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Question de corpus Victor Hugp, Céline et Stendhal

Commentaire de texte : Question de corpus Victor Hugp, Céline et Stendhal. Recherche parmi 298 000+ dissertations

Par   •  9 Octobre 2018  •  Commentaire de texte  •  2 012 Mots (9 Pages)  •  1 125 Vues

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Philippine Mode
1ere ES 1

CORPUS : les personnages dans la guerre

Question : comment les personnages de ces extraits se comportent-ils sur les champs de bataille ? Quelle représentation de la guerre ces textes donnent-ils ?

         

        Les auteurs de romans de cavalerie, transmettent à travers leurs personnages et leurs comportements différente représentations de la guerre. Ainsi, Stendhal dans La Chartreuse de Parme publiée en 1839, Céline auteure du roman Voyage au bout de la nuit publiée en 1932 et Victor Hugo dans Les Misérables (1862), témoignent tous les trois d’une évolution du concept de héros et ainsi, d’une évolution de la conception de la guerre. Nous nous intéresserons donc dans un premier temps aux notions de héros collectif et d’antihéros, puis dans une deuxième partie nous étudierons la conception de la guerre que ces textes transmettent.

        Tout d’abord, on constate que les personnages n’ont pas tous le même statut sur le champ de bataille. Chez Victor Hugo, nous faisons face à une armée tout entière constituée de « vingt-six escadrons » (l.2), « cent-six gendarmes d’élite » (l.3), « once-cent quatre-vingt-dix-sept hommes » (l.4) et de « huit-cent quatre-vingts lances » (l.4). C’est une véritable « cavalerie » (l.16). Victor Hugo utilise de nombreux procédés pour transmettre au lecteur la grandiosité de son personnage. En effet, l’auteur emploi le champ lexical de l’héroïsme : « élite » (l.3), « armée » (l.6), « puissante deuxième ligne » (l.9), « les escadrons énormes s’ébranlèrent » (l.13/14)  afin d’insister sur les exploits de son personnage. Victor Hugo a également choisit de débuter sa description par une énumération de la ligne 1 à 5 « ils étaient trois mille cinq cents (…) huit cent quatre-vingts lances ». L’auteure insiste alors sur le nombre de soldats qui constitue son armée. Nous faisons donc face à un héros collectif, c’est-à-dire que plusieurs personnages agissent ensemble dans un but commun. De leur côté, les personnages de Stendhal et Céline sont tous les deux des soldats banals. Ils n’ont aucune importance dans l’armée et ne sont pas valorisés par les auteurs. On ne peut relever aucuns procédés les glorifiants. Cependant, on comprend qu’ils sont différents des autres militaires : ils sont en décalage constant et baigné dans l’incompréhension. Stendhal et Céline nous transmettent tous les deux un portrait d’antihéros, un personnage ordinaire dans un monde qu’il ne comprend pas. Malgré leur différent statut sur le champ de bataille, ces extraits sont tout de même des descriptions de la guerre. Les auteurs emploient ainsi le champ lexical de la guerre « colonel », « chevaux », « front », « sang ».
Le statut des héros étant différents, leur vision du combat aussi. Chez Stendhal, le héros Fabrice se fait une vision naïve et enfantine de la guerre : «perdu dans une admiration enfantine » (l.25). Le héros est en décalage constant avec le reste de l’armée « l’escorte s’arrêta ; Fabrice (…) galopait toujours » (l.10/11). Il est également en décalage avec la réalité et vire vers la folie. Fabrice part du principe qu’un homme devient un « vrai militaire » (l.36) dès lors qu’il voit « le feu » (l.35). Le héros se considère alors comme un vrai militaire à la fin de l’extrait. C’est aussi le moment où il comprend finalement pourquoi il est là mais il a toujours des doutes : « je n’y comprenais rien du tout » (l.40). Le héros de Céline, Bardamu est aussi perdu que Fabrice. Il a une vision naïve de la guerre et ne comprend ni pourquoi il est là ni pourquoi les Allemands et les français se battent : « notre colonel savait peut-être pourquoi ces deux gens-là tiraient. Les Allemands aussi peut-être qu’ils savaient mais moi, vraiment, je ne savais pas » (l.4/5). Bardamu se questionne tout au long de l’extrait sur la raison de cette guerre mais aussi de sa présence. Céline emploi donc deux questions rhétorique : « il s’était donc passé dans ces gens-là quelque chose d’extraordinaire ? » (l.15)  et « serais-je le seul lâche sur la terre ? » (l.34). Leur but étant d’entamer une démarche de réflexion chez le personnage. On voit bien qu’il a des doutes et se pose de nombreuses questions auxquelles il ne parvient pas à y répondre.  
Les trois extraits dressent chacun le portrait d’un héros sur le champ de bataille. Ces derniers n’ont pas le même statut sur le champ de bataille, ni la même vision du combat. Ils sont donc tous les trois différents. Stendhal dresse un portrait ironique de son héros, il le qualifie de « fort peu héro » (l.1) et suscite dès la première phrase le rire chez le lecteur. L’auteur utilise également le comique de mot pour transmettre une figure ironique de son héros. En effet, on peut relever « quel est-il ce général qui gourmande son voisin ? » (l.20) et « bêta ! » (l.23). Enfin, Stendhal utilise le registre ironique pour dresser le portrait de son personnage, par exemple lorsque Fabrice affirme « me voici un vrai militaire » (l.35/36). Similairement à Stendhal, Céline établit un portrait ironique de son personnage et utilise par conséquent le registre ironique. Le questionnement continuel et naïf de de Bardamu suscite le rire et la moquerie chez le lecteur. Ce dernier ne se doute de rien et ne comprend rien. Contrairement à Céline et Stendhal, Victor Hugo dresse un portrait homérique de son héros. Ce dernier est caractérisé d’épique « deux immenses couleuvres d’aciers » (l.25), l’armée est comparée à de l’acier tellement elle est résistante. Et la bataille est « formidable » (l.15), le lecteur assiste à un véritable spectacle. Victor Hugo exploite le registre épique afin de glorifier son héros et de susciter l’admiration chez le lecteur « des hommes géants » (l.1/2), « un prodigue » (l.25).

