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Playdoyer défendant peine de mort comme Voltaire

Dissertation : Playdoyer défendant peine de mort comme Voltaire. Recherche parmi 297 000+ dissertations

Par   •  5 Mai 2019  •  Dissertation  •  2 785 Mots (12 Pages)  •  534 Vues

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CHARLET                                                                                                                                                     10/01/19

Axelle                                                    Ecrit d’invention : Français

1ES1

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« Monsieur le Président, Messieurs les Conseillers, Mesdames et Messieurs les Jurés,

Je vous salue aujourd’hui comme j’ai pu le faire hier où le ferai certainement demain avant de commencer un plaidoyer incertain. Bien que ces affaires, du haut d’un fauteuil imposant, semblent monotones et insignifiantes celle-ci mérite une réelle attention, j’oserai même vous demander, Monsieur le Président, une réelle réflexion. Je viens défendre une jeune infortunée ayant commis une faute, déjà coupable aux yeux de la société. Ce procès semble perdu d’avance, peu de gens ici me diront le contraire. Pourtant, intimement convaincu, je conserve un mince espoir que mes paroles sauront guider votre esprit et même, je dois vous le dire, votre âme.

Ainsi, je vous le demande, savez-vous-même les faits qui se sont déroulés conduisant une jeune femme, apeurée, démunie et tant blessée qu’injuriée devant vous ? L’histoire n’est pourtant pas compliquée. Marie-Rose Leblanc, à peine dix-huit ans, mène une vie que vous Monsieur, n’aimeriez mener, de labeur, de privations, animée seulement par la perspective d’un devoir accompli et le service d’une nation. Une seule faiblesse, peut-être, et elle se retrouve devant vous, un visage souillé de larmes, hébétée. En effet, nous lui reprochons aujourd’hui une brève vision de plaisir qu’elle s’est octroyée auprès du sexe opposé au terme de longues journées. Dans un ultime effort avant de se confronter à une honte démesurément grande, elle donna la vie, lorsqu’elle fut à l’article de la sienne. On retrouva sa progéniture le lendemain, une modeste quoique belle cérémonie lui fût accordée mais sa mère, quant à elle, est agenouillée, implorante, devant vous. Laissez-moi vous poser une question. Est-elle plus coupable de sa propre honte que de sa propre faiblesse ? J’aimerai reformuler mes paroles. Est-elle plus victime de la honte dont elle est emprise, à cause de nous autres, que de sa situation et de son courage qui défient son honneur ? Arrêtons-nous quelques instants, cessons de répéter les mêmes mots, inutiles, qui la condamnent depuis l’ouverture de ce procès. Je suis convaincue que nous serions alors en mesure de déterminer les véritables criminels. Face à nous, cette jeune femme se présente-t-elle comme coupable ? Quels actes a-t-elle véritablement commis ? Celui de vivre une vie de labeur, durement menée et de s’octroyer une pause de plaisir amplement méritée ? Surement ! Suite à une vie pieusement menée et d’un respect de notre Dieu, père de l’Eglise catholique, un péché capital ? Rien n’est moins sûr ! Alors qui devons-nous punir pour cette mort puisqu’un coupable doit être désigné dans cette justice que vous voulez et nous présentez comme juste ? Accomplissons notre devoir, imposons une justice, ne condamnons pas cette pauvre femme.

