle sera juste. »

Asyndètes

  • Parataxe lapidaire

La sentence tombe ! Mais de la part de… Julien. Lui-même la prononce, il ne demande pas d’une libération, il ne demande grâce à personne, trop d’orgueil pour ça, plutôt mourir. Les asyndètes sous forme d’une parataxe lapidaire 

, = car

: = et

Accentuent, dramatisent la conclusion de Julien sur son sort.

Il accepte la mort aussi par expiation pour Mme de Rênal, vis-à-vis d’eux, rien. Sinon on serait toujours dans le caractère calculateur de Julien, qui ne sortait pas un mot sans l’avoir bien pensé, ici son cœur parle. Il est fort de bravoure, c’est le héros romantique par excellence.

Julien qui ne s’attire déjà pas du tout la sympathie de son auditoire, alors qu’il devrait, se condamne déjà : il est coupable. Le réquisitoire commence.

« J'ai pu attenter aux jours de la femme la plus digne de tous les respects, de tous les hommages. »

(J’ai pu = j’ai osé).

Superlatif de supériorité

Champ lexical du respect (« digne », « respect », « hommages »)

En octroyant un portrait idéalisant à Mme de Rênal, Julien s’accuse encore plus, il aggrave son cas en rendant son crime encore moins excusable.

+ changement certain chez Julien, car avant Femmes Paris > Femmes Province, mais maintenant Mme de Rênal >> TOUT.  C’est le personnage le plus noble de Verrières, et certainement du roman. On le voit à la gentillesse du narrateur à son égard.

« Mme de Rênal avait été pour moi comme une mère. »

Comparaison

Plus-que-parfait

La comparaison en figure maternelle de la victime n’atténue pas du tout le crime. Elle l’aggrave, car Julien montre que Mme de Rênal lui avait tout donné (comme une mère), il se condamne encore plus, tout en excluant définitivement le crime passionnel de la table, car c’est maintenant un matricide.

Le plus-que-parfait nous rappelle le beau temps passé, celui de Verrières et Vergy entre Louise et Julien.

« Mon crime est atroce, et il fut prémédité. »

« atroce » : hyperbole

Brièveté de la phrase,

Adjectifs.

Italique : accentue le terme

Julien s’accable, il en rajoute une couche, son crime est « atroce ». Ce n’est pas le procureur qui parle mais lui. L’hyperbole donne un aspect tragique à la chose, c’est « juste » une tentative d’homicide, Mme de Rênal lui a pardonné en plus. Il y a aussi en parallèle au côté tragique, un aspect œdipien, car Mme de Rênal = mère pour Julien. Puis Julien surenchérit en révélant la préméditation, le crime passionnel n’est alors plus du tout admissible.

« J'ai donc mérité la mort, messieurs les jurés. »

Allitération en « m »

Passé composé

Conclusion réquisitoire contre lui-même, avec la valeur du passé composé, d’influence sur le présent Julien donne le verdict à la place des jurés, ainsi il garde le pouvoir, il reste maître de son destin. Il ne s’agenouillera pas, il est trop fier (sauf pour demander pardon à Mme de Rênal). Avec l’allitération en « m » le héros appelle  à nouveau à la condamnation.

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