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Mai d'Apollinaire

Commentaire de texte : Mai d'Apollinaire. Recherche parmi 298 000+ dissertations

Par   •  24 Février 2022  •  Commentaire de texte  •  2 085 Mots (9 Pages)  •  282 Vues

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Commentaire de texte

                Le pont entre tradition et modernité est un moment important dans la poésie du début du 20ème siècle. Les poètes se détachent de plus en plus des règles de la versification classique tout en s’inspirant du monde qui les entoure pour évoquer leurs sentiments. Ainsi, Guillaume Apollinaire est l’un des premiers poète à s’inscrire dans cette révolution de la poésie française, notamment avec « Mai », second poème de la section des « Rhénanes » de son recueil Alcools publié en 1913. Mai appartient également à cette catégorie de poèmes relatant des amours malheureuses d’Apollinaire avec Annie Playden. On peut se demander comment l’auteur utilise le paysage et la nature pour communiquer ses sentiments au lecteur. Il s’agit donc de montrer tout d’abord que ce texte fait l’éloge d’une nature magnifique, avant d’analyser qu’il est en réalité question d’une peine de cœur, et d’un constat du temps qui passe.

                Dans un premier temps, on remarque que ce poème pose un cadre idyllique dans un environnement naturel.

        En effet, le lieu où se déroule le poème relève d’une importance primordiale pour la communication des sentiments de l’auteur. L’endroit où se déroule l’action influe sur l’état d’esprit de la personne qui s’y trouve et son choix dans un poème n’est jamais anodin, qui plus est dans un poème de Guillaume Apollinaire. Ainsi le champ lexical du paysage naturel et celui du végétal que l’on retrouve tout au long du texte nous indique qu’il est question d’un milieu rural : « montagne » (vers 2), « saules » (vers 4), « vergers » (vers 5), « cerisiers » (vers 7), « fleuve » (vers 9), « vigne » (vers 12, 15 et 17), « rosiers » (vers 15), etc. Plus précisément il est question d’un fleuve bien particulier avec le nom propre « Rhin » qui apparaît au premier vers du poème et à l’avant-dernier, et qui est sans doute également le fleuve auquel fait allusion le complément circonstanciel de temps « Sur le chemin au bord du fleuve » du vers 9.

        Ensuite il faut évoquer le cadre temporel du poème. L’aspect d’un paysage naturel dépendant en grande partie de la saison dans lequel il évolue, une forêt en hiver par exemple, véhiculera des impressions très différentes et pourra ne pas du tout ressembler à ce à quoi elle avait l’air en été par exemple. Le titre du poème « Mai » évoque donc par métonymie le printemps, une saison souvent associée à l’éveil de la nature, au renouveau, mais aussi à l’espoir de rencontre et à la naissance de l’amour. De plus, ce titre « Mai » est repris en deux anaphores : une au tout premier vers du poème et une au premier de la dernière strophe (vers 14). On le retrouve encore au vers 6 comme complément du nom « cerisiers » et il est l’objet d’une personnification au vers 1 : «le joli mai en barque sur le Rhin » (embarque ?).  La présence de ce mois se fait ainsi ressentir tout au long du texte par la représentation de la nature en effervescence, il est vraiment le mot qui donne sa couleur au poème.

        Cette ambiance douce et merveilleuse est parfaite par la musicalité du poème. C’est à dire qu’Apollinaire sublime par les mots l’ambiance déjà propice à l’amour de ce printemps fleuri. Les deux anaphores de « mai » (vers 1 et 14), l’énumération « un ours, un singe, un chien » du vers 10, les allitérations comme en [f] au vers 5 (« fleuris », « figeaient ») ou les assonances comme en [é] au vers 6 (« Les pétales tombés des cerisiers de mai ») ; tous ces éléments procurent par l’effet de répétition un ton mélodieux, harmonieux, agréable et lyrique au texte qui prend une allure de chanson. On peut également noter un jeu d’homophonie avec l’écho des rimes « Rhin » et « riverains » entre le vers 1 et le vers 4 (riverain = rive-rhin), ce jeu de mot rajoute un aspect doux et naïf au début du poème (peut-être la naïveté de l’auteur au début de son histoire?).

                Dans un second temps, ce poème parle d’une rupture amoureuse.

        La figure féminine, objet du malheur de l’auteur est en effet présente dans ce texte. Apollinaire évoque son ancienne amante Annie Playden sans jamais la nommer directement. D’une manière très générale premièrement, en nous signalant la présence féminine dès le deuxième vers avec le nom « dames » au pluriel, synonyme de « femmes », marquant une certaine forme de respect. Il y associe l’adjectif épithète mélioratif « jolies », précédé de l’adverbe d’intensité « si » ce qui montre son admiration pour elle(s). Puis dans la deuxième strophe, par métaphores filées, le paysage évoque le corps de la femme aimée toujours sans la nommer mais en utilisant cette fois-ci des termes plus péjoratifs : « les ongles » (vers 7) sont associés aux « pétales tombés des cerisiers » (vers 6) et « ses paupières » associés par comparaison aux « pétales flétris » (vers 8).

        L’auteur raconte donc la séparation douloureuse et amère qu’il a vécue avec cette femme tant aimée. On comprend rapidement en lisant le poème que la beauté de la nature est pourtant imprégnée par cet évènement dramatique. Le choc entre l’ambiance douce que le poète avait communiquée au lecteur dans les deux premiers vers et la brutalité de la réelle situation sentimentale arrive dès le vers 3 avec la conjonction de coordination « mais » faisant écho par homophonie au mois de « mai » mais de façon négative (joli mai / jolies mais) : le jeu de mot et de sonorité exprime ici dérision ou amertume. L’échec de l’amour est également exprimé métaphoriquement dans le texte par un champ lexical de l’éloignement avec « s’éloigne » (vers 3), « en arrière » (vers 5), « s’éloignait » (vers 12) et « lointain » (vers 13).

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