Reprenons ensemble, si vous le voulez bien. Marie-Rose Leblanc a donné naissance à un enfant. Admettez au moins que jusque-là, on ne peut l’incriminer pour cela. Cette naissance s’est alors faite, en secret, cachée aux yeux de la population comme de la famille. Cette dernière, instance majeure de socialisation et foyer principal d’éducation et de sécurité a failli à sa tache étant donné les faits présentés. En surface, aucun support n’a été fournit à la jeune infortunée, livrée à elle-même, sans la moindre instruction face à un des principaux supplices de la vie. C’est ce que nous savons aujourd’hui sur la manifeste absence de la famille, faute suffisamment grande pour corrompre la fille et l’enlacer de ses problèmes tel un animal, blessé, agonisant, délaissé par les seins. Mais que savons-nous réellement de la vie à la demeure familiale ? Si on imagine aisément les réprimandes, les cris, les insultes et injures on s’autorise bien moins à se représenter les coups, la honte et la véritable violence des scènes familiales dans lesquelles, celle que vous désignez par le terme de meurtrière, a vécu ces dernières semaines. Lorsque la colère est plus forte que la solidarité, l’emportement plus puissant que la bienséance, la honte plus forte que l’amour paternel, enfin, lorsque le reniment est plus violent que le respect, les pulsions dévastatrices entrainent des atrocités et même plus, sentiments et actes incontrôlables. Alors je vous le redemande, Monsieur le Président, d’où est véritablement né le délit ? Le père, bannissant la fille et, sous les sermons et menaces insistantes, incite tant le forfait que la faute. Ainsi, abandonnée à elle-même, quels autres choix ou autres perspectives l’accusée avait-elle, outre l’abandon de son enfant, face à une famille, étroite d’esprit qui n’accepte aucun tort, les diabolisant même ? Accomplissons notre devoir, imposons une justice, ne condamnons pas cette pauvre femme. Si la seconde faute, l’abandon suite à son propre abandon par des gens qui faisaient office de modèles, peut dès lors être pardonnée ou tout du moins punie à une moindre mesure ne négligeons pour autant pas la première, cette vie construite hors mariage.

Le fruit de sa souffrance est l’origine du premier délit mais là encore, est-elle totalement voire même réellement coupable ? Avant que vous ne me coupiez, le choix de défendre et démentir vos chefs d’accusation en débutant par le second ne nait pas d’une logique saugrenue. En effet, le tort de la famille et des proches est considérable mais un autre être, plus diabolique encore, est venu une nouvelle fois ternir le tableau. Ainsi, nous méritons de nous arrêter plus longuement sur ce dernier.

Quand bien même vous effectuez le choix de poursuivre un chemin de chasteté, vous n’ignorez pas que la procréation est une activité qui ne peut être individuelle. Parce que l’homme de cette histoire, oui l’homme Monsieur ! qu’en est-il aujourd’hui ? Certes, on ne peut parler ni de conjoint, ni de mari et il ne s’agit d’une veuve mais si nous jugeons aujourd’hui le décès d’un nourrisson les deux parents devraient être traités en justice. Dès lors, nous venons vous parler ici du séducteur car c’est de son cas dont nous devrions parler. Il est ici question d’un ensorceleur, profitant de fragilités, peut-être même de précarités, pour assouvir ses propres pulsions et désirs sexuels. Une seule brèche dans le droit chemin, une pause dans cette vie, pratiquement de sainte si vous le permettez, et c’est le monde entier de Marie-Rose Leblanc qui s’écroule. Un seul et infime moment de faiblesse a suffi à ce bourreau corrupteur pour perdre la jeune demoiselle. Assaillie de doux mots et de gestes tendres comme jamais auparavant, elle n’avait d’autre possibilité que de faillir. Mais cet affreux, une fois fini, n’a que faire de la pauvre qu’il vient de dénaturer et choisi, témoin, si j’ose dire, de son courage, de fuir et ne laisser aucune trace. Jeune homme inconnu à vos yeux comme à ceux de la Cour ou des miens, il aurait dû, suivant les codes de la morale, car une fois encore c’est de cela dont il est question, se tenir auprès de sa belle, l’épauler dans cette douloureuse épreuve dans laquelle elle aurait pu, sans la détermination dont elle a fait preuve, perdre la vie. Il aurait été de son devoir aussi de protéger sa compagne et de la défendre face à sa famille, aux regards des passants, de la société et de l’Eglise. Ne froncez pas les sourcils face à l’évocation de cette institution dont vous dépendez, même à vos dépens. Il aurait dû, entamer un futur commun avec l’accusée du jour, la marier, témoigner de ses hommages. Il aurait du tout du moins, n’attendons pas autant de lui, faire preuve de respect et d’humilité et sans même lui demander un engagement contraignant, demeurer à ses cotés jusqu’au tarissement de l’affaire. Mais soulignez, Monsieur le Président, que je n’emploi depuis peu que le conditionnel. Ce n’est pas ici un choix de style mais plutôt un moyen expressif de souligner que rien de tout cela n’est arrivé. Vous le savez comme moi à la vue des faits qui vous sont présentés, la jeune est demeurée seule face à elle-même et au fruit de sa propre destruction qui la mènera devant vous. Plus que coupable, elle apparait, et à juste titre, comme parfaitement victime des faits commis. Alors, accomplissons notre devoir, imposons une justice, ne condamnons pas cette pauvre femme.

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