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Lecture linéaire Mai Alcools Apollinaire

Fiche de lecture : Lecture linéaire Mai Alcools Apollinaire. Recherche parmi 298 000+ dissertations

Par   •  18 Juin 2022  •  Fiche de lecture  •  2 178 Mots (9 Pages)  •  485 Vues

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1913 : Publication d’Alcools, un recueil poétique novateur qui s’ouvre et se ferme sur deux poèmes « Zone » et « Vendémiaire » célébrant L’Esprit nouveau et une esthétique de la surprise.

Son auteur, Apollinaire, dans un lyrisme singulier, y a exprimé toutes les blessures que lui a infligées la vie, comme ses tentatives pour conjurer ou exorciser ses peines grâce à l’écriture.

Dans ce recueil, figure une section à part, la section « Rhénanes » : neuf poèmes la composent nés d’un séjour que fait Apollinaire en Allemagne et inspirés par un épisode marquant : alors âgé de 21 ans, le jeune poète fait la rencontre en Allemagne d’Annie Playden et en tombe amoureux.

Ainsi, le poème « Mai » raconte une promenade en barque sur le Rhin au printemps et fait référence implicitement, à travers deux thèmes l’amour malheureux et le temps qui passe, au souvenir de la jeune femme aimée.

D’une tonalité élégiaque, empreinte de tristesse et de mélancolie, le texte est composé en apparence de manière assez classique, quatre strophes d’alexandrins aux rimes embrassées alternant rimes féminines et masculines. Cependant, outre l’absence de ponctuation, on remarque aussi la présence d’un quintil surprenant.

Recherchez des lectures enregistrées et proposez une lecture juste d’un texte rédigé en alexandrins sans ponctuation, lente (comme une promenade en barque) et discrètement plaintive ; gagnez 2 points !

Projet de lecture : La répartition des thèmes et leurs entrelacements donnent son mouvement au poème.

- La première strophe évoque une promenade sur le Rhin au printemps ;

- La deuxième, le souvenir douloureux de la femme aimée ;

- La troisième, le spectacle des tziganes en déplacement ;

- Le quatrième, la nature printanière.

Présenté ainsi, le poème paraît éclaté alors qu’en réalité il est d’une grande unité, ce que nous nous attacherons à démontrer.

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« Mai », un titre aux significations multiples.

Comme souvent, Apollinaire choisit un titre aux significations multiples. Le mot « mai » fait référence au mois printanier, celui de la renaissance de la vie par excellence, mais invite à entendre aussi un jeu sur l’homonymie Mai/ Mais (jeu de mots dont l’auteur est friand) annonçant la duplicité d’une saison décevante et trouble.

Strophe 1 : Alors que le poète raconte le souvenir d’une promenade sur le Rhin au mois de mai, Apollinaire reprend ici à son compte un genre poétique du moyen-âge, la reverdie, célébrant le printemps, comme la saison du renouveau et de la rencontre amoureuse. Si le début du texte semble aller dans le sens des représentations les plus courantes du printemps, très vite, le décalage entre le printemps et le thème de l’amour contrarié apparaît.

- Le premier vers est marqué par le charme du printemps. Ainsi, le premier hémistiche du vers « Le mai, le joli mai », rappelle le rythme alerte d’une chanson, et le deuxième, en introduisant le thème de la promenade « en barque sur le Rhin » donne une allure de comptine joyeuse à ce début de poème.

En outre, l’adjectif « joli » oriente vers les poncifs printaniers, fleurs, soleil, vert éclatant, l’amour… de même sa répétition v.3 « jolies », associe « les Dames » au printemps, par le biais de la beauté.

- Mais, dès le vers 3, le décalage entre le printemps et le thème de l’amour contrarié apparaît. [« Nous sommes au mois de mai, mais cette dame ne m’aime pas et tout devient triste à pleurer », peut-on déjà entendre]. La présence du poète devient sensible. Ainsi le premier hémistiche constitue une adresse directe aux dames (« Vous êtes si jolies »), une sorte de confidence, une exclamation exprimant l’admiration. Puis, la conjonction de coordination « mais », accentuée par sa position juste après la césure, fait entendre une exclamation plaintive, et annonce un changement de tonalité vers moins de légèreté. En effet, l’éloignement de la barque « mais la barque s’éloigne », comme la position en hauteur des dames, « du haut de la montagne », introduisent les thèmes de la femme inaccessible et de l’amour malheureux, par la référence implicite à la Loreley.

- Ainsi, le décor rhénan (fleuve, montagne et saules pleureurs), coloré par des sentiments humains, n’est perçu qu’à travers la seule sensibilité du poète. Si à aucun moment le poète ne dit « je », le lexique se fait plus sombre, à travers le mot « pleurer ». Le paysage devient bien le reflet de l’état d’âme du poète mal-aimé, par le recours à la personnification des « saules riverains », capables de « pleurer » de chagrin, sans doute comme le poète.

A la fin de la première strophe, l’unité du poème est déjà perceptible. Poème constitué autour d’un événement unique, une promenade en barque sur le Rhin, les deux thèmes du printemps, et de l’amour y sont déjà associés. Mais chez Apollinaire, le mois de mai n’est plus celui de l’amour trouvé, mais bien celui de l’amour perdu.

Strophe 2 : Le changement de quatrain ne rompt pas l’unité déjà constatée. La progression de la barque est suggérée naturellement par l’absence de ponctuation, et le même recours aux alexandrins aux rimes embrassées tandis que le regard s’immobilise sur un nouvel élément du paysage qui fait basculer davantage le poète dans le souvenir douloureux de la femme aimée.

- L’adverbe « or » (désormais), souligne la progression de la barque et le changement de point de vue. La description des vergers en fleurs qui se développe dans l’ensemble du quatrain ne peut manquer d’être mise en rapport avec les sentiments du poète à l’égard de la femme aimée. En effet, les mots « vergers fleuris », « pétales des cerisiers de mai » et « pétales flétris » constituent bien le champ lexical de la nature printanière à nouveau présent. Mais l’expression « se figeaient en arrière » et, plus généralement, toute l’étrange description du verger ne peuvent se comprendre qu’en tenant compte de l’état d’âme du poète. Ainsi l’image des vergers en fleurs évoque-t-elle le souvenir « figé », toujours douloureux de la femme aimée. La remarque « celle que j’ai tant aimée », constitue d’ailleurs

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