        Ensuite, nous pouvons remarquer qu’en fonction de l’auteur la guerre change de statut. Nous avons dans la partie précédente constatés que Stendhal et Céline transmettent une vision réaliste de la guerre par le biais de leur antihéros. Tandis que Victor Hugo donne une vision glorieuse de la guerre et l’idéalise. Cette différence de perception, provient premièrement du fait que les auteurs ne sont pas du même siècle, donc de mouvements différents. Le romantisme, transmit par Victor Hugo est un mouvement où l’on valorise davantage l’individu et où l’on recherche l’évasion. D’où l’idéalisation de la guerre. De leur côté, Stendhal et Céline appartiennent respectivement au réalisme et à l’absurde. Deux mouvements contre l’idéalisation. C’est pourquoi les auteurs donnent une vision plus réelle de la guerre. Deuxièmement, ce statut change en fonction du point de vue utilisé par l’auteur. On remarque que Stendhal utilise le point de vue omniscient avec l’expression des sentiments «  la peur » (l.1), « scandalisé » (l.2), « frisson d’horreur » (l.7). Celles-ci nous permettent de connaître ce que ressens le personnage. Au fil de l’extrait on relève également de nombreux verbes de perception « il remarqua » (l.6), «  s’aperçut » (l.13), « ne songea point » (l.24), « Fabrice vit » (l.26), « il entendit » (l.30). Ces procédés permettent d’introduire les sentiments du héros à travers le point de vue du narrateur. Chez Céline, le point de vue est interne, c’est Bardamu lui-même qui est le narrateur. On peut relever le pronom personnel de la première personne « je » (l.5) et à plusieurs autre reprises. Bardamu emploi des déterminants possessifs « mes sentiments » (l.17). Enfin, il emploi aussi des verbes de perception « on pouvait voir » (l.1), «  je ne ressentais » (l.15/16). Contrairement à Céline et Stendhal, Victor Hugo se contente de rapporter ce qu’il voit et entend. Il ne connait pas les sentiments des personnages, il décrit simplement cette guerre « formidable » (l.15).
Les romanciers cherchent aussi à transmettre la violence à travers des notations visuelles ou encore auditives. On peut donc en trouver de nombreuses dans chaque extrait. Chez Stendhal, Fabrice voit et entend de multiples notations. Dans un premier temps, il voit que « les habits rouges vivaient encore » (l.8). Plus tard dans son épopée, Fabrice « entend un cri sec » (l.30), c’était en réalité « deux hussards qui tombaient » (l.31). Céline utilise également des notations : « deux points noirs » (l.1). Enfin, Victor Hugo adopte aussi ces notations qui nous renvoient à cette violence. On retrouve des notations auditives comme « on entendait ce piétinement colossal » (l.23) et des notations visuelles « épouvantable pente de boue » (l.21), « à travers un nuage de mitraille » (l.20/21). Toutes ces notations présentes dans les différents textes témoignent de la violence présente pendant la guerre à travers les sensations des personnages.
Les romanciers dénoncent l’absurdité de la guerre et la folie des hommes. Celle-ci est faite par le biais de leur héros. Ceux-ci se comportent différemment selon leur statut sur le champ de bataille et ont des avis différents sur la guerre et l’Homme. Céline, auteure faisant partie du mouvement de l’absurde, s’exprime à travers Bardamu sur sa vision des Hommes. Celui-ci éprouve des sentiments de haine envers ses supérieurs et critique la hiérarchie de la guerre. Il se rend compte que le « colonel » (l.27) est en réalité « un montre » (l.27). Et qu’il y en avait partout « des comme lui dans notre armée » (l.29), de même que « dans l’armée dans face » (l.29). Bardamu dénonce l’absurdité de la guerre mais également la stupidité de ceux qui la font « avec des êtres semblables, cette imbécilité infernale pouvait continuer indéfiniment… pourquoi s’arrêteraient-ils ? Jamais je n’avais senti plus implacable la sentence des hommes et des choses » (l.31/32/33). Cet extrait souligne la dénonciation de l’absurdité de la guerre mais également de la folie des hommes dénoncées par Céline. Fabrice, porte-parole de Stendhal dénonce lui aussi l’absurdité de la guerre et cette folie humaine en utilisant l’ironie. A la ligne 35 « j’ai vu le feu ! se répétait-il avec satisfaction » souligne la folie humaine et son étrangeté. Fabrice est content d’assister à la guerre ce qui est totalement absurde. De Céline à Stendhal, on est passé d’une critique acerbe à l’ironie. Enfin, Victor Hugo ne dénonce en aucun cas l’absurdité de la guerre. Pour lui c’est un évènement grandiose et « formidable » (l.15). Dans l’extrait il nous transmet une conception prodige de la guerre : avec aucun mort, que des victoires, des merveilles, des réussites et des armées en « acier » (l.25) ou encore en « fer » (l.12). Nous sommes donc témoins de trois témoignages différents au cours de ces extraits de romans.

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